Le président de la fédération espagnole de foot Luis Rubiales se retrouve sur la sellette à mesure que gonfle la polémique autour de son baiser forcé sur la joueuse Jenni Hermoso lors de la victoire de l’Espagne dimanche 20 août en finale de la Coupe du Monde féminine de football en Australie. Les critiques pleuvent désormais de tous côtés et le maintien de Luis Rubiales à son poste paraît plus que compromis.
Après le Premier ministre espagnol en exercice, l’Association des Footballeurs espagnols (AFE) et même l’une des plus célèbres footballeuses, l’Américaine Megan Rapinoe, c’est au tour de la ligue professionnelle de Football féminin de s’indigner mercredi soir et de réclamer même la mise à pied du président de la Fédération. « Qu’un patron attrape son employée par la tête et l’embrasse sur la bouche ne peut tout simplement pas être toléré, » écrit la Liga F, indiquant dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux avoir déposé plainte auprès du président du Conseil supérieur des sports (CSD).
« L’un des plus grands exploits de l’histoire du sport espagnol a été entaché par le comportement embarrassant du plus haut représentant du football espagnol qui (…) s’est révélé ne pas être à la hauteur de la tâche qu’il occupe, » explique le texte. La Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (Fifpro) a également demandé une enquête de la Fifa, regrettant “qu’un moment si spécial pour les joueuses de l’équipe nationale d’Espagne, devant les caméras du monde entier, soit sali par la conduite inappropriée d’une personne”.
«Ca ne m’a pas plu !»
Sur les images tournées sur le podium du stade de Sydney (Australie) dimanche soir, juste après le sacre de l’Espagne, on voit Luis Rubiales prendre la tête de l’attaquante Jennifer Hermoso entre ses deux mains, avant de l’embrasser par surprise sur la bouche. Depuis le début de l’affaire, la joueuse ne s’était exprimée qu’à deux reprises: une première fois lors d’un direct diffusé sur Instagram où elle avait spontanément dit en souriant « Ça ne m’a pas plu, hein! » à propos de ce baiser.
Un peu plus tard, dans des déclarations transmises à la presse par la RFEF, elle expliquait qu’il s’agissait “d’un geste mutuel totalement spontané en raison de l’immense joie que procure la victoire en Coupe du monde”. Mais trois jours après, elle a annoncé dans un communiqué qu’elle laissait son syndicat, Futpro, assurer sa défense, lequel a réclamé “des mesures exemplaires” à l’encontre de Luis Rubiales.
Futpro a de son côté réclamé à la Fédération espagnole de Foot (RFEF), dont Rubiales est le président, des “mesures exemplaires” afin de “veiller sur les droits de nos joueuses” en “appliquant les protocoles nécessaires”. Cible de nombreuses critiques depuis ce baiser, Luis Rubiales avait initialement balayé ces réprobations mais devant l’ampleur de “l’agitation” que son geste a provoqué, il s’était excusé lundi, expliquant qu’il n’y avait “rien d’autre à faire” selon ses termes.
Une honte internationale
Mais ses excuses n’ont pas convaincu ou pas suffi. Au point que le gouvernement espagnol a exigé mercredi une enquête “transparente et urgente” à la fédération. Victor Francos, secrétaire d’Etat espagnol aux sports et président du Conseil supérieur des sports (CSD), a ainsi déclaré que le Conseil prendrait des mesures si la RFEF ne le faisait pas, et qu’il pourrait porter l’affaire devant le Tribunal administratif des sports en Espagne. Devant le « caractère d’urgence » de la situation, la RFEF a annoncé qu’elle tiendrait vendredi une assemblée générale extraordinaire consacrée au sujet.
Pour la Liga F, “il ne s’agit pas seulement du baiser” : “Célébrer le triomphe au balcon d’honneur en se tenant les organes génitaux à côté de la reine et l’Infante Doña Sofía est inadmissible et dégoûtant”. La ligue féminine fait ici allusion à un autre moment filmé de la soirée où Luis Rubiales empoigne ses parties génitales pour célébrer la victoire espagnole… à moins de deux mètres de la reine Letizia.
“C’est une attitude (…) qui est entrée dans l’histoire du sport mondial et, plus grave encore, qui restera à jamais liée à notre équipe nationale féminine”, vitupère la ligue féminine, qui regrette ce moment de “honte internationale sans précédent pour la ‘marque Espagne’, pour le sport espagnol et pour le football féminin mondial”. “La gravité des faits, les dégâts causés et le rejet unanime à l’échelle mondiale obligent à prendre des décisions. L’opinion publique s’est montrée claire. L’Espagne et le football espagnol ne méritent pas un représentant de ce niveau, et les institutions doivent accompagner et répondre aux sentiments de la société”, conclut le texte. (AFP)
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