Des constructions en bois, un rĂ©seau urbain de chaud et de froid, des appareils de purification de l’air… De nouveaux matĂ©riaux, techniques et dispositifs ont Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©s pour construire le village des athlètes des Jeux olympiques de Paris, que ses concepteurs ont imaginĂ© comme un modèle de construction. « La ville dense a encore un avenir au XXIe siècle,» affirme Nicolas Ferrand, directeur gĂ©nĂ©ral exĂ©cutif de la Solideo (SociĂ©tĂ© de livraison des ouvrages olympiques). Il soutient l’idĂ©e que la vie d’une “d’une ville peut continuer Ă ĂŞtre agrĂ©able ». « On peut rĂ©pondre Ă quatre grands sujets, le carbone, comment on le diminue drastiquement, la question du dĂ©règlement climatique, l’Ă©conomie des matĂ©riaux, et la biodiversitĂ©,» ajoute le dirigeant. .
« On a choisi les matĂ©riaux non pas en fonction des contraintes techniques, Ă©conomiques ou architecturales, on a choisi les matĂ©riaux en fonction de leur empreinte carbone,» explique Julie Bosch, directrice de projet chez Vinci Immobilier. L’ossature des bâtiments, l’isolation, les façades et les planchers des habitations (200.000 mètres carrĂ©s de planchers posĂ©s) sont majoritairement en bois (Ă 30% français).
Pour les bâtiments qui seront reconvertis en bureaux, les sols sont couverts de 18 000 mètres cubes de bĂ©ton “ultra bas carbone”, pour une Ă©conomie de 5 000 tonnes Ă©quivalent CO2 par rapport Ă un projet Ă©quivalent en bĂ©ton traditionnel, d’après la Solideo. Pour les sols extĂ©rieurs, les 31 600 tonnes de bĂ©ton utilisĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es dans les dĂ©bris d’autres bâtiments.
Des planchers réversibles
Une partie de la chaussée intègre aussi des coquillages qui facilitent le passage de l’eau pluviale pour qu’elle soit stockée avant d’être restituée “en périodes chaudes, créant une transpiration des pavés et un rafraîchissement de l’espace public », selon la Solideo. Une centrale géothermique, inaugurée en décembre dans le quartier Pleyel, fournira du chaud et du froid aux quartiers environnants, dont le village olympique.
IntĂ©rĂŞt: les appartements n’ont pas eu Ă ĂŞtre Ă©quipĂ©s de systèmes de climatisation ou de chauffage traditionnels, la climatisation ayant Ă©tĂ© bannie du cahier des charges. Mais les dĂ©lĂ©gations nationales pourront tout de mĂŞme louer une “unitĂ© de refroidissement” auprès du ComitĂ© d’organisation. AlimentĂ© par ce rĂ©seau de chaud et de froid, un système de planchers dit “rĂ©versibles”, chauffants en hiver et rafraĂ®chissants en Ă©tĂ©, a Ă©tĂ© installĂ© dans les bâtiments d’habitation.
Des panneaux solaires sur les toits, notamment sur la future rĂ©sidence Ă©tudiante, fourniront une partie de l’Ă©lectricitĂ© du village des athlètes. L’enveloppe et l’isolation des bâtiments ont Ă©tĂ© dimensionnĂ©es pour supporter plus de canicules, selon des hypothèses climatiques de MĂ©tĂ©o-France pour 2050. « S’il fait très chaud dehors ou très froid, il y a un temps d’inertie très important avant que ça contamine le logement, » d’après Julie Bosch. Une diffĂ©rence de 6°C avec l’extĂ©rieur est promise.
Collecte et assainissement des eaux
La morphologie du quartier et des immeubles a également été pensée pour favoriser une circulation de l’air et de la lumière grâce à des bâtiments érigés en quinconces, des appartements traversants et biorientés, mais aussi des façades sud faites de matériaux réfléchissants ou peintes en blanc. Pour réduire la consommation en eau potable, les eaux de pluies seront recueillies par « un système de régulation goutte à goutte », qui permettra d’irriguer la végétation des toitures, mais aussi celle en contre-bas.
Pour l’un des bâtiments (nommĂ© « Cycle »), la toiture collectera et assainira les eaux grises et de pluie par une « filtration cĂ©ramique » avant d’ĂŞtre rĂ©utilisĂ©e pour alimenter l’eau des toilettes, arroser les espaces verts ou nettoyer les vĂ©hicules.
Enfin, pour assainir l’air extĂ©rieur de ce quartier proche de la capitale, outre sept hectares d’espaces verts, des sortes de grandes soucoupes blanches surĂ©levĂ©es, de quatre mètres de diamètre, ont Ă©tĂ© installĂ©es pour capter les particules fines, grâce à « deux plaques conductrices (…) permettant d’atteindre un taux d’abattement de 95% de la pollution de l’air sur la zone concernĂ©e », selon la Solideo. Un autre système, “Combin’Air”, pourra aussi assainir l’air extĂ©rieur grâce Ă un filtre au charbon actif et Ă des algues. (AFP)
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