
Interview. « Beaucoup plus d’emmerdes ! » Denis Naegelen ne mâche pas ses mots. Avec humour, le fondateur des Internationaux de Strasbourg résume les effets du passage de son tournoi en catégorie WTA 500 depuis l’an passé. L’ancien joueur de tennis, qui a lancé l’événement il y a 37 ans sur ses terres alsaciennes, se montre pourtant satisfait de cette première édition sous son nouveau statut.
L’édition 2025, qui se tiendra du 17 au 24 mai, marquera l’arrivée d’un nouveau partenaire majeur : BNP Paribas. La banque devient sponsor principal du tournoi. Une bonne nouvelle pour l’organisateur dans un contexte économique qu’il juge tendu.
Quels changements avez-vous observez depuis votre passage en WTA 500 ?
Denis Naegelen : « Cette nouvelle étape nous amène une meilleure qualité de joueuses. Nous distribuons un prize-money quatre fois plus important qu’avant. Cela nous apporte une plus grande couverture médiatique. En 2024 le tournoi a été diffusé dans 170 pays avec une hausse des audiences. C’est un événement mondial qui se passe en région. »
Ce sont aussi des contraintes plus importantes…
D.N. : « Et cela a aussi apporté beaucoup plus d’emmerdes en effet ! Ça a été un véritable défi. Personne ne nous a obligé à passer en WTA 500, mais avec ce nouveau statut nous devions réaliser 100% de croissance économique en un an. C’était quasi impossible : nous n’avons pas réussi. Mais nous avons tout de même fait 85% de croissance. C’est une performance exceptionnelle. Nous perdons un peu d’argent pour l’instant. En discutant avec les autres WTA 500 j’ai compris qu’il nous fallait trois ans pour commencer à être profitable. Dans trois ans nous serons très fort. »
Le tournoi a-t-il gagné en attractivité ?
D.N. : « Globalement oui. On devient le troisième événement de tennis en France après Roland-Garros et le Rolex Paris Masters. Les annonceurs et le public le savent. Nous avons fait 10 000 spectateurs de plus en 2024 par rapport à 2023. »
Etes-vous davantage sollicité par les marques ?
D.N. : « Non mais ce n’est pas lié au tournoi. Nous sommes face à la pire année du marketing sportif selon moi. Fort de mon expérience, je relativise. Tous les prospects évoquent une conjoncture délicate entre la dissolution de l’Assemblée nationale et le chaos international. Le secteur du sport est un des plus touché par cette conjoncture. J’espère que tout cela va se stabiliser en 2026. »
Quels sont les enjeux économiques de cette édition 2025 ?
D.N. : « L’enjeu prioritaire est de remplir les tribunes pour les premiers tours. Economiquement c’est vital. Le plateau sportif garanti par le statut de WTA 500 offre de beaux matchs. Cela nous permet d’attirer des spectateurs. En 2025, nous allons avoir 20 des 35 meilleures joueuses du circuit. C’est tout de même assez prometteur. »
La croissance du tournoi va-t-elle remettre en cause vos engagements environnementaux ?
D.N. : « Nous n’avons jamais pensé à changer de cap sur ces sujets. Bien sûr que l’on va continuer. Quand j’ai mis l’écologie et la défense des droits des femmes au cœur du tournoi à ses débuts, tout le monde me prenait pour un fou. Malheureusement, le dérèglement climatique et la libération de la parole des femmes, notamment à travers le mouvement #Metoo, prouvent que pour une fois je ne m’étais pas trompé. Notre positionnement, précurseur, est devenu un atout marketing. Ce n’était pas mon objectif à la base. Mais maintenant je suis fier de revendiquer que les “IS” sont l’événement de tennis le plus green au monde. Autant s’en servir auprès des annonceurs et des entreprises. Je veux continuer à donner l’exemple. »
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Avril 2025