Jeux olympiques. Après l’athlétisme, des primes aussi pour la boxe

Prize Money. Controversées, les primes promises par World Athletics aux médaillés d’or des Jeux olympiques de Paris 2024 ont trouvé une surenchère inattendue, celle de la fédération internationale de boxe IBA. Celle-ci, pourtant bannie du monde olympique, compte récompenser ses athlètes lors des jeux, jusqu’aux quarts de finaliste. Présidée par le Russe Umar Kremlev et financée notamment par le géant gazier Gazprom, l’IBA va plus loin que les montants promis par la fédération d’athlétisme : 50 000 dollars à chaque futur champion olympique.

Dans un communiqué publié mercredi 30 mai 2024, l’IBA compte primer chaque médaillé, son entraîneur et sa fédération, ainsi que les perdants des quarts de finale. Dans le détail, l’instance sportive compte respectivement doter chaque médaille d’or, d’argent et de bronze de 100 000, 50 000 dollars et 25 000 dollars (respectivement 92 000, 46 000 et 23 000 euros). Dans les trois cas, le boxeur percevra la moitié de cette somme et l’entraîneur et la fédération nationale se partageront à égalité l’autre moitié. World Athletics ne récompensait que les athlètes.

« Par ailleurs, les athlètes défaits en quarts de finale et qui ont fini cinquièmes toucheront chacun 10 000 dollars, ce qui porte l’enveloppe globale à 3,1 millions de dollars (2,86 millions d’euros) distribués à plus de 100 boxeurs,» ajoute Umar Kremlev. « Nous donnons un exemple clair de la manière dont les fédérations internationales devraient traiter leurs champions, ajoute le britannique Chris Roberts directeur général de l’IBA. Il s’agit d’un véritable soutien assorti d’actions concrètes, ce qui est devenu rare dans l’environnement sportif international »

Des primes désavouées par le CIO

Les primes de World Athletics, annoncées et décidées sans consulter les autres fédérations internationales, avaient été très fraîchement accueillies par le monde olympique. Les ressources des instances sont très hétérogènes et sont plutôt censées financer avant tout le développement de la discipline. Dans une interview à l’AFP en mai dernier, Thomas Bach, le président du Comité International Olympique (CIO) Thomas Bach avait désavoué la démarche. Il avait rappelé la mission de “solidarité” des fédérations internationales, qui “doivent traiter toutes leurs fédérations membres et leurs athlètes sur une base égale”.

Mercredi dernier, le CIO a sèchement “pris note” de cette nouvelle initiative. “Comme toujours avec l’IBA, la provenance de l’argent reste obscure. Cette totale absence de transparence financière était précisément l’une des raisons” du retrait de sa reconnaissance olympique, rappelle l’organisation dans un communiqué. Car avec cette enveloppe plus importante encore que celle de World Athletics [2,4 millions de dollars], l’IBA tente du même coup de relancer la bataille pour le contrôle du tournoi olympique de boxe, elle qui a été privée de l’organisation de celui des Jeux de Tokyo 2020 comme de celui de Paris, et fait figure de paria du monde olympique.

Des boxeurs menacés d’exclusion

Ainsi, “une cérémonie spéciale de remise des prix en l’honneur des médaillés olympiques de Paris sera annoncée prochainement”, annonce l’IBA, puisqu’elle ne sera même pas représentée pendant les prochains Jeux. Le CIO avait suspendu dès juin 2019 la reconnaissance olympique de l’IBA et lui avait coupé ses subsides, notamment en raison de scandales d’arbitrage à répétition, d’une dette abyssale et d’un ex-dirigeant considéré par les Etats-Unis comme “l’un des leaders du crime organisé ouzbek”.

Après quatre ans de bras de fer et des réformes de gouvernance jugées insuffisantes, l’instance olympique a “retiré” cette reconnaissance en juin 2023, laissant en suspens l’avenir olympique de la boxe à compter des Jeux de 2028 de Los Angeles. La toute jeune fédération World Boxing, lancée sur initiative américaine, peine toujours à séduire massivement les fédérations nationales. La promesse de primes de l’IBA ne va rien arranger. Elle a entamé en mai 2024 des discussions avec le CIO pour espérer reprendre, à terme, le rôle de l’IBA.

Jusqu’alors observateur de ce duel entre les instances, le CIO a durci le ton et juge désormais “clair que tout boxeur dont la fédération nationale adhère à l’IBA ne pourra pas participer aux Jeux de 2028. Une menace particulièrement dissuasive. “Les comités nationaux olympiques” concernés devront par ailleurs “exclure une telle fédération nationale de leurs membres”, décrète l’instance sportive mondiale. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Juin 2024