David Lappartient: “Je suis toujours dans la course”

La campagne pour la présidence du Comité International Olympique (CIO) entre dans sa dernière ligne droite. Le scrutin se tiendra le jeudi 20 mars 2025, lors de la 144ᵉ session du CIO en Grèce. Parmi les sept candidats en lice, David Lappartient, président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et de l’Union Cycliste Internationale (UCI), se distingue comme un outsider déterminé.

Face à lui, trois favoris se détachent : Juan Antonio Samaranch Jr. (Espagne), Sebastian Coe (Grande-Bretagne) et Kirsty Coventry (Zimbabwe). Malgré cela, Le Français, élu Président du département du Morbihan, reste confiant. « Je pense être le candidat ayant la plus grande capacité à agréger des voix, » affirme-t-il la veille du vote.

L’élection pour la présidence du CIO a lieu demain, jeudi 20 mars. Quel sentiment vous anime aujourd’hui ?

David Lappartient : « Le sentiment d’être toujours dans la course. Il faut donc continuer à convaincre tout le monde. Mais il faut aussi avoir l’humilité de reconnaître qu’il y a de bons candidats et que rien n’est acquis. C’est un moment historique : nous allons élire le 10ᵉ président du CIO en un peu plus de 130 ans. Cela ne se produit pas tous les jours. Naturellement, c’est un moment clé pour la vie de l’institution. J’ai rencontré de nombreux collègues, expliqué mon projet, ce que je souhaite accomplir et qui je suis. Je pense bénéficier de soutiens. Maintenant, seront-ils suffisants pour être élu ? Aujourd’hui, cette élection est plus ouverte que jamais. Personne ne peut prédire le résultat final, surtout avec un système électoral où le rapport de forces sera déterminant. »

Comment pensez-vous convaincre les indécis ?

D.L. : « En les écoutant et en comprenant les raisons de leur indécision. J’ai l’habitude de me présenter devant des électeurs et, assez souvent, le vote n’est pas toujours rationnel. Heureusement, d’ailleurs. Il faut montrer que l’on a les capacités pour remplir cette mission. Il y a sans doute aussi l’influence de certains collègues qui discutent entre eux lorsqu’ils ne savent pas trop. Il est donc essentiel d’avoir des relais parmi eux. On ne peut pas être seul. J’ai des soutiens… mais je ne vous donnerai pas de noms. Je sais que certains collègues sont derrière moi. Mais cela suffira-t-il ? Je l’ignore. Cette élection est très ouverte et je pense faire partie de ceux qui peuvent l’emporter. Aujourd’hui, personne ne peut dire avec certitude qui gagnera. Attendons le verdict de demain. »

Pourquoi, selon vous, êtes-vous le candidat idéal ?

D.L. : « À mes yeux, plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, je suis président d’une fédération internationale, qui fonctionne finalement comme un petit CIO. Les enjeux sont identiques : calendrier, politique… Dans une fédération internationale, nous parlons de sport au quotidien, nous sommes au cœur du sujet. C’est un atout indéniable. Ensuite, je suis également président d’un Comité National Olympique, ce qui n’est pas le cas de plusieurs de mes collègues. Or, presque tous les présidents du CIO étaient auparavant présidents d’un comité national olympique. Je suis le seul à posséder ces deux piliers. Par ailleurs, je pense être dans la tranche d’âge idéale : ni trop jeune pour manquer d’expérience politique et sportive, ni trop âgé pour être déconnecté des enjeux actuels. Enfin, il y a la question du leadership, car de nombreux défis devront être relevés. »

Vous n’êtes pas olympien : est-ce un handicap ?

D.L. : « Être champion olympique est un avantage. Mais, en réalité, personne ne coche toutes les cases, à l’exception de Sebastian Coe. »

Une campagne électorale comme celle-ci est-elle différente d’une campagne politique dans le Morbihan ?

D.L. : « C’est très différent. L’élection municipale est grand public. Ici, ce n’est pas du tout la même chose, car il faut convaincre les électeurs un par un. Il faut les rencontrer, discuter avec eux, prendre du temps. Cela ressemble davantage à une élection sénatoriale. D’ici demain [jeudi], je vais continuer à échanger avec mes collègues, à déjeuner ou dîner avec eux. Je ne vais pas voir ceux qui me soutiennent déjà, mais plutôt ceux qui hésitent encore, pour comprendre leurs interrogations, que ce soit à mon sujet ou sur l’élection elle-même. J’ai encore demain matin pour cela. Il faut aller jusqu’au bout. Il faut être perçu comme un candidat qui peut émerger, sinon on risque de s’affaiblir. »

Comment vous situez-vous par rapport aux trois favoris ?

D.L. : « Je pense être le candidat ayant la plus grande capacité à agréger des voix. Mais pour cela, il faut d’abord rester dans la course. Mon double enjeu est donc de rassembler des soutiens tout en me maintenant dans la compétition. Plus il y aura de tours, mieux ce sera pour moi. J’estime qu’il y en aura plusieurs car je ne crois pas qu’un candidat soit suffisamment fort pour s’imposer rapidement. »

Propos recueillis par Bruno Fraioli, envoyé spécial à Costa Navarino (Grèce)
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