De la Source au surf

Cinéma

Inspiré d’une histoire vraie, le film La Source, réalisé par Rodolphe Lauga, met le surf à l’honneur et l’abnégation du sportif. Samir a grandi dans la banlieue d’une grande ville de province. A la mort prématurée de son père, son destin professionnel paraît tout tracé : reprendre l’entreprise familiale de plomberie. Lui, pourtant, se rêve un autre destin, celui de surfeur professionnel. Samir devra franchir des obstacles que d’autres qualifieraient d’infranchissables.

«Je suis un vrai parisien, un urbain irrécupérable, j’aime sentir le bitume sous mes pieds et respirer l’air vicié des villes, indique Sneazy qui incarne Samir Benhima dans La Source. L’eau, l’air pur et l’océan n’ont jamais été mon truc, et, bien évidemment, le surf, encore moins. Pour préparer le tournage, je suis parti m’initier avec Rodolphe [Lauga] deux jours dans le Sud Ouest. En tout, j’ai dû prendre trois heures de cours. Comme j’ai réussi à monter sur ma planche à la troisième vague, j’ai pensé que cela ne serait pas si difficile, sans réaliser que ce jour là, le temps était particulièrement clément et la mer, très calme.»

Les choses se sont corsées les jours suivants, quand la mer s’est levée. L’acteur avoue même avoir eu peur quelques fois du côté de Saint-Girons Plage, dans les Landes, et surtout à Tahiti où plusieurs scènes ont été tournées. «La mer y est non seulement très agitée, mais infestée de requins, précise Sneazy. Un jour, une vague m’a envoyé valdinguer au fond, sur du corail. Je me suis entaillé le pied… et les requins aiment le sang.» Heureusement, le staff de l’équipe de tournage a rapidement sorti l’acteur de l’eau. Les squales n’ont plus qu’à se payer une place au cinéma pour goûter le film.

La Source, durée 1h45. Sortie mercredi 24 juillet 2019.

© SportBusiness.Club. Juillet 2019


Trois questions à Rodolphe Lauga, réalisateur de La Source*

D’où est parti ce projet ?

Rodolphe Lauga : «Il y a sept ans, je suis contacté par une jeune femme qui travaille dans une maison de production. Elle a reçu, me dit-elle, un mail qui peut intéresser à la fois le jeune réalisateur, cadreur, le scénariste et le surfeur que je suis. Son signataire, Karim Braire, raconte, en trente lignes, comment en cinq ans, le jeune mec désœuvré d’une cité d’Orléans qu’il était, est parvenu à devenir surfeur et vit aujourd’hui de sa passion. Je suis immédiatement intéressé : j’y vois matière à un scénario costaud et singulier. Dans notre monde d’instantanéité, qui veut un résultat immédiat, qui fait qu’on choisit de préférence des gens déjà coiffés parce que ça va plus vite, on ne voit pas tous les jours un type qui se fait tout seul, sans tricher, en prenant le temps de monter les échelons. Celui-là m’apparaît d’autant plus intéressant qu’il vient d’un milieu où personne, ou presque, ne sait ce qu’est le surf. Je rencontre Karim et je décide d’écrire

Que Karim soit surfeur, c’était quand même du pain béni pour le réalisateur que vous êtes, non ? L’eau, la mer, le vent, le soleil, la glisse…

R.L. : «Evidemment, comme je vous l’ai dit, j’ai réalisé assez vite que les images allaient s’en trouver plus « sexy » (rire). Mais si Karim avait été nageur, coureur-cycliste ou boxeur, j’aurais tourné quand même. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer, à travers son histoire, que le sport peut devenir un facteur d’émancipation sociale, même, et surtout peut-être, dans les disciplines les plus ingrates. A cause de l’abnégation, de la répétition, de l’humilité et de la combativité qu’elles nécessitent. Ces disciplines exigent une grande force de caractère. Chez Karim, cette force est si phénoménale qu’en plus, il se permet de casser les codes de son milieu. Quoi, surfeur ! Dans une cité où on ne jure que par le foot, où parfois, on n’a même jamais vu la mer ! Cela équivaut à un crime de lèse-majesté ! Karim s’en est foutu. Il a voulu faire son truc à lui et il s’est barré, sans se retourner. C’est cela qui m’a touché et que j’ai voulu raconter. A aucun moment, je n’ai voulu me servir de son histoire pour faire un film exaltant la beauté et les vertus du surf.»

Quelles sont les scènes qui vous ont donné le plus de mal ?

R.L. : «Les scènes de surf dans les gros rouleaux. J’avais une équipe extraordinaire, bien entraînée, réduite au minimum, mais on en a quand même bien bavé. On a pris des bouillons mémorables !»

(*) extraits du dossier de presse de La Source / Apollo Films Distribution