
« Un vrai prĂ©judice ». LaissĂ©s Ă quai lors du dĂ©part de la Transat Jacques-Vabre dimanche 29 octobre 2023, les skippers de la classe Imoca sâinquiĂštent des consĂ©quences Ă©conomiques d’une telle dĂ©cision et regrettent dâavoir Ă©tĂ© mis au courant tardivement par l’organisation.
Au Havre (Seine-Maritime), la pluie et les Ă©quipes techniques des marins ont remplacĂ© la foule ce mardi 31 octobre 2023 le long du bassin Paul-Vatine. Les 40 monocoques Imoca du VendĂ©e Globe qui devaient initialement s’Ă©lancer vers la Martinique le dimanche prĂ©cĂ©dent y sont encore parquĂ©s. Le pĂ©riple entamĂ© par les autres bateaux engagĂ©s, des classes Ultim, â40â et Ocean Fifty, a toutefois permis d’Ă©carter les voiliers les uns les autres et de mieux les amarrer pour Ă©viter la casse, en attendant que la violente tempĂȘte Ciaran passe ce mercredi 1er novembre.
« Soit tout le monde part, soit personne ne part. On a l’impression d’ĂȘtre les dindons de la farce dans cette histoire. Cela devait ĂȘtre une course multiclasse et finalement c’est le show des Ultim, » dĂ©plore un skipper d’Imoca, qui a souhaitĂ© garder l’anonymat. Plus rapides, les maxi-trimarans Ultim pouvaient Ă©chapper au coup de tabac et les Class 40 ainsi que les multicoques Ocean Fifty avaient, eux, Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă faire escale Ă Lorient pour se mettre Ă l’abri. Selon la direction de course, il Ă©tait impossible de trouver un port de repli que les 40 monocoques de 18 mĂštres fassent Ă©tape.
Une exposition médiatique dégradée
« Sportivement, la dĂ©cision de rester Ă quai au Havre Ă©tait la bonne Ă©tant donnĂ© les conditions, mais elle est intervenue trĂšs tard et sans concertation prĂ©alable avec la classe, a regrettĂ© Antoine Mermod, le prĂ©sident de la classe Imoca. En termes d’exposition, c’est un manque Ă gagner important pour nos partenaires de rater le dĂ©part. On espĂšre que l’organisation saura rattraper le coup. Il est temps pour tout le monde de se retrousser les manches ». Ce choix de laisser Ă quai les Imoca avait Ă©tĂ© pris dans tĂŽt le dimanche Ă quelques heures du dĂ©part prĂ©vu.
Un projet Imoca coĂ»te plusieurs millions d’euros et les entreprises qui investissent dans la voile comptent beaucoup sur les grands Ă©vĂ©nements comme âla Jacques-Vabreâ pour le rentabiliser, grĂące aux retombĂ©es mĂ©diatiques. « Le dĂ©part s’est avĂ©rĂ© magnifique, mais beaucoup de sponsors Ă©taient avec nous le matin et n’ont pas pu voir leur bateau sur la ligne. C’est un vrai prĂ©judice pour une dĂ©cision unilatĂ©rale qui peut avoir des consĂ©quences Ă long terme, » affirmeAntoine Mermod. En coulisses, de nombreux marins s’alarment du faible intĂ©rĂȘt mĂ©diatique qui sera portĂ© Ă un dĂ©part dĂ©calĂ© et Ă une arrivĂ©e forcĂ©ment beaucoup plus tardive que les autres Ă Fort-de-France, en Martinique.
Un départ dimanche ?
« Et c’est sans compter les coĂ»ts logistiques de toute cette histoire. Une vingtaine de billets d’avion Ă dĂ©caler, des nuitĂ©es Ă annuler pour des invitĂ©s qui ne peuvent plus venir. Cela va forcĂ©ment faire un trou dans le budget, » fulmine un attachĂ© de presse. Cette situation, inĂ©dite dans l’histoire de la Transat Jacques-Vabre, a donnĂ© lieu Ă des Ă©changes tumultueux dimanche soir entre l’organisation, qui a pris ces directives, et les reprĂ©sentants de la classe Imoca.
Pour apaiser les tensions, la direction de course a promis âun dispositif de suivi de qualitĂ©, Ă©quivalent Ă celui de dimanche, pour fournir aux mĂ©dias des images en direct, en deux langues et accueillir les journalistes dans les meilleures conditions,â est-il promis dans un communiquĂ©. « Aujourdâhui on peut se refocaliser sur le dĂ©part de toute la flotte en produisant un direct audiovisuel pour les Imoca Ă partir du Havre. On veille scrupuleusement sur la fenĂȘtre mĂ©tĂ©o qui nous permettra de reprendre cette belle fĂȘte, » assure la Direction de la transat avare en informations officielles.
Selon Thomas Ruyant, l’un des favoris de la course sur For People, « il n’y aura pas de dĂ©part avant samedi 4 novembre ». Il poursuit : « Nous travaillons Ă un dĂ©part dimanche [5 novembre 2023], » mais seulement si le temps le permet. (Avec AFP)
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