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Englués dans une grave crise liée aux droits TV, les principaux acteurs du football professionnel français se retrouvent lundi 3 mars 2025 au siège parisien de la Fédération Française de Football (FFF) pour tenter de sortir de l’impasse. L’objectif est double : réformer la gouvernance et repenser le modèle économique du secteur.
Les représentants de la Ligue de football professionnel (LFP), dont son président Vincent Labrune, des clubs de Ligue 1 et Ligue 2, de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) et du fonds CVC – qui a investi 1,5 milliard d’euros contre 13% des revenus à vie de la société commerciale de la LFP – seront réunis autour du président de la FFF, Philippe Diallo. L’enjeu est de trouver des solutions face aux tensions croissantes.
Cette réunion avait été envisagée par le patron de la FFF avant sa réélection à la présidence en décembre 2024, pour venir en aide à un football professionnel frappé par des crises successives : la pandémie de Covid-19, la faillite de Mediapro et la chute des droits TV. Mais la situation s’est encore dégradée, notamment en raison du conflit entre la LFP et DAZN, le détenteur des droits de diffusion de huit matchs de Ligue 1 par journée jusqu’en 2029, pour un montant de 400 millions d’euros par an.
Un bras de fer entre la LFP et DAZN
La plateforme audiovisuelle britannique reproche notamment à certains clubs un manque d’efforts pour valoriser le “produit Ligue 1” et dénonce des conditions d’exploitation difficiles, notamment liées au piratage. Après avoir refusé de verser une échéance de 35 millions d’euros en janvier dernier, DAZN a finalement débloqué une partie des fonds.
Ce bras de fer a néanmoins ravivé l’inquiétude des clubs financièrement fragiles et exacerbé les divisions entre dirigeants quant à la gestion des droits TV par la LFP et Vincent Labrune. C’est donc dans un climat pesant que la FFF organise cette réunion, perçue comme de véritables “états généraux” du football français.
« La situation n’est pas bonne pour la crédibilité de notre football. En Ligue 1 et Ligue 2, nous avons des clubs en grande difficulté. Mon rôle est d’essayer d’éviter des défaillances (…) On n’est pas à l’abri que des clubs s’arrêtent à la fin de la saison, peut-être avant », a alerté Philippe Diallo le 13 février, à l’issue d’un comité exécutif de la FFF. Selon lui, la crise actuelle est “plus structurelle que temporaire”.
Face à ces défis, il plaide pour une réflexion plus large que le simple litige avec DAZN. La refonte du modèle économique et de la gouvernance du football professionnel est au cœur des discussions. Vincent Labrune, lui, cite le modèle anglais en exemple, où la Fédération gère l’organisation des compétitions et les procédures disciplinaires, tandis que la Premier League se concentre sur les activités commerciales.
Lutte contre le piratage en ligne
La ministre des Sports, Marie Barsacq, interviendra lors de cette réunion pour “appeler tous les acteurs à la responsabilité”, selon son entourage. Une initiative qui s’inscrit dans un cadre plus large : une proposition de loi visant à mieux encadrer l’organisation et le financement du sport professionnel sera prochainement déposée au Sénat par Michel Savin (LR) et Laurent Lafon (UDI).
Ce texte, dont le périmètre reste à définir, devrait reprendre certaines des 35 recommandations de la commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football. Parmi elles : l’encadrement des rémunérations des présidents de ligues, un contrôle accru des budgets par la Cour des comptes et une réforme de la gouvernance avec l’intégration d’au moins cinq administrateurs indépendants dans les conseils d’administration.
L’autre enjeu central du foot professionnel français est le piratage. « C’est un sujet que nous souhaitons aborder dans cette proposition de loi. Ce sera un chapitre important. Nous allons voir ce qu’il est possible de faire avec l’Arcom, mais l’enjeu est d’avoir une vraie réactivité », a souligné Michel Savin. Cette réunion pourrait donc marquer un tournant pour le football français, à condition que les acteurs parviennent à dépasser leurs divergences pour bâtir un modèle plus solide et durable. (Avec AFP)
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