Tip & Shaft, le média de l’écosystème de la course au large, organise la huitième édition de son rendez-vous business mardi 26 mars 2024 toute la journée à Nantes. L’événement, dont SportBusiness.Club est partenaire, permettra une nouvelle fois d’explorer plusieurs volets de la voile, comme la construction d’une identité de marque ou l’exposition de la discipline à la télé. Tip & Shaft Connect est aussi l’occasion de débats faire évoluer la voile. Un concernera la maternité des skippeuses, un sujet d’actualité.
L’univers de la course au large est bousculé depuis plusieurs mois par plusieurs polémiques. Que signifient-elles, selon vous ?
Pierre-Yves Lautrou : « Paradoxalement, je pense que ces polémiques sont plutôt le symptôme d’une crise croissance de l’écosystème qui a vu, depuis le Vendée Globe 2016-2017, un nombre historique de projets se lancer, sur tous les supports. Les trois principales courses au large françaises (Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, Vendée Globe) ont battu ou vont battre leurs records d’inscrits, les sponsors sont nombreux, le niveau sportif et technologique progresse à chaque saison, tout le secteur se professionnalise à marche forcée. La pression est donc plus forte sur toutes les parties prenantes – coureurs, organisateurs, sponsors… – avec des places qui sont de plus en plus chères. Voilà ce que disent en creux ces affaires. Elles disent aussi que sur plusieurs sujets, en particulier sociétaux, la voile de compétition doit se moderniser ».
La discipline doit-elle se remettre en cause ?
P.-Y. L. : « Ces polémiques doivent surtout être l’occasion de faire progresser le secteur, le faire grandir et gagner en maturité. C’est bien de savoir faire voler les bateaux et rêver d’audiences importantes, ce serait bien, aussi, de savoir gérer les grossesses des athlètes, de mettre en place des stratégies de prévention des violences sexistes et sexuelles, d’éclaircir les règles du jeu quand il y a des ambiguïtés, etc. Le terme de remise en cause me paraît un peu fort, mais la discipline et ses acteurs doivent apprendre à trouver plus rapidement des solutions. De nombreux autres sports y ont été ou y sont confrontés et parviennent à les traiter, parfois dans la douleur. Lors du prochain Tip & Shaft/Connect, nous avons essayé de faire venir des experts d’autres disciplines pour que la voile de compétition puisse, justement, s’en inspirer ».
Est-il possible d’envisager la création d’une ligue professionnelle portant plus la voix des sponsors, des écuries ou des armateurs ?
P.-Y. L. : « C’est une petite musique qui monte depuis quelque temps chez plusieurs acteurs. La création d’une ligue pro aurait un avantage : réunir sous une même enseigne tout le secteur professionnel. Cela pourrait permettre, par exemple, la création d’un statut de coureur pro, voire de club ou d’écurie pro, la mise en place d’une licence spécifique, etc. Ce serait une tâche de longue haleine, tant le secteur est composé d’acteurs divers, en particulier les classes, dirigées par les coureurs, dont le rôle est prépondérant dans la définition des règles. Certaines, comme l’Imoca, sont très structurées, avec un budget important et des équipes en interne, c’est moins le cas des autres ».
Propos recueillis par Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Mars 2024