La handball cède à la co-organisation des grandes compétitions

C’est près de 2 000 kilomètres que l’équipe de France de handball a parcouru vendredi 31 janvier 2025 entre Zagreb (Croatie) et Oslo (Norvège) pour disputer la petite finale du Mondial masculin, qui se joue ce dimanche 2 février face au Portugal. Ce long déplacement illustre l’inflation des compétitions organisées sur plusieurs pays, souvent sans considération pour leur impact environnemental et la logistique des supporters.

Le rugby (Coupe du Monde masculine 1987 en Nouvelle-Zélande et Australie) et le football (Euro masculin 2000 en Belgique et aux Pays-Bas, Mondial masculin 2002 en Corée du Sud et au Japon) ont ouvert la voie. Plus récemment, le basketball et le handball ont embrassé cette tendance.

Les Championnats d’Europe 2025 de basketball se dérouleront ainsi dans quatre pays pour les femmes (Italie, Grèce, République tchèque et Allemagne) et autant pour les hommes (Chypre, Pologne, Finlande et Lettonie). Le Mondial masculin de handball, lui, est réparti entre le Danemark, la Norvège et la Croatie.

Une tendance durable

Cette approche se poursuivra avec le Mondial de football 2026 (Etats-Unis, Mexique et Canada) et celui de 2030 (Maroc, Espagne et Portugal). Trois autres pays sont impliqués dans le tournoi… en Amérique du Sud ! Il s’agit de célébrer le centenaire de la compétition.

Au-delà de l’exception de l’Euro 2020 organisé dans 11 villes européennes pour marquer son soixantième anniversaire, l’explication principale réside dans l’élargissement du nombre de participants : 48 équipes pour le Mondial de football à partir de 2026 et 32 pour celui de handball depuis 2021.

Un partage des coûts nécessaire

L’organisation de ces compétitions coûte cher, poussant les pays hôtes à s’associer pour partager les dépenses liées aux infrastructures sportives et à l’accueil des équipes et officiels. « Grâce à ce système de partage des coûts, surtout dans le contexte économique mondial actuel, on a encore des candidats à l’organisation des grands événements,» explique Philippe Bana, président de la Fédération française de handball. La France et l’Allemagne accueilleront ainsi le Mondial 2029 et l’Euro 2032 masculins.

Toutefois, selon lui, “l’outil de la coorganisation n’est pas mauvais en soi”. Toutefois, “tout dépend de son utilisation”. L’objectif de la France et de l’Allemagne est de concentrer les sites (Strasbourg et Mannheim sont distantes de seulement 150 km) et d’encourager les trajets en train pour limiter l’empreinte carbone.

Ce n’est pas la logique suivie par la Fédération internationale de handball (IHF) pour ce Mondial, avec des demi-finales à Zagreb et Oslo. L’idée était d’attirer un public varié d’Europe du Nord, du centre et du sud-est. Un pari raté face aux faibles affluences en Croatie, pourtant terre de handball.

L’impact environnemental, un critère encore secondaire

« Si on n’a pas les spectateurs attendus, le contrat n’est pas rempli. Et le prix à payer, celui des déplacements, est peut-être trop élevé,» concède Joël Delplanque, premier vice-président de l’IHF. Il assure que des réflexions sont en cours sur l’impact environnemental des futures compétitions.

Le Mondial féminin de football 2027 aurait pu illustrer une approche plus respectueuse de l’environnement avec une candidature conjointe des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Allemagne. Le projet prévoyait des stades proches et bien desservis par le train. La Fifa a finalement opté pour le Brésil, impliquant des déplacements aériens quasi systématiques.

Toutefois, une évolution est perceptible. « On observe une tendance des fédérations à prendre en compte l’impact écologique dans l’organisation des compétitions,» affirme David Gogishvili, chercheur à l’Université de Lausanne. Il note une multiplication des postes de « responsable développement durable » au sein des fédérations. « De plus en plus de fédérations prennent cette question au sérieux, même si nous sommes loin d’un monde idéal où toutes auraient une véritable stratégie environnementale,» conclut-il. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Février 2025