Tonya Harding, itinéraire d’une enfant pas gâtée.

Dans les salles mercredi 21 février, Moi, Tonya raconte l’histoire de l’une des patineuses qui a marqué son sport : Tony Harding. Mais c’est plus la trajectoire de vie de la jeune championne américaine, interprétée par Margot Robbie, que son palmarès que le grand public a retenu. La patineuse a connu les sommets avec un titre des Etats-Unis et une troisième place aux championnats du monde de 1991. Tonya Harding aussi été la première femme à réussir un triple axel en compétition.

L’Américaine a aussi connu la déchéance, suite à son implication présumée dans l’agression de sa principale rivale, Nancy Kerrigan : elle a d’ailleurs été inculpée par la justice dans cette affaire, avec son son mari. Dans ce film, le réalisateur Craig Gillespie relate la tragédie de la vie de cette jeune femme, élevée par une mère sadique, frappée un mari violent mais qui avait un don pour le patinage et la glace qu’elle a apprivoisé dès l’âge de 4 ans.

Quatre mois d’entrainement pour l’actrice principale

Pour les besoins du film, Craig Gillespie a rencontré la “vraie” Tonya Harding : «Avec Margot, on a eu l’occasion de la rencontrer. Elle était très confiante et sincère. C’était extrêmement précieux de pouvoir rencontrer la personne qui se cache derrière ce patronyme très célèbre – et de voir à quel point elle a tourné la page et surmonté ces événements terribles». L’actrice Margot Robbie s’est entraînée durant quatre mois sous les conseils d’une chorégraphe pour évoluer au mieux sur la glace, mais ce sont des doublures qui ont réalisé les figures les plus compliquées, avec l’aide, parfois, des effets spéciaux (lire plus bas).

Le film a été tourné à Atlanta, alors que l’action se déroule à Portland. Craig Gillespie a reproduit les concours olympiques des Jeux d’Albertiville en 1992, où Tony Harding avait pris la 4e place, et de Lillehammer en 1994, les derniers de la patineuse : elle se classera 8e. Sa rivale Nancy Kerrigan prenait alors la médaille d’argent. «Mais regardez la tête qu’elle fait sur le podium, commente alors Tonya Harding dans le film. Elle termine deuxième, et on dirait qu’elle a marché dans la merde…». Le film est aussi marqué par une bande-son publiée par Milan Music qui reprend certains standards rock des années 90 et des musiques sur les-quelles se produisait Tonya Harding lors des compétitions.

Moi, Tonya (I, Tonya), 2h00, sortie le 21 février 2018.

© SportBusiness.Club. Février 2018.

Mise à jour. Allison Janney, qui incarne la mère de Tonya Harding, a reçu l’Oscar du meilleur second rôle dimanche 4 mars 2018.


Un triple axel réussi… sur ordinateur.

Le 16 février 1991, lors des championnats américain, Tonya Harding est la première patineuse à réussir un triple axel. Trois tours et demi en l’air, avant de retomber sur les patins : un exploit aujourd’hui encore très difficile à reproduire pour les athlètes. Faute de trouver une patineuse capable de réitérer ce saut devant la caméra, c’est l’ordinateur qui s’est chargé de faire réussir, virtuellement, cette figure à l’actrice, Margot Robbie. Comme l’explique Science & Vie, son visage, ses sauts, ainsi que ceux de deux autres patineuses professionnelles, ont été modélisés. Les effets spéciaux ont fait le reste pour créer la magie sur la pellicule. A l’époque, Tonya Harding avait reçu la note ultime de 6 sur 6 de la part d’un juge.


La petite phrase

Tonya Harding, à l’issue des Jeux d’Albertville en 1992 où elle termine au pied du podium : «Quand on termine quatrième des Jeux olympiques on ne décroche pas de contrats publicitaires !»


3 questions à Craig Gillespie, réalisateur*

Qu’est-ce que vous saviez sur Tonya Harding avant de vous atteler à ce projet, et après l’avoir porté à l’écran ?

Craig Gillespie : «Je connaissais très bien cette affaire. Je travaillais dans la publicité à l’époque et j’avais d’ailleurs tourné une pub pour la soupe Campbell’s avec Nancy Kerrigan trois mois avant le déclenchement de l’affaire ! Et pourtant, je n’en connaissais pas tous les détails. Je m’étais dit que Tonya et Jeff Gillooly devaient être mouillés. Découvrir le milieu dont Tonya était issue et sa détermination absolue à participer à deux Olympiades malgré le chaos qu’elle traversait à l’époque m’a fait voir son parcours d’un œil radicalement neuf».

Avez-vous rencontré Tonya Harding ?

C.G.: «Avec Margot, on a eu l’occasion de la rencontrer. Elle était très confiante et sincère. C’était extrêmement précieux de pouvoir rencontrer la personne qui se cache derrière ce patronyme très célèbre – et de voir à quel point elle a tourné la page et surmonté ces événements terribles».

Comment avez-vous abordé les scènes de patinage dans le film ? A-t-il été difficile de dénicher quelqu’un capable de reproduire les figures de Tonya Harding ?

C.G.: «Très en amont du projet, j’ai rencontré notre chorégraphe patinage, Sarah Kawahara, pour évoquer ce que Margot serait capable de faire par elle-même et les figures pour lesquelles on aurait besoin de doublures. Margot s’est entraînée pendant quatre mois et s’en est remarquablement sortie, même si, bien entendu, il nous a fallu des doublures pour les scènes des Jeux Olympiques. Sarah nous a immédiatement expliqué qu’on ne trouverait personne capable d’accomplir le triple axel : il n’y avait que six femmes qui avaient réussi cet exploit dans toute l’histoire du patinage. À l’heure actuelle, il y a deux patineuses qui participeront l’an prochain aux JO et qui ne peuvent pas prendre le risque de se blesser. J’ai été stupéfait en apprenant à quel point c’était difficile, que Tonya y était parvenue il y a 25 ans et que si peu de patineuses avaient renouvelé l’exploit depuis. On a fini par recourir aux effets visuels !»

*Extraits du dossier de presse «Moi, Tonya».


L’affaire, une source d’inspiration

L’affaire Harding/Kerringan a inspiré les auteurs. Un film TV, “Tonya and Nancy: The Inside Story” produit en 1994, revenait sur ce fait divers très populaire aux Etats-Unis. Deux comédies musicales “Tonya and Nancy: The Rock Opera” et “Tonya Harding : The Musical” ont été écrits autour du même sujet, ainsi qu’une pièce de théâtre sobrement baptisée “T“. Plusieurs chansons font également référence à cet épisode extra-sportif de patinage artistique. De son côté, Nancy Kerrigan a joué son propre rôle dans une scène du film Blades of Glory sorti en 2007, retraçant la rivalité de deux patineurs stars lors des Jeux de Salt Lake City en 2002.