La Fédération Française d’Escrime aspire à un retour au calme 🔓

Secouée avant les Jeux olympiques par les départs et tensions au plus haut niveau, la Fédération Française d’Escrime organise mercredi 9 octobre 2024 l’élection par vote électronique de son nouveau président dans l’espoir de retrouver la sérénité. « L’état de la fédération » ne permettait pas « d’attendre plus longtemps » une élection qui rendra son verdict vendredi, avait lancé lors d’une conférence de presse en septembre l’ancien champion du monde par équipes à l’épée Remy Delhomme, 56 ans, l’un des deux candidats, opposé au président du club de Strasbourg (SUC) Timothé Boudhil, 31 ans.

« On a connu beaucoup de tumultes sur différents sujets, que ce soit sur le sportif, le non sportif » à cause « d’une non-organisation des missions et de réponse à la question “qui fait quoi ?”,» a expliqué à l’AFP Timothé Boudhil, également ancien directeur adjoint d’une école de commerce et qui défend une vision plus entrepreneuriale dans son programme.

La dernière olympiade a été mouvementée pour un sport qui cet été a tout de même récolté sept médailles à Paris lors des Jeux olympiques, record d’Atlanta de 1996 égalé. Il y a un an, la Fédération a ainsi été marquée par la démission de son président Bruno Gares. Élu à la rentrée 2020, ce dernier a, par ailleurs, fait l’objet d’un signalement au procureur de la République pour soupçon de malversation.

Brice Guyard engagé

Plus généralement, au sujet de la gouvernance « beaucoup de reproches ont été faits sur une organisation qui a dérivé, avec un manque d’exemplarité à la tête de la Fédération,» estime Rémy Delhomme. Le candidat à la présidence est entouré dans sa liste de plusieurs noms connus de la discipline comme l’ancienne sabreuse Anne-Lise Touya, le champion olympique Brice Guyart et la vice-championne olympique à Paris Auriane Mallo-breton. Lui considère qu’il faudra « avoir des niveaux d’alerte suffisants, des contre-pouvoirs suffisants,» pour éviter à nouveau « une dérive collective ». Il évoque aussi un « manque d’écoute à tous les niveaux » des autres acteurs à l’image des ligues régionales.

Alors que Timothé Boudhil prône également une « gouvernance saine et sereine», la sérénité n’a pas non plus été au rendez-vous du côté des différentes équipes de France avec plusieurs départs. Vincent Anstett, démis de ses fonctions en mai 2023, puis Alain Coicaud, démissionnaire à deux mois des Jeux, ont quitté le sabre masculin, tandis que Lionel Plumenail, patron du fleuret femmes, est parti après les Mondiaux de Milan à l’été 2023.

Enfin, Hugues Obry avait lui démissionné fin février de la tête de l’équipe masculine d’épée, à la suite de mois de relations dégradées avec les tireurs Romain Cannone, Yannick Borel et Alexandre Bardenet après un débrief houleux des derniers Mondiaux. Les trois tireurs avaient d’ailleurs choisi de quitter la structure fédérale de l’INSEP pour s’entraîner de leur côté. Un choix également fait par les sabreurs Maxime Pianfetti et Sébastien Patrice, qui avaient eux rejoint Vincent Anstett à son départ.

Un audit financier

Concernant ce modèle d’entraînement, Timothé Boudhil, qui loue le “cadre incroyable” de l’INSEP estime qu’il n’y a pas obligation à s’y entraîner, « l’idée est que chaque athlète puisse choisir son projet d’entraînement et en être responsable,» une idée partagée par son adversaire qui ajoute qu’il faut davantage de “communication” entre tous les parties « si un tireur décide d’aller s’entraîner ailleurs » et des « moments en commun à l’INSEP ou en stages ».

Outre le haut niveau, les deux hommes devront également gérer d’autres problématiques comme l’accueil de nouveaux licenciés, attendue après les Jeux de Paris, tout en mettant en avant un manque d’enseignants et de salles. Enfin la question budgétaire reste aussi en suspens. Rémy Delhomme comme Timothée Boudhil prônent dans un premier temps la nécessité d’un “audit financier” afin de faire le point, dénonçant un déficit en 2022 et 2023.

Par ailleurs, « les Jeux de Paris terminés, il y a des inquiétudes sur le soutien à venir de notre sport,» notamment de la part de l’État, concède Rémy Delhomme. « On est en attente totale du futur du modèle sportif français », appuie Timothé Boudhil, alors que le budget des sports post-J.O. est attendu à la baisse. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Octobre 2024