Rivières à sec, montagnes sans neige: le sport de plein air est en quête de solutions pour s’adapter au réchauffement climatique, à l’heure où certains sites doivent aussi trouver des parades à la surfréquentation touristique. « Les acteurs du sport ont pris rapidement conscience de ces enjeux car leur terrain de jeu, c’est la nature, il y a donc un sujet d’exemplarité, de préservation, mais aussi un enjeu économique, avance Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport et Cycle, lors de la tenue du premier Congrès national dédié au sport tourisme organisé à Pau (Pyrénées-Atlantiques), ces lundi 11 et mardi 12 septembre 2023 par notre confrère Sport-Guide.
Selon une enquête menée en juillet pour le ministère des Sports, 34% des Français ont eu des vacances sportives en 2022 et 62% l’envisagent. Un sur deux choisit sa destination en fonction des activités de plein air qu’il y trouvera et plus des trois quarts des vacanciers sportifs optent pour un séjour en France (78%), la région Auvergne-Rhône Alpes étant de loin la plus fréquentée. La randonnée reste en effet l’activité la plus pratiquée, devant la natation et le vélo.
La surfréquentation
Jean-Virgile Crance, président de la Confédération des acteurs du tourisme, y voit “un besoin de reconnexion à la nature”. « Désormais, les gens découvrent des territoires grâce au sport et c’est une très bonne nouvelle parce qu’on a une marge de progression importante dans des territoires qui ne sont pas des têtes de gondole du tourisme aujourd’hui, » poursuit-il.
Face à cette nouvelle appétence des Français, Denis Ulanga, directeur de l’Agence départementale du tourisme des Pyrénées-Atlantiques, pose la question de la “dispersion” des pratiques. « L’après-confinement a été une période révélatrice des sites qui peuvent être touchés par la surfréquentation, » estime-t-il. L’expert s’interroge aussi sur la nécessité de “quotas”, pour concilier sport et nature, notamment lors d’événements sportifs majeurs.
En ce sens, l’Ultra trail du Mont-Blanc (UTMB), pointé du doigt pour son impact environnemental est “à la fois un contre-exemple” en termes d’empreinte écologique “et un formidable outil de promotion des activités de pleine nature”, analyse Virgile Caillet. Pour lui, s’adapter, « c’est presque du bon sens,». Il ajoute : « mais le consommateur doit aussi se demander s’il est capable d’accepter que son VTT sale ne soit pas lavé d’un client à un autre ou que la combinaison de surf ne soit pas rincée systématiquement ».
“Tant que ça tient”
L’été 2022 a asséché les gorges du Verdon et laissé les kayaks à l’arrêt. L’enneigement, notamment dans certaines stations des Pyrénées, va inexorablement diminuer. « Pour autant, tant que ça tient, estime encore Virgile Caillet. On a du mal à se dire, il faut que je révolutionne mon modèle ».
Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), le tourisme représente aujourd’hui 11% des émissions de gaz à effet de serre de la France. Aussi, pour Antoine Pin, directeur des opérations de l’ONG Protect Our Winters, la question se pose différemment. « Il ne s’agit pas de se demander comment on s’adapte aux changements qui sont déjà là, mais plutôt comment on évite d’en être contributeur, » lance-t-il. Pour l’ONG, il faut envisager l’impact du réchauffement sur certaines activités « comme la perte industrielle que le Nord a connu avec l’industrie textile ou au même titre que l’on sortirait de l’industrie du charbon : il faut un plan gouvernemental », affirme Antoine Pin
Par Carole Suhas – Agence France-Presse
© SportBusiness.Club Septembre 2023