La Fourmi la joue collectif

Le football et le recrutement de jeunes espoirs par les grands clubs européens sont au cœur de La Fourmi, le nouveau film de Julien Rappeneau, en salle mercredi 4 septembre. Le jeune Théo, surnommé Fourmi, est sur le point d’être recruter par le centre de formation d’Arsenal. Sa sélection sera toutefois écartée en raison de sa petite taille. L’adolescent va mentir à son père, alcoolique, afin de ne pas le décevoir et lui redonner espoir dans la vie. Le film met en scène François Damiens, dans le rôle du père, Maleaume Paquin, pour Théo, ainsi qu’André Dussollier et Ludivine Sagnier.

L’histoire est inspirée de la bande dessinée “Dream Team” des espagnols Mario Torrecillas et Artur Laperla. Elle a été transposée de Valence en Espagne au Nord de la France. «Il fallait Imaginer un nouveau contexte social, un nouvel environnement, redessiner le passé des personnages, leurs trajectoires», explique Julien Rappeneau*. Le film débute par une scène ou le père (François Damiens) déboule ivre et incontrôlable sur un terrain de football interrompant le match de son fils.

Le football c’est la mythologie moderne

La Fourmi n’est pas un film sur le sport, mais qui utilise le football pour raconter l’histoire. Laurent [le père] rêve que son fils devienne champion de foot. «Peut-être parce qu’il a lui-même caressé cette ambition à une époque ou tout simplement car le football fait partie de la mythologie moderne, affirme le réalisateur. C’est l’une des thématiques importantes de cette histoire : qu’est-ce qu’un enfant fait de l’ambition de ses parents ? C’est à la fois dopant et difficile à porter pour un enfant

La production avoue avoir eu des difficultés pour trouver l’acteur incarnant Théo : «Il fallait trouver une perle rare, un garçon de douze ans, de petite taille, qui soit bon en comédie et qui sache jouer au foot, ou a minima que cela soit crédible physiquement, indique Julien Rappeneau. Avec la directrice de casting, Adelaïde Mauvernay, nous avons rencontré cent cinquante enfants environ. Elle a écumé les clubs de football, a fait du casting sauvage

© SportBusiness.Club. Août 2019


Trois questions au réalisateur, Julien Rappeneau*

Parlons un peu football, même si ce n’est pas le sujet du film à proprement parler. Vous aimez ce sport ?

Julien Rappeneau : «Je ne suis pas un supporter ou un spécialiste, loin de là. Comme beaucoup, je suis les grandes compétitions internationales. Mon objectif n’était pas de faire un film de sport. En revanche, je trouve que c’est une toile de fond intéressante. D’abord pour ce que le football représente dans notre société comme machine à rêver. Dans l’imaginaire de beaucoup, ce n’est pas qu’un sport mais aussi un vecteur d’ascension sociale. Le spectacle, la gloire, l’international, l’argent, font rêver des gamins et leurs parents. Alors que la réalité est évidemment plus complexe. Si les footballeurs sont repérés très jeunes un peu partout par les recruteurs des grands clubs, il y a très peu d’élus. Entrer en centre de formation ne garantit pas du tout de devenir footballeur professionnel. Seule une minorité y parviendra. L’autre aspect du football qui m’intéressait, c’était de pouvoir montrer ce sport comme un élément important du lien social. Le club local amateur fait partie de la vie des petites villes de province ou des quartiers. Le football fait le lien entre les gamins, entre les parents, il soude la communauté. C’est un espace de convivialité, d’échanges, de transmission de valeurs, la plupart du temps tenu par des gens bénévoles et passionnés. Comme c’est un univers que je ne connaissais pas très bien, avant de me lancer dans l’écriture du scénario, je me suis documenté. J’ai interrogé des recruteurs et des entraîneurs de clubs d’enfants. Tout comme dans le roman graphique, j’ai choisi de conserver le club anglais d’Arsenal comme étant celui susceptible de recruter Théo. C’est un club mythique, réputé pour sa culture du beau jeu. Son nom fait rêver et il servait l’histoire

Comment avez-vous travaillé pour le tournage des scènes de foot ?

J.R. : «Maleaume s’est entraîné avant le tournage avec un coach, Julien Derobe, qui est également venu nous accompagner pour les scènes de match. Nous avions sélectionné les autres joueurs parmi les enfants des clubs de foot de la région où nous tournions

L’entraîneur de l’équipe des Intrépides est interprété par André Dussollier, un rôle dans lequel on ne l’attendait pas vraiment !

J.R. : «Je savais qu’il aimait beaucoup le football et ça m’a amusé de le plonger dans cet univers où on ne l’attend pas. Je crois que ça l’a amusé aussi ! Il s’est tout de suite mis dans le rôle, il discutait avec le coach, voulait précisément connaître les expressions à utiliser. Sur le plateau, avec les enfants de l’équipe, il s’est un peu comporté comme leur entraîneur. Il leur trouvait des ressemblances avec des joueurs connus et les surnommait ainsi. Entre deux scènes, il partait même jouer au foot avec eux, il continuait à les entraîner… C’était drôle.»

(*) Extraits du dossier de presse réalisé par Mars Films