Charles Noakes : « Quand je gagne un tournoi je repars avec une peluche »

Interview. Son sourire ne quitte plus son visage. Dans les bureaux de la Française des Jeux (Boulogne-Billancourt), Charles Noakes, tout récemment auréolé d’un titre paralympique en badminton (SH6) n’a pas assez de mains pour répondre aux très nombreuses demandes d’autographes des collaborateurs du groupe. Figure des Jeux de Paris 2024, le Nantais vit depuis son sacre à l’Arena Nord (Paris) un engouement sans pareille mesure. S’il a bien conscience que cette effervescence ne sera pas éternelle, l’athlète compte en profiter au mieux et espère que l’écosystème suivra.

Quels changements avez-vous observé depuis votre médaille d’or ?

Charles Noakes : « Je commence à être beaucoup reconnu dans la rue. C’est nouveau. Ma vraie fierté c’est quand ce sont des enfants qui viennent me voir. Ils voient un athlète devant eux. C’est beau à voir. L’objectif est d’inspirer, de donner confiance, de motiver et de dire de croire en ses rêves ».

Du coup, votre téléphone ne doit pas arrêter de sonner ?

C.N. : « Depuis la fin des Jeux paralympiques de Paris 2024, les sollicitations sont quotidiennes. Notamment des médias. J’ai fait tous les supports possibles. Je ne m’attendais pas à autant d’effervescence autour de moi. C’est un vrai métier tout cela finalement. Il faut être sérieux et convainquant. C’est assez énergivore mais c’est important de surfer sur la vague. J’essaye de profiter chaque instant car je sais que cela va s’estomper avec le temps ».

Arrivez-vous à vivre de votre sport ?

C.N. : « C’est très difficile de financer les tournois. Un budget annuel avoisine les 30 000 euros. C’est conséquent, d’autant que je voyage beaucoup et que les tournois sont souvent organisés en Asie. Au début de ma carrière, mes premiers sponsors étaient mes parents. J’ai également fait une opération de crowdfunding. Les sponsors sont arrivés en 2022 en perspective des Jeux paralympiques ».

Etes-vous accompagné par un agent ?

C.N. : « Pas pour l’instant. Je gère tout seul. Je vais essayer de davantage déléguer pour trouver le bon équilibre »

Quels sont vos sources de revenus ?

C.N. : « Les partenaires sont importants, cruciaux. J’ai plusieurs entreprises qui me soutiennent à l’année. C’est le cas de la Française des Jeux depuis deux ans. C’est une grande entreprise, associée au sport. En me soutenant, cela prouve que mon projet est de qualité ».

Quelle est l’importance des prize-money ?

C.N. : « Les dotations sont identiques entre les athlètes valides et en situation de handicap pendant les Jeux olympiques et paralympiques. En revanche, tout au long de l’année c’est différent. Quand un valide peut gagner jusqu’à 80 000 dollars pour un tournoi, moi je vais repartir avec une peluche et une médaille. Le para-badminton souffre d’un manque de visibilité. Les compétitions ne sont pas diffusées en télévision. Il n’y a pas de partenaire. J’espère que les Jeux paralympiques de Paris 2024 vont permettre de changer le regard et attirer diffuseurs et annonceurs ».

Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Octobre 2024