Alpes 2030: Martin Fourcade renonce à la présidence

Qui incarnera les Jeux d’hiver des Alpes 2030 ? Pressenti pour ce rôle, Martin Fourcade ne sera pas le Tony Estanguet de cette nouvelle aventure olympique française. Annoncé pour prendre la tête du Comité d’organisation (Cojo), le quintuple champion olympique de biathlon a annoncé qu’il renonçait à cette mission pour “ne pas sacrifier ses convictions”, après plusieurs mois de tensions. Dans un courrier adressé aux parties concernées, dont l’AFP a eu copie lundi 3 février 2025, il explique sa décision.

Membre de la commission des athlètes du Comité international olympique (CIO), Martin Fourcade pointe des divergences profondes sur la gouvernance, la vision et l’ancrage territorial du projet. “Mon ambition pour ces Jeux est claire : ils doivent être en phase avec leur époque, pleinement conscients des enjeux écologiques et ancrés dans la réalité économique de notre pays,” écrit-il. Engagé sur les questions environnementales, l’ancien biathlète estime que les Jeux doivent être pilotés depuis un territoire de montagne afin de mieux appréhender les défis spécifiques de l’événement. “Cette vision n’est pas partagée par tous les acteurs du dossier et je le regrette,” poursuit-il.

Un Cojo toujours en attente de son président

Ce renoncement marque l’épilogue de plusieurs mois de tensions. Martin Fourcade bénéficiait du soutien du mouvement sportif et de l’Élysée. L’un des points de crispation concernait le siège du Cojo, dont l’implantation au Groupama Stadium, à l’ouest de Lyon, semblait actée. « J’ai proposé Grenoble, Chambéry, Aix-les-Bains, Albertville… des villes proches des sites, c’est un projet de montagne,» a confié le champion à L’Équipe. Un autre sujet de discorde aurait concerné ses contrats personnels avec des sponsors, incompatibles avec la présidence du Cojo.

Il semblait que ces dernières semaines, l’ancien Premier Ministre Michel Barnier, délégué par le CIO comme émissaire pour la constitution du Cojo, avait trouvé des compromis. Ce n’est visiblement aps le cas sur tous les points. « Martin Fourcade aurait fait un excellent président,» a regretté la ministre des Sports, Marie Barsacq. En revanche, le renoncement du biathlète apparait “paradoxalement” comme “un bol d’oxygène”, selon le président de la Région Paca Renaud Muselier. Celui-ci estime que l’ancien champion est “un solitaire” et “ne peut pas travailler en collectif”.

Le mouvement sportif français va devoir trouver un autre patron pour les Jeux de 2030. Il y a quelques jours la tenue de l’assemblée constitutive du Comité d’organisation a été annoncée au 18 février prochain. Ce sera sans doute à Lyon, au Groupama Stadium. Il reste une quinzaine de jours pour trouver la perle rare qui convienne aussi bien à l’Elysée qu’au deux régions concernées. Un vrai slalom diplomatique. (avec AFP) (Article mis à jour)

Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Février 2025