Petite ville tranquille du Val-d’Oise, Eaubonne s’apprête à vivre un été américain, et même à devenir “un peu Fort Knox” car la pléthorique Team USA a choisi le centre sportif Athletica pour en faire son camp d’entraînement pendant les Jeux de Paris 2024. « La délégation américaine, c’est 900 athlètes (500 pour les Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août, 400 pour les paralympiques du 28 août au 8 septembre) et c’est plus de 5.000 personnes qui travaillent pour eux,» s’enthousiasme avant le grand débarquement attendu Arnaud Zumaglia, directeur général d’Athletica.
Basketteurs de la “Dream Team” mis à part, tous les sportifs américains dormiront au village olympique, à cheval entre Saint-Denis et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Mais leurs entraîneurs, kinés et autres cadres techniques prendront, eux, leurs quartiers dans les nouvelles chambres du centre val-d’oisien. Le destin américain d’Athletica s’est esquissé dès 2018, six ans avant la cérémonie d’ouverture des Jeux : pour le confort et le bien-être de l’équipe aux couleurs de bannière étoilée, pas question d’improvisation.
« Une agence marketing de Chypre nous contacte alors par mail disant qu’elle est mandatée pour trouver des infrastructures pour la Team USA, se remémore Arnaud Zumaglia. On ne répond pas car on croit vraiment à un spam. Mais finalement, deux semaines plus tard, ils viennent frapper à la porte car ils veulent visiter ».
Un site modernisé
Un stade d’athlétisme couvert, un vaste gymnase pour les sports collectifs, des terrains annexes accompagnés d’un centre d’hébergement et de restauration pour une centaine de personnes, le tout à 20 minutes de la capitale française: les installations avaient tout pour plaire aux Américains. La perspective des travaux programmés, avec 27 millions d’euros d’argent public investis, pour moderniser les infrastructures, construites il y a plus de trente ans, a achevé de séduire les intendants de l’équipe olympique américaine.
Outre le nouveau parquet qui pave la halle multisports, trois caissons de cryothérapie et des lits d’hydromassage y ont fait leur apparition dans un nouveau pôle de “régénération sportive”. « C’était important de toute façon de moderniser l’équipement pour les 300 000 usagers qu’on reçoit chaque année,» justifie Arnaud Zumaglia. Pin’s aux couleurs de la Team USA au revers de sa veste, le responsable glisse sobrement que les Américains ont “participé financièrement” quand ils ont “demandé des ajustements spécifiques”.
Des détails et surtout du montant de la facture de cette privatisation totale d’Athlética pour tout l’été, il ne peut sans surprise pas dire un mot: le contrat signé avec les Américains est protégé par un accord de confidentialité. « Ce n’est pas eux qui décidaient » des travaux, tient à assurer Marie-Christine Cavecchi, la présidente du conseil départemental. « Les Américains sont régulièrement venus pour voir si nos promesses allaient être tenues,» ajoute l’élue.
Fort Knox
Avant que les stars de l’olympisme n’investissent les locaux pour se préparer à leurs épreuves, la maire d’Eaubonne savoure déjà “un formidable outil de fédération des habitants”. Comme ses administrés, Marie-José Beaulande appréhende les mesures de sécurité renforcées qui seront mises en place autour du centre. Elle redoute même qu’il se transforme “un peu en Fort Knox”, la réserve d’or de la banque centrale américaine dans le Kentucky (centre des Etats-Unis).
Mais “pour la réputation de la ville”, l’élue tient à ce “que les athlètes se préparent en sérénité” quand même. Les policiers assureront “une présence physique et visible renforcée aux abords du centre d’entrainement”, a fait savoir la préfecture.
A l’inverse de ce qui est prévu à Paris, aucune route d’Eaubonne ne sera fermée et il n’est nullement question ici d’un quelconque QR code pour circuler. Riverains et visiteurs devront néanmoins justifier “de leur domiciliation ou du motif de leurs déplacements, selon des modalités qui ont été définies en lien étroit avec la délégation américaine et les villes concernées,” signale la préfecture.
Si l’impact sur leur quotidien devrait être limité, les voisins d’Athletica ont toutefois peu de chance de voir s’entraîner les vedettes Simone Biles (gymnastique) ou Noah Lyles (athlétisme). « Ça reste un grand regret mais, bon, ils auront peut-être l’occasion de les voir sur les compétitions s’ils ont pris des billets,» sourit Arnaud Zumaglia. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Juillet 2024