Le média spécialisé dans la voile de compétition, Tip & Shaft, organise ce jeudi 6 octobre 2022 une nouvelle édition de son rendez-vous professionnel Tip & Shaft Connect. L’événement se tiendra à Nantes (Loire-Atlantique) toute la journée avec la présence de nombreuses personnalités avec des thèmes autour du marketing de la course au large, dans toutes ses dimensions.
Le journaliste Pierre-Yves Lautrou cofondateur Tip & Shaft, ouvrira et animera ce colloque. Spécialiste de la voile de compétition, il estime que ce secteur, en pleine expansion d’un point de vue marketing, risque de devoir gérer un “retour à la normale”. Selon lui, le travail du monde de la voile vers des pratiques plus responsables et environnementale va continuer à s’intensifier.
Partenaire média du Tip & Shaft Connect de jeudi 6 octobre 2022 à Nantes, SportBusiness.Club est heureux d’offrir à ses abonnés et lecteurs une réduction pour l’inscription à l’événement. Il suffit de s’inscrire (ici) et d’indiquer le code SBClubtip
Quels sont les principaux enjeux de la voile de compétition pour les prochaines années ?
Pierre-Yves Lautrou : « L’enjeu principal, à mon sens, va être de gérer l’atterrissage qui va forcément arriver après la période d’euphorie que vit le secteur depuis l’avant-dernier Vendée Globe, déjà. Les années post Vendée sont traditionnellement plus creuses mais il n’en a rien été cette fois, comme si de nombreuses entreprises avaient redécouvert la voile à la faveur du dernier Vendée Globe, couru en plein Covid. Et c’est tout l’écosystème qui en a profité, comme le record des 138 concurrents au départ de la prochaine Route du Rhum le montre. On devrait voir près d’une quinzaine de bateaux neufs sur le prochain Vendée Globe ! A quel moment et comment le secteur va-t-il reprendre un “régime normal”, quels vont être les impacts des crises (énergie, inflation) qui s’annoncent, c’est la question. Le deuxième enjeu n’est pas souvent abordé, mais il est crucial : c’est celui du renouvellement des audiences (et des pratiquants). Les courses à la voile doivent trouver des solutions pour plus et mieux parler aux jeunes générations ; au risque, à défaut, de ne plus intéresser que les “boomers”. Le troisième enjeu, bien sûr, c’est celui de l’accélération de la prise de conscience des enjeux de la RSE ».
Jusqu’alors l’une des principales valeurs mises en avant par la voile était l’environnement. Cette valeur-ci peut-elle être mise à mal ?
P.-Y.L. : « Le secteur de la voile de compétition est, comme beaucoup d’autres, en pleine introspection. Les valeurs qui fondent la discipline restent encore très solides, mais les différentes parties prenantes – skippers, teams, organisateurs, classes… – commencent à s’intéresser de près à leur impact. Beaucoup de bateaux neufs sont construits en carbone, les départs de course attirent des milliers de personnes qui se déplacent pour la plupart en voiture, les bateaux spectateurs tournent au gasoil, tout comme les hélicoptères qui filment les départs… Mais, une fois en mer, l’impact des marins reste faible. Tout le monde a compris qu’il y avait du boulot pour le diminuer globalement et la pression va monter en ce sens, qu’elle vienne de l’opinion, des médias, de certains sponsors ou de certains marins eux-mêmes. Le travail a commencé, il doit s’intensifier ».
Aujourd’hui, que viennent chercher les marques quand elles s’associent à un skipper ?
P.-Y.L. : « Elles viennent chercher ce qui fait la force de la discipline depuis toujours : des valeurs solides, des droits plutôt bon marché, un outil d’activation très polyvalent, des audiences fortes sur les grands évènements… Et, puis, surtout, elles viennent chercher chez les marins des histoires que peu d’autres sportifs peuvent raconter, qui vont bien au-delà de la performance du champion. Le maître-mot est sans doute celui d’engagement. Dans le monde français de la voile de compétition, où l’on privilégie le solitaire, l’engagement est une vertu cardinale, qui parle aux entreprises. Aujourd’hui encore, traverser l’Atlantique en solitaire ou faire le tour du monde reste une discipline particulière, risquée, que peu d’athlètes maîtrisent ».
Quelle est la place du skipper dans les choix de sponsoring d’une marque ?
P.-Y.L. : « Il est central, parce qu’aujourd’hui encore, une décision de sponsoring, c’est d’abord une rencontre entre un marin et une entreprise, et, très souvent, le patron de l’entreprise lui-même. Les marques qui choisissent un skipper en organisant un casting ne sont pas si nombreuses, cela reste un marché où ce sont les marins qui vont chercher les sponsors. Évidemment, l’attractivité des courses joue son rôle, tout comme la catégorie proposée, mais le skipper est au centre de la discussion, de la négociation puis du projet, c’est souvent lui le vendeur ! »
Entretien* : Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Octobre 2022
(*) Interview réalisée via échanges de mails. SportBusiness.Club est partenaire média de cette édition du Tip & Shaft Connect.