Des gangs sud-américains organisés ont sévi durant les Jeux

Des équipes de malfaiteurs sud-américains, particulièrement entraînées et organisées, ont sévi durant les Jeux olympiques de Paris, ciblant en priorité les touristes, ont relevé les autorités dans une note confidentielle. Dans ce document, il est ainsi mis en exergue, selon une source proche du dossier, une proportion importante d’interpellations de ressortissants sud-américains venus notamment du Chili, d’Equateur, du Pérou et de Colombie parmi l’ensemble des mis en cause dans des vols durant l’événement qui s’est tenu du 28 juillet au 11 août 2024.

Organisés en bandes de trois à cinq individus, avec des membres interchangeables, hommes ou femmes âgés de 30 à 50 ans, spécialistes du vol à la tire, ils ont particulièrement visé les touristes étrangers, principalement dans les transports en commun ou les hôtels. Ces « associations » sont décrites dans la note, selon la même source, comme « très mobiles et liées à des organisations criminelles internationales » et spécialisées dans la « délinquance d’appropriation » (vols à la tire, par effraction, par ruse…). Les modes opératoires des malfaiteurs y sont détaillés.

Certains des mis en cause sont soupçonnés d’être liés à des gangs au Chili associés à l’organisation criminelle « Lanzas internacionales ». Le rayon d’action de ces équipes s’étend sur plusieurs Etats en Europe, au Moyen-Orient ou au Canada, précise encore cette source qui les qualifie de « touristes du crime ». Les membres de ces structures, qui conçoivent le vol comme une « véritable profession », se transmettent entre eux une « culture de la pratique du vol commis à l’étranger », et détiennent souvent des permis de séjour espagnols, un pays qu’ils utilisent comme porte d’entrée et comme base arrière.

Fausses accréditations

Compte tenu de leur itinérance, ces équipes font l’objet d’un suivi particulier des organisations de police comme Europol et Interpol. En guise d’illustration, durant les Jeux olympiques, une dizaine de faits ont pu être imputés à une équipe sud-américaine, dont le vol d’une caméra d’une valeur de 15 000 euros servant à la diffusion d’images des épreuves de plongeon qui se sont déroulées au Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis.

L’enquête sur cette équipe a permis l’interpellation de trois hommes et une femme, tous de nationalité colombienne, début août dans une location saisonnière en Seine Saint-Denis. Les enquêteurs y ont découvert des ordinateurs portables, bijoux, montres de luxe, du numéraire mais aussi des vêtements estampillés « Paris 2024 » utilisés par les malfaiteurs et l’accréditation volée à un athlète américain.

Ces quatre personnes ont été condamnées mi-août à deux ans d’emprisonnement ferme avec maintien en détention par le tribunal correctionnel de Bobigny, ainsi qu’à une interdiction de paraître en France pendant dix ans à l’issue de leur peine.

Déjà à la Ligue des Champions

D’autres équipes de Sud-Américains, selon la note, étaient même munies de fausses accréditations et de faux bracelets pour accéder aux sites des JO et au village olympique ainsi que de faux papiers (identité, carte de presse, etc.). Quelques-uns de ces accès étaient destinés à être revendus, selon les enquêteurs. Certaines oeuvraient dans les transports en commun ou les hôtels (dans les halls ou aux abords), avec toujours pour cibles les touristes étrangers. Dans ces différentes affaires, des Equatoriens, Chiliens, Argentins et Cubains ont été interpellés.

Ce n’est pas la première fois que des filières de voleurs issus d’Amérique latine s’illustrent sur des événements sportifs en France. Certains des Colombiens condamnés en août dernier étaient notamment venus à Paris pour la finale de la Ligue des Champions en mai 2022, tristement célèbre par ses manquements sécuritaires et la multiplication des vols de touristes.

En juillet 2022, trois Péruviens avaient été condamnés à Bobigny de six à neuf mois d’emprisonnement avec sursis pour le recel de téléphones volés à des supporters. Après la finale de la Ligue des champions, 80 plaintes avaient été recueillies par les autorités. La présence de ces équipes cet été en France pour les Jeux avait été, selon la source proche du dossier, anticipée par la police qui est en liaison étroite avec les autorités des pays des ressortissants concernés. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Septembre 2024