Il avait toujours affirmé qu’il partirait une fois sa mission achevée. Ce vendredi 20 décembre 2024, Tony Estanguet a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il quittait la présidence du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Le patron emblématique du plus grand événement jamais organisé en France tire sa révérence après dix années de labeur, d’ambitions, d’ombres et de lumières, dans la pudeur d’une annonce presque discrète. Tout le monde savait que l’aventure des Jeux avait une fin : elle est arrivée.
« Depuis le 9 septembre, chaque semaine est synonyme d’au revoir avec celles et ceux qui ont contribué à la magie Paris 2024, a écrit le triple champion olympique sur LinkedIn. Aujourd’hui, avec Étienne [Thobois] et une grande partie des équipes encore présentes au Comité, c’est à notre tour de tourner la page de ce projet unique. Ces derniers mois et années ont été exceptionnels. L’aventure d’une vie. »
Cette aventure avait commencé en 2015, lorsque Tony Estanguet avait pris les rênes de la candidature aux côtés du regretté Bernard Lapasset. Aujourd’hui, il retourne à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, en laissant un dossier ficelé et près de 27 millions d’euros dans les caisses, un exploit rare dans l’histoire olympique où les budgets explosent souvent de manière incontrôlée. Avec une augmentation de seulement 17% par rapport au budget initial, Paris 2024 fait figure d’exception, loin des dépassements spectaculaires habituels.
“C’était cool”
Tony Estanguet a “cassé les codes”, comme il aimait le répéter. « Ensemble, nous avons montré que lorsque notre pays est uni, nous sommes capables de grandes choses. Nous avons montré qu’il fallait oser, » a-t-il écrit. Avec son équipe, il a osé des cérémonies en ville, osé l’installation de stades dans des lieux historiques, osé rassembler une nation minée par la polarisation et montrer que, parfois, le sport peut créer l’unité.
Lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, sous une pluie battante au Stade de France, à Saint-Denis, Emmanuel Macron essuyait des huées. Tony Estanguet, lui, recevait une ovation. Les 70 000 spectateurs scandaient son prénom : « Tony, Tony, Tony… » Une victoire de plus pour celui qui avait déjà conquis la médaille d’or du cœur et de la popularité.
Si beaucoup lui prêtent maintenant des ambitions politiques, Tony Estanguet affirme que sa seule politique sera celle du sport. À 46 ans, il entend déjà prendre un peu de recul, mais sans doute pas pour longtemps. « C’était cool, » a-t-il modestement résumé ses années Paris 2024 à SportBusiness.Club, avant de tourner la page. Mais l’histoire de Tony Estanguet et du sport français est forcément loin d’être terminée.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club décembre 2024