Justice. La FĂ©dĂ©ration Française de Rugby a assignĂ© en liquidation judiciaire son ancien Ă©quipementier Le Coq sportif, lui rĂ©clamant 5,3 millions d’euros d’impayĂ©s, a dĂ©clarĂ© mercredi 18 septembre 2024 Ă l’AFP le prĂ©sident de la FFR, Florian Grill. La marque française, en difficultĂ© financière, Ă©tait l’Ă©quipementier de la FFR depuis 2018, et vient d’ĂŞtre remplacĂ©e par Adidas. Le Coq sportif Ă©quipait Ă©galement la dĂ©lĂ©gation française cet Ă©tĂ© aux Jeux de Paris.
« Ils nous doivent 5,3 millions d’euros au titre de contrat de sponsoring, de royalties non rĂ©glĂ©es, d’intĂ©rĂŞts de retard, a expliquĂ© Florian Grill. Les reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© sont convoquĂ©s le 27 septembre devant le Tribunal de Commerce de Paris. ContactĂ© par l’AFP, Le Coq sportif n’avait pas rĂ©agi dans l’immĂ©diat.
« On a fait plusieurs plans d’apurement de la dette du Coq sportif, a ajoutĂ© le patron de la FFR. Aucun de ces plans n’a Ă©tĂ© respectĂ© et on arrive Ă un moment oĂą on les assigne en liquidation judiciaire. S’ils veulent sortir de la liquidation judiciaire, qu’ils nous règlent. Quand on est arrivĂ©s Ă la fĂ©dĂ©ration (en juin 2023, NDLR), on Ă©tait dĂ©jĂ Ă plus de 4,6 millions d’impayĂ©s ».
Une perte de 28 M€
Comptant parmi les fournisseurs de la FFR depuis les annĂ©es 1930, Le Coq sportif a notamment ornĂ© le maillot du XV de France de 1977 Ă 1986, avec deux Grand chelems Ă la clĂ© (1977, 1981). A ensuite dĂ©butĂ© une longue pĂ©riode de disette pour la marque française, qui a failli disparaĂ®tre dans les annĂ©es 1990 avant d’ĂŞtre rachetĂ©e en 2005 par la holding suisse Airesis.
EcartĂ© au profit de l’allemand Adidas (1986-1998), puis Nike (1999-2011) et de nouveau Adidas (2012-2018), Le Coq sportif est redevenu Ă©quipementier de la FFR en 2018, sous la prĂ©sidence du prĂ©dĂ©cesseur de Florian Grill, Bernard Laporte.
Sur l’exercice 2023, le chiffre d’affaires de la marque française a fondu de 20 millions d’euros Ă 121,442 millions d’euros, associĂ© Ă une perte de plus de 28,25 millions d’euros que la maison-mère, Airesis, a imputĂ© Ă un repositionnement dans le secteur des chaussures. Airesis a affichĂ© pour sa part une perte de 36 millions de francs suisses (37 millions d’euros) en 2023.
« On a eu beaucoup de peine avec la chaussure les trois dernières annĂ©es, ce qui a engendrĂ© des difficultĂ©s, des rĂ©sultats un peu nĂ©gatifs,» a reconnu sur BFM Business Marc-Henri Beausire, le PDG du Coq sportif. En mai dernier, la firme de Romilly-sur-Seine (Aube) a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un prĂŞt de 2,9 millions d’euros du ComitĂ© d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 pour “l’approvisionnement des Ă©quipements sportifs” pour la compĂ©tition, avait indiquĂ© sa maison-mère dans un rapport financier rĂ©vĂ©lĂ© par le quotidien L’Equipe.
La crainte de voir disparaître la marque
« Aujourd’hui, toutes ces catĂ©gories fonctionnent extrĂŞmement bien,» a ajoutĂ© le dirigeant suisse, expliquant sur BFM Business avoir une croissance sur le textile de 20 Ă 30% depuis les Jeux. « Qu’on attend mĂŞme plus forte en 2025 ».
« Ils peuvent avoir vendu pas mal de choses, qu’ils reviennent vers nous,» assène de son cĂ´tĂ© le prĂ©sident de la FFR, candidat Ă sa rĂ©Ă©lection lors du prochain scrutin pour la prĂ©sidence de la FĂ©dĂ©ration le 19 octobre prochain, face Ă l’ancien international Didier Codorniou. Dans une lettre au prĂ©sident de la FFR et Ă la totalitĂ© des membres du comitĂ© directeur de la FĂ©dĂ©ration, 16 membres de ce comitĂ©, opposĂ©s Ă Florian Grill, ont critiquĂ© le choix d’assigner Le Coq sportif en justice.
Les signataires dénoncent notamment un “risque aussi infime soit-il de précipiter des centaines de familles de salariés dans la précarité en liquidant une société française exemplaire à bien des égards comme Le Coq sportif”, qualifiant LCS de “joyau de notre patrimoine industriel”. « On fait ça pour préserver les emplois de la FFR et les clubs aussi,» a répondu Florian Grill, défendant un acte de “saine gestion” dans une situation financière difficile pour la fédération. (Avec AFP)
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