Interview. Sourire “Ultra-Bright”*, regard charmeur, costume ajusté, Adil Rami est fidèle à sa réputation. A Monaco, l’ancien footballeur de l’Olympique de Marseille était, le 23 octobre 2023 invité à la cérémonie des Sportel Awards. Le champion du monde de football 2018 en Russie ne refuse aucune photo et, surtout, ne lésine pas sur les boutades. Retiré des terrains professionnels depuis juin 2023, le natif de Bastia (Corse) embrasse désormais une carrière de consultant chez Prime Vidéo. Sous la grande verrière du forum Grimaldi de la Principauté, SportBusiness.Club a pu échanger avec lui sur cette nouvelle expérience et sa vision du sport business.
Comment se passe votre reconversion professionnelle ?
Adil Rami : « Je suis en train de la vivre à 200 à l’heure. Comme d’habitude ! Je réapprends à me connaître parce que cette petite mort de sportif professionnel n’est pas facile à vivre. C’est un passage obligatoire. J’ai décidé d’être consultant car c’était facile pour moi. J’ai 17 ans de carrière de footballeur derrière moi. Je sais de quoi je parle sur le plan tactique, technique et émotionnel. Prime Video et TF1 avec qui je travaille m’entourent et m’accompagnent bien dans cette nouvelle aventure ».
Comment l’avez-vous préparé ?
A.R. : « Je prépare mon après carrière depuis mes débuts chez les professionnels. J’ai toujours eu un discours non formaté. Cela a toujours donné satisfaction aux médias et aux marques. Cela me permet de travailler aujourd’hui ».
Quelles étaient vos relations avec les sponsors durant votre carrière ?
A.R. : « Je déléguais tout à ma sœur. C’est elle qui était en lien avec les marques et qui s’occupait des discussions. Une fois que j’avais son aval, je voulais rencontrer les équipes. Je suis un affectif. J’ai besoin de ressentir de bonnes ondes. Généralement j’avais de bonnes relations avec les marques et les sponsors ».
Vous évoluiez dans un sport collectif. Vous prêtiez donc votre image aux sponsors des clubs pour lesquels vous jouiez. Cela ne vous a jamais posé de problème ?
A.R. : « Jamais ! Quand mon club me demandait de participer à une journée avec les sponsors, j’étais le plus heureux. J’y allais à fond. Je prenais beaucoup de plaisir à découvrir d’autres univers. Parfois, les marques me demandaient de jouer la comédie. C’était génial parce que c’est un domaine qui me plait beaucoup. Et puis au-delà de cela, c’était dans mon contrat et je devais le respecter. Entre nous, que ce soit à l’Olympique de Marseille, au Milan AC ou en équipe de France, on parle de grandes marques et c’est toujours très flatteur de collaborer avec elles ».
Justement en équipe de France, Kylian Mbappé a publiquement dénoncé la question du droit à l’image collectif. Qu’en pensez-vous ?
A.R. : « La position de Kylian Mbappé sur les droits d’image est un peu extrémiste. Aujourd’hui quand une marque s’associe à la Fédération Française de Football (FFF), c’est pour bénéficier de l’image de Kylian Mbappé. Nous le savons tous. C’est beaucoup plus facile pour une marque de devenir sponsor de l’Equipe de France que de Kylian Mbappé. Après, lui, c’est une autre galaxie, c’est un Ballon d’Or en puissance. Je n’ai jamais été à ce niveau de médiatisation et d’attention. Je n’ai jamais eu à gérer les situations dans lesquelles il s’est retrouvé. Il faut aussi préciser qu’en équipe de France, nous avons énormément d’obligations à respecter vis-à-vis des sponsors ».
Pensez-vous être encore “attractif” pour les marques alors que votre carrière sportive est derrière vous ?
A.R. : « En toute honnêteté, les footballeurs professionnels en activité n’attirent pas tant de sponsors que cela, exceptés les grandes stars comme Kylian Mbappé, Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi. Il y a beaucoup plus de marques qui me sollicitent depuis que j’ai raccroché les crampons. Cela me surprend. Avec ma sœur et mes équipes, nous avons décidé de ne rien accepter pour ne pas passer pour un guignol. J’ai de l’humour mais je ne veux pas m’associer à n’importe quoi. Je prends mon temps. Je suis serein ».
A votre avis, Prime Vidéo conservera-t-il les droits de la Ligue 1 pour le cycle 2024/2029 ?
A.R. : « J’ai évidemment envie que les droits TV restent sur Prime Video. Mais je n’ai aucune information à ce sujet. C’est une question pour les dirigeants d’Amazon. Je n’ai jamais rien compris à tout cela… (rires) »
Entretien : Titouan Laurent, envoyé spécial à Monaco
© SportBusiness.Club Octobre 2023
(*) Note. La rédaction était partagée entre l’emploi du terme anglais Ultra-Bright et celui de la marque de dentifrice Ultra Brite qui a rendu célèbre cette expression.