Films. La vallée des fous, de Xavier Beauvois 🔓

Trois mois seul dans un bateau. C’est ce que vont vivre les marins du VendĂ©e Globe qui s’est Ă©lancĂ© dimanche 10 novembre 2024. C’est aussi le challenge que s’est lancĂ© Jean-Paul. InterprĂ©tĂ© par Jean-Paul Rouge, ce restaurateur passionnĂ© de voile et criblĂ© de dettes, se rĂ©fugie sur son bateau, Ă  sec dans son jardin, pour faire son tour du monde sur le jeu Virtual Regatta. Un dĂ©fi personnel et un voyage sur place qui lui permettra de renouer avec sa famille et avec lui-mĂŞme.

La VallĂ©e des Fous est le surnom donnĂ© Ă  Port-la-ForĂŞt, citĂ© finistĂ©rienne oĂą se concentre le gratin des skippers de courses au large, des Ă©curies et des chantier navals. Virtual Regatta, partenaire du film (comme Macif et le VendĂ©e Globe), est le fil rouge du 9e long mĂ©trage de Xavier Beauvois. Le tournage s’est dĂ©roulĂ© dans le Finistère, dans la Baie de la ForĂŞt et Ă  Concarneau, juste Ă  cĂ´tĂ© durant l’automne 2023. Outre Jean-Paul Rouve dans le rĂ´le Principal, La VallĂ©e des Fous rassemble quelques figure de la course au large, notamment Jean Le Cam et Michel Desjoyaux.

La vallée des fous, un film de Xavier Beauvois (120 minutes). Avec Jean-Paul Rouve, Pierre Richard. Production : Les films du Worso. Coproduction : Pathé, France 3 Cinéma, Les Films du Monsieur. Sortie en France : mercredi 13 novembre 2024.

Trois questions à Xavier Beauvois, réalisateur.

L’idée de faire le Vendée Globe en virtuel était-elle là dès le départ, avec ce parallèle entre la course et la reconstruction de soi et de sa famille ?

Xavier Beauvois : « Oui. Pendant le confinement, j’ai joué à Virtual Regatta, c’était même ma quatrième édition ! Je me suis demandé, comment faire pour gagner face à tous ces gars très forts ? Mon idée était de le faire en vrai, mais pour de faux. À partir de là, je me suis demandé qui pourrait faire ça et pour quelles raisons… J’ai inventé des problèmes d’argent, de dépression, d’alcool et des prix sonnants et trébuchants pour les 3 premiers (prix qui n’existent pas dans le vrai Virtual Regatta)… Le personnage de Jean-Paul ne devait pas faire le tour du monde mais le tour de SON monde. Dans cette aventure, il y a aussi l’idée d’une cure. À cause de ses problèmes, Jean-Paul se laisse sombrer. Mais sa famille le pousse à ouvrir les yeux. Finalement, il part s’isoler dans son jardin pour cette course et ça change sa vie. À la fin de la course, il n’est plus le même : il a eu le temps de réfléchir sur lui-même, sur son fils, sur plein de choses qui provoquaient son mal-être ».

Le cinĂ©ma n’est-il pas intrinsèquement une aventure comparable au VendĂ©e Globe ?

X.B. : « C’est assez similaire. Le bateau de Jean Le Cam qui vaut 5 millions, nécessite des années de préparation. Il faut trouver des sponsors comme les cinéastes doivent trouver des producteurs et distributeurs. Il faut d’abord faire ses preuves avec des “optimistes” ou des courts-métrages. Préparer le Vendée Globe est aussi intense que la préparation d’un film. La course, c’est comme un tournage et la récupération est cruciale. Les marins mettent neuf mois à récupérer de cette aventure, ils perdent 20% d’audition… Cette proximité d’expérience entre la navigation et le cinéma, on s’en est rendu compte en discutant avec Jean Le Cam et Michel Desjoyeaux. D’ailleurs, si le Vendée Globe est une course en solitaire, cela demande aussi une équipe, comme au cinéma. Il faut faire un casting de collaborateurs, trouver les bons architectes, ingénieurs, etc. La course peut se terminer à cause d’un OFNI (objet flottant non identifié) comme un film peut se crasher le mercredi à la séance de 14h ».

Le film est adoubĂ© par la prĂ©sence de Jean Le Cam et Michel Desjoyaux. Comment s’est passĂ© la rencontre avec eux ?

X.B. : « J’ai une amie, Stéphanie Brabant, qui connait tout le monde dans le milieu de la mer et qui m’a branché sur Le Cam et Desjoyeaux. Je suis allé dîner chez Le Cam, ce qui est rare chez lui, et la soirée s’est tellement bien passée qu’il nous a invités à déjeuner le lendemain. Jean et sa femme Anne sont devenus des amis. Je suis comme un amateur de foot qui deviendrait pote avec Zidane ! Le Cam et Desjoyeaux sont des mythes vivants à mes yeux. À la fin du film, quand on monte sur le bateau de Le Cam, c’est en réalité son tout nouveau bateau et c’était la première fois qu’il larguait les amarres, qu’il mettait les voiles, qu’il tirait un bord ! J’ai filmé ça, c’était inattendu et magique, un cadeau formidable. Quant à Desjoyeaux, on a tourné dans son bureau avec ses trophées du Vendée Globe. Avec Jean, ils sont venus chez moi en Normandie, ça a été un truc dément, je n’en revenais pas. Desjoyeaux, on l’appelle “le professeur”, il m’a tout expliqué, le congélateur, la nourriture sous vide… Jean, pareil, un type charmant. Et quand tu regardes leurs palmarès, c’est impressionnant ».

© SportBusiness.Club Novembre 2024

(*) Extraits du dossier de presse “La vallée des fous”