Elle s’invite sur les sites de compétition depuis le début des Jeux olympiques : la ferveur des spectateurs porte les athlètes, les surprend parfois, mais est surtout savamment orchestrée par Paris 2024 à coups de DJ et « leaders » d’ambiance. Pour la rencontre de volley-ball France/Canada mardi 30 juillet, en soirée, le silence se fait une timide place lors de l’heure et quart du match remporté par les Bleus.
Cris, chants, Marseillaise, hola… la soirée est rythmée d’animations émanant des gradins remplis de 13.000 spectateurs ou lancées par les deux Maîtres de cérémonie. A chaque point marqué par les Bleus, qui ont remporté les trois sets, l’explosion de joie des supporters français couvre la déception des nombreux soutiens des Canadiens.
L’équipe de France de volley-ball bénéficie même d’un accompagnement sonore des triptyques réception-passe-attaque: dès que la balle passe d’un joueur à l’autre, retentit en écho « Bleu ! Blanc ! Rouge ! », hurlé par les supporteurs. Entre chaque service, les enceintes crachent inlassablement les tubes qui composent la liste musicale des Jeux : « I got the power », « Voyage, voyage », « Ca plane pour moi »…
Un sonomètre
Dès l’entrée sur le site, les spectateurs sont mis dans l’ambiance par un DJ ambulant, enceinte sur le dos, platine à l’avant. Pour assister aux épreuves, il ne faut pas craindre pour ses tympans. Mardi soir, on pouvait ainsi voir dans les rangs canadiens une mère équiper son garçon d’un casque anti-bruit.
Dans certains sites, comme à l’Arena Paris Nord où les boxeurs enchaînent les rounds, un sonomètre affiché sur les écrans géants pousse même les spectateurs à exploser le compteur. Même pour des sports à l’atmosphère d’ordinaire plus feutrée comme l’escrime ou le tir à l’arc, le Grand Palais et les Invalides se transforment en bruyantes arènes.
Carrés de suporters
Une image qui tranche avec celles des Jeux de Tokyo, tenus à huis clos en 2021 à cause de la crise sanitaire du Covid-19. Pour le patron du Comité d’organisation, Tony Estanguet, « c’est assez magique, parce que ça fait longtemps qu’on travaille sur ces concepts d’ambiance, de sport-présentation, de faire en sorte que les gens vivent une super expérience quand ils viennent aux Jeux olympiques ». « On est ravis, parce que ça correspond assez bien à ce qu’on imaginait et ce dont on rêvait », se félicite-t-il.
Car la ferveur ne doit pas seulement au hasard des supporters qui se rencontrent et lancent un mouvement spontané. Elle est créée. Depuis des années, des équipes planchent pour mettre en place des carrés de supporters, en lien avec la billetterie des Jeux olympiques. En fonction de leur place dans les gradins, les détenteurs de billet ont été contactés par mail pour savoir s’ils voulaient en être.
« C’est adapté à chaque site. Parfois on a des sites où on a besoin de 50 personnes à peu près pour mettre l’ambiance et allumer la mèche. Et parfois, on a besoin de 1.000 à 1.500 personnes comme au Stade de France,» détaille Romain Lachens, directeur de l’engagement à Paris 2024. Pour France/Canada, ils sont 200 supporters, guidés par cinq « leaders » d’ambiance.
“Que je t’aime”
Repérés grâce aux fédérations sportives, ce millier de supporters invétérés, rompus à l’exercice de chauffeurs de gradin, ne paient pas leur place lorsqu’ils sont missionnés sur une épreuve. Grégory et Sarah Bardin, venus en famille du Vaucluse, sont dans le carré. « Je trouve que c’est vachement bien encadré. C’est notre première fois dans un stade, on ne savait pas trop comment ça allait se passer», témoigne le chef d’entreprise de 46 ans.
A leur arrivée dans les gradins, ils ont découvert sur les sièges des drapeaux tricolores et des « clap-clap » – éventails rigides très bruyants lorsqu’agités rapidement. A quelques mètres d’eux, Emma Estrade et Fabian Tosolini, deux des cinq « leaders » d’ambiance de la soirée préparent les troupes avant le début du match, lui au tambour, elle au mégaphone. « Quand il a fini, tout le monde crie “Allez les Bleus !”, On a besoin de plus de patate !», lance la fan de volley à la cantonade.
Les animations durent tout le long du match. « C’était super pour les enfants, il y avait de l’ambiance», se réjouit Evelyne Winkler, en sortant de l’Arena Paris Sud. « C’était un peu un show à l’américaine», juge l’assistante de direction venue d’Alsace avec mari et garçons pour assister à plusieurs épreuves. Derrière elle, la reprise tonitruante de “Que je t’aime” de Johnny Hallyday par des milliers de supporters s’échappe de l’enceinte. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Juillet 2024