Jacques Cardoze: «L’hybridation d’OM Media, c’est la rédaction de demain»

Podcast. A l’occasion du Sportel, le marché international des programmes de sport qui s’est tenu du 5 au 7 octobre 2021 à Monaco, SportBusiness.Club a rencontré trois acteurs, personnalités et observateurs de l’audiovisuel et du sport. Jacques Cardoze, directeur de la communication de l’Olympique de Marseille, a détaillé la stratégie audiovisuelle du club de football phocéen. François Pesenti, membre du conseil stratégique de Sportall, a donné sa vision sur l’évolution de la consommation du sport. Enfin, Guy Drut, champion olympique d’athlétisme [110 mètres haies à Montréal en 1976)] et un des deux membres français du Comité international olympique (CIO) donne son regard sur la manière de couvrir le sport aujourd’hui. Extraits.

L’Olympique de Marseille est présent sur un grand nombre de plateformes numériques, sur les réseaux sociaux. Est-ce la nouvelle stratégie du club après l’arrêt d’OM TV ? 

Jacques Cardoze (Olympique de Marseille) : « OM TV a été arrêtée il y a 4 ans ou 5 ans en raison de l’évolution du monde médiatique. Aujourd’hui, le numérique nous accompagne du matin au soir. Nous l’avons même dans la main. Nous nous devons d’être présent sur le numérique. OM TV nous a donné un avantage car c’est d’abord des studios vidéo, photo, une rédaction… Tout cela existe toujours. Nous l’avons adapté. OM Media ce sont des journalistes, des cameramen, des monteurs et d’autres métiers qui sont venus s’ajouter comme celui de graphiste, de motion-designer, ou avec des gens venant de l’univers de la publicité. D’une certaine façon nous avons désormais la rédaction de demain c’est-à-dire hybride, qui trace un trait d’union entre le monde de la télé, je dirais “d’hier”, et le monde du numérique qui sera celui de demain. Même si dans mon esprit, les choses ne sont pas comme ça : on l’a vu durant le confinement, nous pouvons consommer de télévision et en même temps énormément de digital. Nous le savons, les jeunes générations fonctionnent avec plusieurs écrans et le monde de demain ce sera, à mon avis, avec plusieurs écrans. Cette rédaction, hybride, est justement en capacité de pouvoir produire du contenu pour tous ces médias ».

A quoi pourrait ressembler le paysage audiovisuel dans l’univers du sport dans 5 ans ? 

François Pesenti (Sportall) : « Il va faire comme Sportall : se numériser. C’est le sens de l’histoire. Il n’y aura pas rupture abrupte, cela se construira dans le temps, mais c’est indéniable. La “compétition” se jouait entre chaînes de télévision. Elle se jouera à l’avenir avec de plus en plus d’acteurs du numérique, avec les grandes plateformes internationales, comme on le voit déjà avec Amazon, et avec des plateformes plus locales ou thématiques comme ce que propose Sportall. Il y aura de nouvelles typologies et un morcellement du marché car il y aura de plus en plus de sport sur les écrans. Jadis, les “grands sports”, ceux que l’on appelle le Top premium, c’est-à-dire du “premier tiers” dans le jargon de métier, étaient sur les grandes chaînes gratuites et les grandes chaînes de pay-tv. Aujourd’hui, un fan de cyclisme, par exemple, peut voir beaucoup plus de compétitions qu’auparavant. Il continuera de voir le Tour de France et les grandes courses classiques gratuitement à la télé (…). Il a aussi accès à beaucoup plus de compétitions en allant chercher l’appli de tel ou tel organisateur ou de l’événement qui l’intéresse en payant ponctuellement ou en s’abonnant. Cela n’existait pas auparavant. Ce fan de cyclisme va avoir dans l’avenir beaucoup plus de possibilités de nourrir sa passion et de voir beaucoup plus de compétitions qu’auparavant. C’est surtout ça l’évolution de ce marché. C’est le potentiel offert par le numérique ». 

Aujourd’hui, la télévision dans l’univers du sport est beaucoup plus intrusive qu’il y a quelques années. Que pensez-vous de cette évolution ?  

Guy Drut (Comité international olympique) : « Personnellement, je sais que je n’aurais pas aimé que l’on me fiche une caméra sous le nez au moment où je me concentrais [avant une course]. A ce moment-là, je pense que j’aurais envoyé [le cameraman] sur les roses, tout en étant agréable. Mais dans ces moment-là on n’est pas forcément agréable. A titre personnel, cela me gêne un peu. Mais aujourd’hui, beaucoup d’athlètes le demandent. S’il y en a qui le souhaite et l’accepte, tant mieux pour eux et pour les téléspectateurs ». 

© SportBusiness.Club Octobre 2021


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(*) Enregistrement réalisé avec un Zoom Podtrack P4