Le basket en lumière dans les salles obscures

Cinéma

Champions (Campeones) un film de Javier Fesser (2018)

Le basket-ball est à l’honneur au cinéma avec deux films qui sortent en salle mercredi 6 juin. Champions et La Légende s’appuient sur la discipline pour raconter des histoires très différentes : une comédie sur l’inclusion sociale, d’une part, la volonté d’un sportif pour atteindre le très haut niveau, d’autre part. De quoi compléter l’agenda des basketteurs-cinéphiles dont les finales NBA sont également retransmises dans quelques salles.


Des Champions intouchables

Entraîneur-adjoint de l’équipe d’Espagne de basket-ball, Marco a très mauvais caractère, et cela lui pose des problèmes. Au point qu’après une série de déconvenues, dont il est le seul responsable, il doit laisser son poste. Il se retrouve à coacher une équipe de déficients mentaux préparant une compétition de sport adapté.

En Espagne, le film, dont le titre original est Campeones, est devenu un phénomène. La comédie tournée durant l’été 2017 entre Madrid et l’Andalousie est le plus gros succès espagnol depuis le début de l’année. Le thème du handicap mental est un sujet difficile et sensible à traiter au cinéma. Champions monte le contraire avec une comédie bon enfant où, une fois de plus, le sport démontre toute sa force d’inclusion sociale.

Champions, un film de Javier Fesser (Espagne 2018). Avec Javier Gutiérrez. Tous les joueurs de l’équipe de basket sont interprétés par des acteurs handicapés.

Trois questions à Javier Fesser, réalisateur de Champions*

En 2000, lors des Jeux paralympiques de Sydney, l’équipe de basket espagnole de sport adapté a été condamnée pour avoir fait jouer des faux déficients intellectuels. Connaissiez-vous cette histoire ?

Javier Fesser : «Bien sûr. C’est d’ailleurs sûrement une des raisons qui m’a poussé à tourner ce film. Cette histoire m’a beaucoup marqué et j’y ai tout de suite pensé quand j’ai reçu le scénario de Champions. Cela a renforcé ma décision de ne faire le film que s’il était authentique, donc tourné intégralement avec des acteurs réellement handicapés, et non avec des acteurs qui jouent le handicap».

D’autres auraient fui l’humour, à l’inverse vous avez décidé de l’exploiter. Vous a-t-il fallu être précautionneux ?

J.F. : «J’étais sidéré par chaque prise, tellement en admiration devant ces personnes, capables de provoquer tant d’émotions, de projeter autant de sincérité et d’être si authentiques. Nous aimerions tous être ainsi, mais je ne sais ce qui fait que l’on s’obstine à dissimuler qui nous sommes profondément. Cette tendresse à leur égard m’a épargné toute maladresse».

Comment vous y êtes-vous pris pour tourner les scènes de match ?

J.F. : «J’avais beaucoup réfléchi et préparé ces scènes. Mais je n’aurais jamais cru que ces scènes me poseraient autant de problèmes au tournage et au montage. Une fois finies, la magie du cinéma opère, et tout semble réel».

*Extraits du dossier de presse de Champions


Prêt à tout pour devenir une légende

A 25 ans, Jean-Christophe Markovic est au sommet de sa carrière de basketteur professionnel. Alors qu’il est courtisé par les plus prestigieux clubs européens, le joueur fait un choix étonnant : retourner dans son club formateur fraîchement promu au plus haut niveau… Son ambition est d’intégrer l’équipe de France.

Ancien joueur de basket-ball, Florian Hessique, scénariste et réalisateur du film, endosse aussi le rôle du personnage principal, une star sportive aussi mystérieuse que taciturne et dont le rêve de sommet est de porter le maillot des Bleus. «L’idée était de montrer ce qu’un sportif de haut niveau, aussi brillant et talentueux soit-il, peut être capable de faire pour atteindre ses objectifs», explique l’auteur.

Et pour rejoindre l’équipe de France, le joueur est en effet prêt à tous les sacrifices, même au pire : le recours au dopage. Le film a été tourné à Angers, dont est originaire Florian Hessique. «Il fallait absolument que ce film se tourne en province car il y a un réel engouement derrière les équipes locales, ce qui n’est pas le cas à Paris», assure le réalisateur.

La légende, un film de Florian Hessique (France 2017). Avec Florian Hessique, Patrick Préjean, Géraldine Lapalus, Olivier Pages, Frédéric Radepont..

Trois questions à Florian Hessique, réalisateur de La Légende*

D’où est venue l’idée de filmer La Légende, récit immersif dans l’univers du basket ?

Florian Hessique : «J’ai commencé ce sport à l’âge de 6 ans dans un petit club local, c’est tout de suite devenu une passion. J’ai suivi un cursus classique en intégrant une classe « section basket », jusqu’à atteindre le niveau national. La genèse de ce film s’est donc construite autour d’une expérience de vie personnelle et de mon rapport à cette discipline. Le basket, c’est plus de 600 000 licenciés en France, et pourtant ce sport reste encore très/trop confidentiel, surtout à l’écran. J’avais envie de mettre en avant cette discipline, mais aussi de faire passer un message plus profond en abordant, à travers cette fiction, toute la dureté de cet univers. A ma connaissance, il n’y avait encore jamais eu de film Français sur les coulisses du basket. Un vaste domaine inexploré s’ouvrait à moi. »

Pourquoi n’avez-vous pas opté pour un récit autobiographique ?

F.H. : «Le film flirte avec le biopic, mais il s’agit d’une pure fiction même si lorsqu’on écrit même si on laisse toujours un peu de soi. Beaucoup de ce qu’il se passe est tiré de faits similaires à la réalité. Mon expérience personnelle m’a permis de vivre ou d’être le témoin privilégié de scènes semblables à certaines des situations de ce film. Elle m’a aussi permis de rencontrer des joueurs avec des parcours et des univers très différents. L’histoire de Markovic est très proche d’une certaine réalité, que je n’ai pas cherché à adoucir.»

En évoquant le dopage, notamment ?

F.H. : «Par exemple. Il est évident que comme dans tout sport professionnel ou de haut niveau il peut parfois, à plus ou moins grande échelle, y avoir des dérives. Le basket de déroge pas à la règle et c’est un sport beaucoup moins contrôlé que le Vélo par exemple. Attention, ce n’est pas une généralité, loin de là. Mais lorsque les ambitions personnelles et/ou collectives sont importantes, il est possible de voir certains joueurs tenter de camoufler une blessure, ou du moins la rendre physiquement moins présente afin de pouvoir tenir sa place. Pour autant, la fin justifie-t-elle toujours les moyens… ?»

*Extraits du dossier de presse de La Légende