Paris 1924. Une cérémonie “qui enivre”

La dernière fois que la France et Paris avaient accueilli les Jeux olympiques d’été c’était il y a cent ans… très exactement. Samedi 5 juillet 1924, le tout nouveau Stade de Colombes, un ancien hippodrome, organise, sous le soleil, la cérémonie d’ouverture des Jeux de la 8e olympiade. “La pluie qui les jours précédents noyaient le sol parisien, cessa ce jour là,” est-il écrit dans le livre officiel des Jeux. “[Ce] fut une belle et éclatante journée, ruisselante de soleil, et c’est sous un ciel libre et bleu qui put se déployer la pompe olympique”.

Cette édition de 1924 était un peu une revanche pour le mouvement sportif français. En 1900, la première fois que Paris avait organisé l’événement, les Jeux olympiques avaient été éclipsés par l’Exposition Universelle. Du coup, les organisateurs avaient, cette fois, mis les moyens dès la cérémonie d’ouverture. Ce qui fut remarqué. “De bons juges, qui avaient, depuis 1896, assisté à toutes les cérémonies destinées à célébrer les olympiades restaurées, attestèrent que celle du 5 juillet les dépassa toutes, et un étranger, sortant ce jour-là du Stade, disait à un journaliste : « La partie est jouée, et, quels que puissent être maintenant les résultats des compétitions sportives, la France a gagné ».”

L’enceinte sportive de Colombes, qui avait été préférée pour cet événement au Parc des Princes et au Stade Pershing, a été agrandi pour recevoir jusqu’à 40 000 spectateurs. “Il est trois heures. Le soleil est éclatant. Les étendards flottent à la brise légère. (…). Le stade frémit d’une foule en attente d’un événement qui, de longtemps, ne se reproduira à Paris”. L’auteur de ses lignes n’avait pas menti.

Un défilé par ordre alphabétique

L’animation musicale de cette cérémonie est assurée par la Garde Républicaine, et plus précisément du 31e et 46e régiments d’infanterie, ainsi que du 21e colonial. S’ajoutent la Chorale des Instituteurs de Prague, les Crick-Sicks de Tourcoing. Plus de 500 voix entonnent la Marseillaise face à Gaston Doumergue, le Président de la République, installé dans la tribune d’honneur. Il est assis aux côtés du Prince de Galles et du Prince Carol de Roumanie. Pierre de Coubertin, le Président du Comité International Olympique, et le Comte Clary, le Président du Comité Olympique Français (COF), sont à proximité.

Auparavant, à midi, les membres du CIO avaient été invités pour un déjeuner à l’Elysée par la présidence de la République. Le matin, à 10h00, tout ce beau monde s’était retrouvé à Notre-Dame de Paris pour une cérémonie religieuse en l’honneur des Jeux/ Une cérémonie protestante s’était également tenue.

Le défilé des Nations se fait dans l’ordre alphabétique : “L’Afrique du Sud commence, la Yougoslavie termine, après l’Uruguay. (…) La France est entre la Finlande et la Grande-Bretagne. (…) Les costumes de délégation à délégation sont variés ; il y a des chandails et des vestons, des culottes et des pantalons, des blouses et des maillots. (…) En tête de leur groupe, les Français, dont Géo André tient le drapeau, ont placé les nageuses, vêtues de blanc et de bleu ; eux-mêmes sont en, blanc avec un ruban bleu à leur canotier”.

Le spectacle est aussi dans les airs. “Des avions survolent l’énorme arène ; l’un d’eux s’abaisse jusqu’à frôler presque les toitures, et l’on y distingue un opérateur cinématographiste en action . Les musiques jouent sans arrêt des marches entraînantes ; Ce n’est pas seulement un beau spectacle, c’est un spectacle fort et qui enivre”. Au total, 45 nations sont présentes soit plus de 6 000 athlètes.

Une nuée d’argent

Une fois placés en ligne et par nation au centre du stade, sur la pelouse, les athlètes des deuxièmes Jeux de Paris écoutent le discours officiel du Comte Clary, le président du COF. Il fut court et débuta par « Nous sommes prêts au jour et à l’heure fixés ». Une formule qui reste d’actualité. Le Président Gaston Doumergue proclama ensuite la célèbre phrase : « Je proclame l’ouverture des Jeux olympiques de Paris célébrant la huitième olympiade de l’ère moderne ». Sous les sons de trompettes et d’un coup de canon, le drapeau olympique fut hissé au sommet d’un mât dressé au milieu du stade.

La cérémonie se poursuit avec un lâcher de pigeons qui formeront “une nuée d’argent”. Chaque oiseau est porteur à son cou d’un ”ruban au couleur d’une des quarante-cinq nations”. “La grande foule, saisie de la beauté solennelle du spectacle, applaudit”. Il y eut le serment olympique prononcé par Géo André, puis des chœurs, et, enfin, les athlètes repartent par où ils étaient arrivés. “C’est fini. La cérémonie est achevée. Les Jeux, désormais, peuvent se déployer. Ainsi se termine la grande journée inaugurale. (…) Il n’y eut dans son faste rien d’artificiel. (…) Il est malaisé d’imaginer que les grands jours helléniques de la ville d’Iphitos fussent plus riches de gloire et de beauté que ne fut la grand jour français de Paris”. Cent ans après, Paris 2024 devrait placer la barre encore un peu plus haut pour sa cérémonie d’ouverture.

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Source des textes originaux : Rapport officiel des Jeux de la VIIIe olympiade de Paris 2024. Auteur inconnu.