Le sport français en campagne électorale 🔓

Après la réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été en terme de médailles françaises, la rentrée de septembre 2024 inaugure une longue période élective au sein des des fédérations sportives. Celle de moto a ouvert le banc, avec la réélection à la présidence de Sébastien Poirier. Il était le seul candidat. ce ne sera pas le cas dans d’autres fédérations où le climat est déjà tendu et la crise couve. Toutes tentent de relever le défi de leur féminisation et de leur démocratisation.

L’olympiade d’été rythme les dates des élections fédérales tous les quatre ans, pour les fédérations de disciplines estivales. D’ici à décembre 2024, les instances sportives françaises vont donc voter pour renouveler des dirigeants qui iront jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028, soit un mandat de 4 ans.

Certains candidats sont déjà en campagne. A l’escrime, par exemple, malgré les sept médailles remportées, la fédération s’est enfoncée dans la crise ces derniers mois. Entre des entraîneurs qui jettent l’éponge, une sélection aux JO contestée, le président, Bruno Gares, qui démissionne sur fond de mauvaise gestion financière, avec signalement au procureur de la République en prime… la fédération a cumulé les déboires.

Des batailles en vue

L’un des candidats pour reprendre le flambeau, l’ex-escrimeur Remy Delhomme, a récemment expliqué à la presse que la date de l’élection, le 11 octobre, une des premières, est justifiée par “les turbulences” et “la situation financière” qui “ne permettent pas d’attendre plus longtemps”. Après les Jeux, « il y a des présidents de fédérations qui savent qu’ils vont avoir à gérer la pénurie. Ils vont passer la main et cela va aiguiser quelques appétits», fait aussi savoir un fin connaisseur des arcanes sportives.

Les fédérations de football et de rugby ont elles aussi défrayé la chronique il y a deux ans. A la tête du foot depuis 11 ans, Noël Le Graët a démissionné suite à un rapport accablant de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d’accusations de harcèlement sexuel. C’est Philippe Diallo qui lui a succédé. Il est de nouveau candidat pour la nouvelle élection qui se déroulera en décembre.

Au rugby, Bernard Laporte a aussi été poussé vers la sortie avant l’heure après une condamnation pour corruption. Son successeur, Florian Grill, candidat malheureux une première fois, veut continuer à diriger cette fédération en difficulté financière. La FFR doit aussi faire face à la disparition en mer de l’international Medhi Narjissi en stage en Afrique du Sud ainsi qu’à l’affaire des deux rugbymen inculpés pour viol lors d’un déplacement en Argentine cet été. Il sera opposé à l’ancien international Didier Cordoniou.

De nouveaux présidents en vue

Le renouvellement lors des dernières élections en 2020 n’a pas fait que des heureux. Ainsi, au badminton, Yohan Penel, plus jeune président d’une fédération française olympique, a prévenu qu’il ne se représenterait pas, sans cacher les difficultés rencontrées dans un post intitulé “le colibri s’est brûlé les ailes”.

Changement également en vue à la fédération d’athlétisme où l’actuel président André Giraud ne ser représente pas après deux mandats, atteint par la limite d’âge. Un Jean Gracia et Emmanuelle Jaeger et présente pour lui succéder, ainsi que Philippe Lamblin, ancien président de la FFA, qui a également décidé d’y retourner. L’équitation et basket-ball auront aussi un nouveau président : respectivement Serge Lecomte, après 6 mandats, ne repart pas, tout comme Jean-Pierre Siutat qui en aura fait quatre. ,

Nouveau venu en 2020, le président du tennis français Gilles Moretton est lui de nouveau partant pour un nouveau mandat, lors des élections en décembre. Il sera opposé au président de la Ligue Ile-de-France, Germain Roesch. Rare présidente de fédération olympique, avec la présidente des sports de glace Gwenaëlle Noury, Isabelle Jouin qui dirige le hockey sur gazon ne se représentera pas. « Ce n’est pas un bon signe,» estime Emmanuelle Bonnet Oulaldj, coprésidente de la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail, omnisports) qui passe la main.

Encore trop peu de femmes

Pr ailleurs, la loi sport de mars 2022 a institué une parité intégrale des listes pour les instances dirigeantes au niveau national. Au niveau local la mise en place avait été décalée à 2028. Selon les calculs du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) faits en 2022, les instances fédérales au niveau national comptent 62% d’hommes et 38% de femmes, soit près de 800 femmes pour 1 304 hommes. La question est épineuse dans les fédérations qui comptent peu de pratiquantes.

A la boxe, la championne Estelle Mossely vient de se porter candidate pour prendre la tête de la fédération face au sortant Dominique Nato. Pour améliorer la gouvernance des fédérations sportives, l’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet et l’ex-athlète Stéphane Diagana avait préconisé de consulter régulièrement les clubs ou encore d’instaurer la proportionnelle pour les élections, dans un rapport il y a un an.

Ce dernier avait été remis juste avant les conclusions au vitriol d’une commission d’enquête parlementaire. Fustigeant une “omerta à tous les étages” en particulier sur les violences sexuelles et l’éthique ainsi que des fédérations “pas suffisamment habituées à rendre des comptes”, cette commission d’enquête avait crispé le monde du sport français en pleine préparation des Jeux de Paris.

Lancées à l’initiative des députés écologistes, et présidées par Sabrina Sebaihi, certaines auditions s’étaient révélées désastreuses pour quelques patrons de fédérations comme celui de la gym ou de l’athlétisme.

Bruno Fraioli (avec AFP)
© SportBusiness.Club Septembre 2024

Agenda des élections fédérales 2024
dans les fédérations sportives olympiques

FédérationsPrésident(e)sElectionMandatAG élective
AthlétismeAndré Girauddéc. 20202esam. 14 déc.
AvironChristian Vandenberghedéc. 20201ersam. 16 nov.
BadmintonYohan Peneldéc. 20201erlun. 9 déc.
Basket-ballJean-Pierre Siutatdéc. 20204esam. 14 déc.
BoxeDominique Natomars 20211ersam. 14 déc.
Canoë-kayakJean Zoungranadéc. 20202esam. 14 déc.
CyclismeMichel Callotfévr. 20212esam. 21 déc.
EscaladeAlain Carrièreavr. 20211ersam. 30 nov.
EscrimeBrigitte Saint-Bonnet*oct. 20231ermer. 9 oct.
FootballPhilippe Diallo*juin 20231ersam. 14 déc.
GolfPascal Grizotdéc. 20201erven. 6 déc.
GymnastiqueJames Blateaunov. 20203esam. 23 nov.
HaltérophilieMichel Raynaudjanv. 2023*1ersam. 23 nov.
HandballPhilippe Bananov. 20201ermer. 27 nov.
HockeyIsabelle Jouinjanv. 20211erdim. 1 déc.
JudoStéphane Nomisnov. 20201erjeu. 17 oct.
LutteLionel Lacazedéc. 20201ersam. 21 déc.
NatationGilles Sezionalejanv. 20212ejeu. 14 nov.
Pentathlon moderneJoël Bouzoudéc. 20203edécembre
Roller-SkateBoris Darletdé. 20202edécembre
RugbyFlorian Griljuin 2023*1ersam. 19 oct.
Sports équestresSerge Lecomteavr. 20216edécembre
TaekwondoHassane Sadokjuin 2024*1erdim. 24 nov.
TennisGilles Morettonfévr. 20211ersam. 14 déc.
Tennis de tableGilles Erbdéc. 20201ersam. 7 déc.
TirMichel Baczykfévr. 20211ersam. 7 déc.
Tir à l’arcJean-Michel Cléroydéc. 20202esam. 7 déc.
TriathlonCédric Gossedéc. 20201erjeu. 12 déc.
VoileJean-Luc Denéchaumars 20211ermar. 10 déc.
Volley-ballEric Tanguydéc. 20202elun. 16 déc.
Sports additionnels1
Surf Jacques Lajuncommedéc. 20201erlun. 16 déc.
Base-ball / Soft ballThierry Raphetjanv. 20221ersam. 23 nov.
SquashJulien Mullerdéc. 20201erjeu. 12 déc.
Foot USBrigitte Schleifermars 20212esam. 30 nov.
Sport JO hiver
Hockey-sur-glacePierre-Yves Gerbeaujuin 20221er2026
Sports de glaceGwenaëlle Nouryjuin 20221er2026
SkiFabien Saguetjuin 20221er2026
Autres disciplines
Sport autoPierre Gosselinjuin 2024*1ermerc. 9 oct.
MotocyclismeSébastien Poirier2oct. 20202elun. 16 sept.
© SportBusiness.Club 2024. Sources : CNOSF, fédérations, divers. (*) Mandat partiel. (1) Disciplines additionnels des Jeux d’été de 2028 à Los Angeles. (2) Election déjà déroulée. Dates sous résreves de modification.