Le breaking reste serein pour l’après Paris 2024 🔓

Considéré comme sport additionnel aux Jeux olympiques de Paris, le breaking n’a pas été retenu pour l’édition suivante, à Los Angeles en 2028. Mais à trois mois d’une échéance unique dans l’histoire de la discipline, la communauté du break est plus optimiste que jamais pour son avenir. « Quoi qu’il arrive, on sera toujours là !,» résume fièrement le DJ Kody Dbkey qui parcourt le monde depuis dix ans pour ambiancer les battles de haut-niveau grâce à ses platines et ses créations musicales à base de soul, funk, jazz, rap ou encore d’électro.

Au Fise (Festival international des sports extrêmes) de Montpellier (Hérault), entre les rampes de BMX et les parcs de skate, le breaking a animé une grande scène centrale avec des affrontements entre les meilleurs B-boys et B-girls du monde durant les quatre jours de l’événement qui a rassemblé 300 000 spectateurs. Le public, plutôt jeune et très nombreux, y a applaudi à tout rompre les passages acrobatiques des favoris Dany Dann, premier Français qualifié de l’histoire des JO, et de Carlota Dudek, qui rêve de l’accompagner chez les femmes.

“Tout a changé”

« Il y a de la musique, de la danse, des cris, mais l’énergie d’une battle est très différente de celle d’une soirée, décrit Kody, originaire de La Réunion. On parle d’un esprit du cercle où tout est possible. Notre énergie se forme dans cette liberté ». Le breaking, cet art de la danse issu de la culture hip-hop né dans les quartiers défavorisés de New-York dans les années 1970, a longtemps été structuré autour d’associations et d’événements privés plus ou moins confidentielles.

Mais la popularité grandissante des cultures urbaines et l’envie d’attirer un public plus jeune a motivé le Comité International Olympique (CIO) à l’intégrer aux Jeux en 2024, entraînant la création d’un circuit structuré autour de fédérations. « Cela a tout changé : on a eu plus de compétitions, des sponsors,» explique le Belge Dimitrios Grigoriu, alias Mighty Jimm. Peu après l’annonce du breaking aux Jeux, il a abandonné ses petits boulots pour se consacrer pleinement à sa passion. « L’équipe nationale m’a appelé pour préparer les Jeux, il y avait un salaire, ce qui n’existait pas avant pour nous, poursuit le B-boy. Mais je ne suis pas inquiet pour la suite. Le break existait avant les Jeux et il existera après ».

La France, elle, a ouvert un pôle haut niveau à l’Insep en septembre 2022 dans l’espoir d’aller chercher des médailles à Paris et créé peu après un diplôme d’entraîneur fédéral pour préparer les futures générations. Malgré l’engouement de la communauté et la multiplication des événements, le breaking a été écarté en novembre 2023 par le comité d’organisation de Los Angeles 2028 au profit du baseball/softball, du cricket, du squash, du flag football et de la crosse.

“Retour aux racines”

“Une triste nouvelle” pour le président de la fédération française de danse Charles Ferreira, qui assure toutefois que la discipline “continuera à se développer” après cet été. « Il y a de plus en plus d’événements, assure l’ancien entraîneur de l’équipe de France Omar Remichi, désormais directeur artistique du Fise. « La fin de l’aventure JO va nous donner l’occasion de réfléchir à la forme à donner aux prochains rassemblements, » estime-t-il.

Pour les membres de la communauté, ce “départ” des Jeux permettra également un “retour aux racines” du break, qui relève autant de la culture, de l’art et de la danse, que de la compétition pure et dure. La plupart des événements étaient auparavant tournés en priorité vers des représentations entre “crews”, groupes locaux possédant une identité propre : un format laissé de côté aux Jeux que les danseurs souhaiteraient retrouver plus souvent. « C’est la base, comme ça que notre discipline a été fondée, poursuit Omar Remichi. Tout le partage du break est là ». (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Mai 2024