Edito. Le feuilleton à suspense qui a tenu en haleine beaucoup de Parisiens et de commentateurs sur les réseaux sociaux doit prendre fin ce mercredi 17 juillet 2024. Dès potron-minet, Anne Hidalgo, la Maire de Paris, se baignera dans la Seine ! L’édile parisien sera accompagnée par Tony Estanguet, le président de Paris 2024, et de Marc Guillaume, le préfet de la région Ile-de-France. L’événement est prévu en plein centre de la capitale, au niveau du Pont Marie qui relie l’Ile Saint-Louis au Quai des Célestins. La presse, limitée à un représentant par média, est convoquée à 8h30. Plusieurs nageurs licenciés nageront avec le trio.
Cette opération de communication plusieurs fois reportée, est destinée à démontrer que le fleuve parisien est redevenu baignable, notamment grâce à de très importants investissements structurels dont le coût s’élève à 1,4 milliard d’euros. Un immense bassin de rétention d’eau de pluie a ainsi été creusé et enfoui au niveau de la gare Austerlitz, pratiquement à l’entrée de la Seine à Paris. Le critère de “baignabilité” est indispensable afin que les compétitions de triathlon et de nage en eau libre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 se déroulent correctement. Des tests sanitaires sont réalisés quotidiennement afin d’estimé le niveau
L’aspect médiatique surdimensionné de cette “baignade officielle”, raillée et moquée, devrait toutefois nous interpeler : nous sommes tous responsables d’avoir, au fil des années et décennies, laisser la pollution industrielle et domestique envahir nos fleuves et rivières. Nos aînés, jusque dans les années 1960, se baignaient encore dans la Seine. L’augmentation du trafic fluvial proportionnel à celui de l’activité économique et des années de laisser-aller et de négligence ont condamné cette activité ludique et gratuite.
Vive les Jeux !
Critiquables pour son gigantisme et son volet marketing hypertrophié, les Jeux olympiques ont aussi, quand même, quelques vertus. Celui, notamment d’accélérer des dossiers parfois enterrés. Paris 2024 et ses problèmes de baignabilité dans la Seine pour les épreuves de natation ont permis de découvrir que beaucoup de péniches d’habitation accostées aux quais et des milliers de foyers parisiens n’étaient pas reliés au réseau domestique des égouts, déversant ainsi quotidiennement des millions de litres de pipi directement dans le fleuve. Incroyable au XIXe siècle ! Le problème serait désormais réglé. A priori.
Cet été, les fâcheux aboieront, forcément. Même quand les athlètes tricolores illumineront les parquets. D’ailleurs, ces et inévitables grincheux ont commencé leur tâche depuis longtemps. Cela n’empêchera pas la fête, à l’image du succès populaire rencontré par le relais de la flamme depuis mai dernier. Oui, les jeux auront un coût et une facture, mais l’événement va aussi permettre de faire avancer des dossiers et laissera un héritage dans la vie quotidienne de la population. Et si en plus il apporte un peu de cohésion sociale en France, et bien.. vive les Jeux. Et vive la baignade dans la Seine.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Juillet 2024