Olympicorama, un nouveau stade de l’humour

Quel est le rapport entre la quasi-disparition des castors en France et la pratique du saut en hauteur ? Si vous ne le savez pas, Frédéric Ferrer vous l’explique dans Olympicorama, une série de conférences-théâtre autour de disciplines sportives. Sur la scène du Théâtre de la Grande Halle de la Villette, à Paris, le comédien décrypte avec beaucoup d’humour un sport aidé d’une présentation Powerpoint. Il raconte son histoire, ses origines, en explique la technique avec détails et anecdotes loufoques. Au détour de ses digressions il emporte les spectateurs dans des débats absurdes mais souvent cohérents.

«La conférence décalée est une forme que je pratique depuis quelques temps, indique Frédéric Ferrer. Quelque soit le sujet, j’utilise un matériau documentaire réel, je l’agence ensuite de manière à produire des raisonnements décalés selon les informations que j’ai recueillies.» Acteur de formation et féru de géographie, Frédéric Ferrer avoue ne pas avoir une passion particulière pour le sport. C’est la perspective des Jeux de Paris 2024 et le fait que La Villette soit site olympique qui lui a donné l’idée de cette série de spectacles thématiques, originaux et comiques. Le prochain, lundi 4 novembre, sera consacré au 100 mètres. A surtout ne pas rater il n’en prépare que 4 ou 5 par an.

Une puce plus forte que Sottomayor

«J’aime bien regarder le sport, mais sans plus, affirme le comédien. J’aime surtout l’idée de m’attaquer à des sujets qui ne sont pas les miens.» Si durant les spectacles la part d’improvisation est importante, en revanche toutes les informations et histoires narrées sont bien réelles. Frédéric Ferrer a plongé dans les livres, visité le Musée olympique à Lausanne et s’est même rendu sur le site d’Olympie en Grèce. «Ce voyage me paraissait important, car c’est là-bas que tout a commencé, affirme-t-il. J’effectue un gros travail d’investigation et je me déplace sur les compétitions. J’ai pris mon pied quand je suis allé voir des championnats de France d’athlétisme en juillet dernier à Saint-Etienne.» L’acteur s’inspire aussi des conseils de sportifs et entraîneurs de haut niveau, comme Christine Arron, pour le 100 mètres.

L’humour arrive souvent quand on ne l’attend pas. Au terme d’une réflexion un peu tordue. «Un humain peut franchir une barre à 2,45 mètres, il s’agit du Cubain Javier Sottomayor, rappelle Frédéric Ferrer sur scène quand il s’est intéressé au saut en hauteur. Ce n’est que 1,25 fois sa taille. La puce, elle, saute 250 fois sa taille. Pour la battre, Sottomayor devrait sauter une barre à 487,5 mètres de hauteur ! Heureusement que les non-humains ne participent pas aux Jeux olympiques.» Imparable. «J’arrive avec un œil neuf et je pose des questions candides,» répond l’acteur.

Au-delà de faire rire, Olympicorama réussi le pari de réunir culture et sport. «Certains veulent les séparer et ce n’est pas bien, réagit Frédéric Ferrer. Justement, la folie de l’artiste peut rejoindre celle de l’athlète de haut niveau , car ce sont tous les deux des obsessionnels. Et puis, on touche à la poésie quand on cherche à atteindre et dépasser ses limites. Enfin, pour comprendre un monde, il faut sortir de ses territoires. Tant mieux si je peux ouvrir une porte au monde du sport.» C’est en tout cas une passerelle bienveillante que Frédéric Ferrer construit entre ces deux univers, lui, l’intellectuel qui écrit ses spectacles en courant. Le seul bémol est la rareté de ses apparitions : des “one-shots”, indique-t-il. Dommage, d’autres tours de piste seraient appréciés.

© SportBusiness.Club Novembre 2019

Olympicorama, de et avec Frédéric Ferrer au Théâtre de la Grande Halle de la Villette, Paris 19e. Production : Compagnie Vertical Détour. Co-production : La Villette, Paris. Lundi 4 novembre à 20h00 : le 100 mètres. Avec Christine Arron, championne du monde du relais 4×100 m (2003), détentrice du record d’Europe du 100 mètres en 10 secondes 73, et Pierre-Jean Vazel, entraîneur de Christine Arron et actuel entraineur à l’Athlétisme Metz Métropole.


Les disciplines sportives retenues.

  • 2019 : le disque, le saut en hauteur (30 septembre), le 100 mètres (4 novembre).
  • 2020 : le handball (16 mars), la natation (25 mai), le fleuret et le sabre (escrime), le marathon.
  • 2021 : le ping-pong, le 50 kilomètres marche, le hockey-sur-gazon, le cheval d’arçon et la poutre (gymnastique).
  • 2022 : le plongeon synchronisé haut vol de 10 mètres, l’haltérophilie, le keirin et la poursuite par équipe (cyclisme sur piste), le pistolet tir rapide à 25 mètres et la carabine.
  • 2023 : le quatre de couple sans bareur (aviron) ou le canoë-slalom bi-place, le super mi-moyen et la mi-mouche (boxe), le laser et la plache à voile, le sol (gymnastique).
  • 2024 : le pentathlon ou le décathlon, le dressage en équipe, la lutte libre, le breakdance ou l’escalade.