Désigné Maitre de Cérémonie de l’allumage de la flamme olympique de Paris 2024 ce mardi 16 avril 2024 à Olympie, en Grèce, Nikos Aliagias avoue qu’il prépare cet événement avec une certaine émotion. Autant populaire dans les deux pays, l’animateur franco-grec de TF1 apporte une touche de modernité dans ce rendez-vous très symbolique qui marque, à J-101 jours de la cérémonie d’ouverture, le réel point de départ des Jeux de Paris. A l’ombre d’un arbre, dans le parc archéologique d’Olympie, là où tout à commencé, Nikos Aliagas évoque sa vision des valeurs olympiques à SportBusiness.Club.
Comment êtes vous arrivé comme Maitre de Cérémonie de l’allumage de la flamme olympique ?
Nikos Aliagas : « J’ai été contacté par le président du Comité olympique grec Spyros Capralos que j’avais rencontré en 2004 lorsque j’avais présenté le pre-show de la cérémonie d’ouverture des Jeux de 2004 à Athènes. Il m’a rappelé, il y a quelques mois. Il m’a demandé si cela m’intéresserait de faire le Maître de cérémonie pour l’allumage de la flamme de Paris 2024. J’ai dis ok. Revenir vingt ans plus tard, symboliquement cela me parle et a du sens. Je suis ici pour ressentir des vibrations et me mettre au service du public et des jeux olympiques avec mon petit savoir-faire de Maitre de Cérémonie. Je ne suis qu’un accompagnateur. Regardez ici, ce stade derrière nous. Il n’y a plus rien. Tout a été détruit avec les années. Mais une seule chose a survécu : l’esprit olympique. Ici même, les plus grands sont venus, comme Socrate. Une victoire olympique c’était plus fort qu’une victoire de guerre : tu entrais dans l’éternité et tu pouvais avoir ta statue à côté de celles des Dieux. Et, puis, à l’époque la trêve était très rarement violée. Cela l’a été pendant 1 000 ans ».
Le comité hellénique grec a voulu moderniser un peu cette cérémonie. Qu’en pensez-vous ?
N.A. : « L’ADN ne peut pas être changé. La flamme, les symboles, l’incantation aux Dieux, à Apollon, tout cela pour faire passer un message de paix et d’humanité. Maintenant, oui, à partir de là, effectivement, les costumes ont été changés, et plusieurs autres choses aussi. Mais c’est pour dynamiser un peu l’événement. Il y a encore pas mal de discours, du président du CIO, de la République hellénique, du maire d’Athènes. Mais il y a un truc qui est plus fort: c’est l’image, celle de la Grande Prêtresse, en 2024, qui existait ici même déjà il y a plus de 2 000 ans. Elle lève sa torche vers le ciel pour que la lumière purificatrice, le feu de Prométhée, revienne pour mettre tout le monde d’accord. Ca, c’est impossible de le moderniser car c’est hors du temps ».
Selon, aujourd’hui, que reste-t-il des valeurs olympiques ? Ici, à Olympie, la rue principale est envahie par ceux qui autrefois étaient nommés les “Marchands du Temple”
N.A. : « C’est vrai que parler de l’olympisme c’est aussi évoquer une grande opération commerciale. Toutefois, ne peut-on pas considérer aussi que grâce à cela, ce peut être aussi un idéal. Si tu n’as pas de sous, et bien tu ne peux pas organiser les Jeux olympiques aujourd’hui. Et puis, Il faut être réalistes : on ne peut pas faire les mêmes Jeux que dans l’Antiquité. Les marchands du temple ont toujours existé. C’est vrai à la Tour Eiffel ou à Lourdes. Et malgré tout, Lourdes a toujours gardé sa singularité et sa spiritualité. Les Jeux Olympiques, au-delà de ce qui se passe dans le monde à travers le monde et au-delà de ce que cela génère comme frénésie à tous les niveaux, restent quand même un rendez-vous intime. Quand vous arrivez ici, vous êtes ému. Il se passe quelque chose. Moi, cela me suffit ».
Animer cet événement, en tant que personnalité française et grecque, doit susciter une certaine émotion n’est-ce pas ?
N.A. : « Je suis un enfant de la République. Mon père est arrivé dans les années 60 et ne parlait pas le français. Il a trouvé du boulot. La France m’a donné la même éducation qu’un Français de souche. J’ai eu accès à la même culture. J’ai bénéficié des mêmes opportunités professionnelles qu’un Français de souche. Je suis un enfant de la France et j’en suis fier. Aujourd’hui, être en Grèce, qui est le pays de mes parents, le mien aussi via mon ADN intime, fait fait aussi que j’ai une responsabilité, une reconnaissance, une gratitude vis-à-vis de la France. Je suis fier de la France et suis fier de la Grèce. Et je suis tellement fier quand on est ensemble et que l’on fait des choses ensemble ».
Entretien : Bruno Fraioli, envoyé spécial à Olympie
© SportBusiness.Club Avril 2024