Dans le secret des bus des équipes du Tour

Tour de France

C’est un endroit interdit au public et où les médias ne pénètrent pas. SportBusiness.Club a visité les bus des équipes cyclistes professionnelles. Imposants, ces énormes cars entièrement adhésivés aux couleurs des sponsors de l’équipe ne laissent rien transparaître de ce qui se passe à l’intérieur. «C’est le vaisseau amiral de toute l’équipe, le lien de vie des coureurs, affirme Cédric Vasseur, manager général de Cofidis. C’est aussi une véritable vitrine pour l’équipe et le sponsor.» Un sanctuaire réservé à une poignée de personnes. 

Toutes les équipes cyclistes du Tour de France possèdent un bus équipé et fonctionnel. Les structures World Tour, la plus haute division mondiale, en ont même deux. La vie quotidienne du team est construite autour du véhicule. Élément central de l’équipe, le bus se déplace tel un porte-avions, toujours accompagné de son escorte, les voitures des directeurs sportifs et les camions ateliers (lire ci-dessous). Il transporte les coureurs de l’hôtel au départ et les retrouve à l’arrivée, dans une autre ville, pour les ramener dans un nouvel hôtel.

Le bus de l’équipe est le vestiaire ambulant de l’équipe. Les cyclistes s’y préparent et s’échauffent sous son large auvent qui les met à l’abri de la pluie ou du soleil telle une aile protectrice. Après les kilomètres de bitume, les forçats de la route retrouvent ce cocon chaleureux pour une douche réparatrice. «Les noms de nos 28 coureurs sont inscrits sur la porte centrale et principale et ce n’est pas un hasard car c’est un peu leur maison», explique Cédric Vasseur. Nous avons eu la chance de passer cette porte. 

Deux cabines de douche

Chaque bus possède ses spécificités mais dans l’ensemble la structure reste identique. Dans la partie centrale se trouve un coin cuisine où sont stockés les aliments pour la course. C’est ici que les cyclistes se servent en barres de céréales ou gels énergétiques pour les ravitaillements. Ils y préparent aussi les boissons pour leurs bidons. Un réfrigérateur, toujours rempli, propose des bouteilles d’eau, des jus de fruits et même des sodas. L’incontournable machine à café prône à cet endroit aussi. 

Juste à côté, en allant vers l’arrière, sont installées les douches, deux petites cabines. Elles peuvent être utilisées même lorsque roule le bus. «C’est important quand les hôtels sont loin de la ligne d’arrivée et qu’il y a un peu de route, indique Laurent Biondi, manager sportif d’AG2R La Mondiale. Les coureurs peuvent aussi les utiliser avant le départ pour se rafraîchir lorsqu’il fait très chaud.» Les toilettes se trouvent aussi à cet endroit.

A l’avant se trouvent des sièges confortables avec, ou pas, une banquette. C’est ici que voyagent les coureurs accompagnés des directeurs sportifs. Le bus d’AG2R La Mondiale comporte dix fauteuils où chacun prend ses habitudes. Ainsi, Romain Bardet s’installe toujours au premier rang, face à la route. Cette partie est également utilisée pour le briefing d’avant course. Les sièges pivotent pour se placer devant un écran vidéo. «On y présente la course avec des cartes interactives, confie Cédric Vasseur. On montre les difficultés, les passages à retenir, la météo. On parle tactique, stratégie de course. C’est aussi un moment d’échange.» 

Cette “causerie d’avant-match” dure 15 à 20 minutes et se déroule à l’arrêt quand le bus est stationné en zone départ. Au retour, sur la route de l’hôtel, c’est aussi dans cette partie avant que sont analysées les courses. Dans le cas d’un bon résultat, les blagues fusent entre coureurs. A l’inverse, ce peut être la soupe à la grimace surtout si le directeur sportif pousse un coup de gueule. Dans ce cas, malgré le confort des sièges et une connexion 4G, le voyage apparaîtra toujours beaucoup trop long. 

Désinfection totale

L’arrière du bus est constitué d’une large banquette en “U”. Au centre, une table est généralement installée. «Celle-ci peut aussi servir pour le massage, indique Rodolphe Boulinguez, directeur communication et marketing de l’équipe Groupama-FDJ. Cet endroit peut accueillir des invités VIP ou des réunions.» C’est le cas chez AG2R La Mondiale. «C’est là que les directeurs sportifs font leur débrief et préparent l’étape du lendemain, confirme Laurent Biondi. Nous y avons installé une imprimante.» Et même une plastifieuse pour les documents pouvant prendre l’eau en cas de pluie.

Chez Cofidis, l’arrière est entièrement réservé aux coureurs. L’endroit est équipé comme le vestiaire d’un stade. Les cyclistes ont leur place attitrée où ils retrouvent leurs équipements : casque, gants, chaussures ou même maillot s’ils ne les ont pas enfilé à l’hôtel le matin. «C’est leur espace, leur intimité, on ne les dérange pas ici, prévient Cédric Vasseur. Ils sont isolés du brouhaha.» Dans le bus de Cofidis, une cloison coulissante marque même une séparation physique avec l’avant du véhicule. 

Seuls les coureurs, les directeurs techniques, et, bien-sûr, le chauffeur, sont autorisés à pénétrer dans les bus. «Nous pouvons quand même y recevoir quelques personnes externes, notamment les représentants de nos sponsors, précise Cédric Vasseur. Dans ce cas, ils bénéficient de la meilleure place : le siège tout devant, à côté du pilote.». Chez Groupama-FDJ, pour ne pas frustrer le public, le bus dispose d’un écran vidéo géant installé sur son flanc. Les supporters de Thibaut Pinot peuvent y voir les images de la course. L’équipe française ne mégote pas sur la santé de ses coureurs. La veille du départ du Tour, à Bruxelles, le bus a subi une désinfection totale de plusieurs heures. Même les microbes sont interdits à bord. 

© SportBusiness.Club. Juillet 2019

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Quid d’une équipe sur le Tour de France

Deux voitures, pas une de plus. Sur le Tour de France, chaque équipe dispose de deux véhicules en course, celles équipées d’un bandeau jaune de l’organisation, capables d’évoluer à tous les niveaux et autorisées à doubler le peloton, notamment pour se positionner derrière des échappées. Généralement, ce sont les directeurs sportifs qui prennent le volant de ces voitures. A côté d’eux s’installe un autre membre de l’équipe ou un invité, souvent le représentant du sponsor. Sur le siège arrière, prend place un mécanicien prêt à bondir hors de la voiture en cas d’incident, une paire de roues toujours à portée de main afin de parer d’éventuelles crevaisons. Sur le toit, des vélos de rechanges sont installés sur la galerie.

Deux ou trois autres véhicules sont accrédités, mais pas au niveau “échelon course”. Avec un bandeau bleu ils peuvent circuler en amont de la course et se positionnent dans les zones de ravitaillement afin de donner aux coureurs les musettes, ces petits sacs en toile où se trouvent un peu de nourriture qu’ils attrapent à la volée. Selon les étapes, d’autres personnes peuvent se trouver sur le parcours pour passer des bidons ou porter une paire de roues s’il y a un risque de crevaison. Le manager général de l’équipe dispose aussi de sa voiture. Placé bien en avant de la course, il peut donner des indications aux directeurs sportifs sur l’état de la route ou la direction du vent. Enfin, un dernier véhicule est utilisé pour transporter des invités

Outre le bus, une équipe cycliste professionnelle possède aussi un camion atelier où sont entreposés les vélos des coureurs. Chaque athlète a trois vélos de route plus un spécifique pour le contre-la-montre. Ces camions possèdent un atelier mécanique et le nécessaire pour nettoyer le matériel, notamment une soufflerie haute-pression. Ils emportent aussi un lave-linge et un sèche-linge pour laver les maillots des coureurs et les vêtements des membres de l’équipe. Un food-truck ou camion cuisine, avec son cuistot, complète le dispositif (lire ici). Certaines équipes possèdent même leur camion salle-à-manger. Sur le Tour de France, un team est composé d’une trentaine de personnes, les huit coureurs compris.


Le Team Cofidis en chiffres

  • 9 kg de poudre pour les « boissons de récupération » (composées de protéines et glucides)
  • 10 kg de poudre pour les « boissons d’effort (composées de glucide, sel minéraux, vitamine)
  • 10 pots de miel
  • 30 pots de confiture
  • 168 baguettes de pain
  • 1 000 barres énergétiques
  • 1 000 gels (composés de glucides)
  • 1 000 feuilles d’aluminium
  • 3 000 bidons de 55 cl d’eau utilisés
  • Par jour, pour toute l’équipe :
    • 3 glacières électriques utilisées
    • 8 baguettes de pain consommées
    • 30 kg de glace utilisés
    • 40 fruits consommés par jour
    • 80 litres d’eau utilisés par jour pour les bidons
  • Par jour, par coureur :
    • 2 litres d’eau (quantité bue après l’étape par chaque coureur)
    • 3 500 kg/calories dépensés en moyenne par un coureur durant une étape

Source : Communiqué Team Cofidis