Réélu vendredi pour un deuxième mandat à la présidence de la Ligue nationale de cyclisme (LNC), Xavier Jan a lancé un appel à une réforme globale du modèle économique de son sport. Face à la montée en puissance d’équipes financées par des États du Golfe, comme UAE Team Emirates de Tadej Pogacar, il alerte sur les risques pour l’équité et l’attractivité du cyclisme professionnel.
« Le modèle économique du cyclisme doit être revu, a affirmé Xavier Jan à l’AFP. L’équité sportive au niveau financier devient de plus en plus compliquée pour nos équipes de premier plan. » Selon lui, l’absence de régulation financière renforce le déséquilibre entre des formations modestes et des équipes soutenues par des “pétrodollars”.
Dépendance accrue aux sponsors
Contrairement à d’autres disciplines, les équipes cyclistes ne peuvent compter ni sur des droits TV conséquents ni sur des recettes de billetterie. « Le cyclisme repose presque exclusivement sur les sponsors,» souligne Xavier Jan. Ces partenariats, souvent fragiles et soumis à des enjeux fiscaux différents selon les pays, accentuent la précarité des structures.
« Que se passera-t-il si ces pays décident un jour de retirer leurs investissements ?,» s’interroge le patron de la LNC, évoquant les formations UAE Team Emirates ou Bahrain Victorious. « On voit aujourd’hui des budgets qui explosent, mais avec un retour sur image incertain, poursuit-il. Cette instabilité peut avoir des conséquences désastreuses pour le sport. »
Préserver les racines européennes
Xavier Jan alerte également sur le danger d’un déplacement du centre de gravité du cyclisme hors d’Europe, berceau historique de la discipline. « Pendant la pandémie de Covid, c’est en Europe que le cyclisme a continué à vivre, grâce à ses pratiquants et à son public. Il ne faut pas sacrifier cet ancrage pour de l’argent venu d’ailleurs,» avertit l’ancien coureur professionnel.
Pour Xavier Jan, la solution pourrait venir d’une régulation inspirée d’autres sports : plafonnement des salaires, limitation des budgets ou redistribution des revenus. « Tous les sports majeurs ayant fait face à ces problématiques ont dû se réformer pour rester attractifs,» conclut-il. (Avec AFP)
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