Tourisme. L’été 2024 s’annonce en demi-teinte malgré les Jeux

Etudes. La saison touristique en France ne devrait pas renouer avec le record de l’été 2023, les traditionnels départs en vacances ayant été chahutés par le calendrier politique, l’organisation des Jeux olympiques et la nécessité des Français de moins dépenser. « On n’est pas parti aussi longtemps (…) on a fait une concession,» confie à l’AFP Darcile, 36 ans, rencontrée cette semaine à Montmartre à Paris. Elle a raccourci ses vacances, partant en Aquitaine dans le sud-ouest, mais rien qu’une semaine, au lieu de trois comme d’autres années.

Dans le même quartier parisien, Marie, quadragénaire, a aussi cherché la formule la plus simple et la plus économique pour soulager son budget, profitant d’une maison familiale en Bretagne: « On paie juste les billets de trains et on cuisine sur place,» se félicite-t-elle. Après une année 2023 record, “on retrouve une année assez classique, comme avant le Covid, mais avec une crise du pouvoir d’achat”, constate ainsi auprès de l’AFP Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme. En juillet, « ce qui est marquant, c’est une très forte baisse dans la restauration et une forte baisse dans les sites de visite et dans les commerces,» analyse-t-il.

Il cite l’exemple de l’Ile de Ré (ouest) où les nuitées en hébergements marchands ont baissé de 15% et les ventes des commerçants de 25%. La fréquentation de l’Ile, calculable grâce aux passages payants du pont, n’a baissé que de 3%. « Il y a eu une conjonction de plusieurs choses: une sorte d’attentisme politique – car les gens n’avaient pas la tête à la programmation de leurs vacances – une météo plutôt maussade et la question du pouvoir d’achat,» selon Franck Jaclin, fondateur de la Route des Pingouins, société qui rassemble 15 hôtels-restaurants et gîtes d’étapes sur la côte Nord du Finistère (nord-ouest).

Les professionnels ont fait face à une saison en deux temps, avec un mois de juillet « plus calme que l’année dernière » et un mois d’août « un peu de retard après les JO mais vraiment meilleur que l’année précédente,» relève Corinne Bardoux, responsable des ventes pour le groupe d’hôtellerie Thermes Marins de St-Malo (ouest).

L’organisation surprise fin juin d’élections législatives anticipées a obligé une partie des Français à décaler des projets de départ pour se rendre aux urnes. « Le flux journalier de réservations a baissé immédiatement dès l’annonce présidentielle» le 9 juin et « le second tour des législatives (7 juillet, ndlr) a cassé la première semaine de haute saison,» Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA).

En juillet et août, le manque d’argent et la nécessité des Français de restreindre leur budget vacances après deux années de forte inflation, a entrainé une baisse de 5% des ventes d’emplacements locatifs (chalet, mobil-home) alors que les emplacements nus, moins chers, ont connu une moindre baisse des ventes (-2%). Chose “rare”, sur la deuxième quinzaine de juillet et la semaine suivante, des mobil-homes et chalets sont restés vides, y compris sur les bords de la Méditerranée, souligne-t-il.

Les Jeux olympiques de Paris ont cependant changé la donne, avec « un avant et un après dans le comportement des vacanciers,» selon Didier Arino. L’engouement pour la compétition et le climat de fête semble avoir redonner de la confiance et l’envie de faire la fête, observe-t-il, « et petit à petit, on a vu repartir la consommation dans les stations balnéaires ». Dans le Finistère, Franck Jaclin a constaté en août une « fréquentation en hausse de 5 à 10% par rapport à l’an dernier,» augurant d’une « saison tout à fait correcte».

Chez les voyagistes, les JO ont fait baisser les réservations fin juillet et début août, selon René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs (Seto). Des méventes auxquelles les entreprises ont répondu en faisant des promotions, dit-il. Les ventes se sont ensuite “redressées” et René-Marc Chikli s’attend, notamment grâce à septembre et octobre, à “une saison supérieure à la précédente” qui était record. Les destinations favorites restent l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Maroc et la Tunisie ou encore les Etats-Unis et l’Ile Maurice. (AFP)

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