Le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros, à Paris, change de break. Le Red Bull BC One réunit ce samedi 21 octobre dans l’antre parisienne du tennis les meilleurs spécialistes de breaking au monde. La discipline sera olympique lors des Jeux de Paris 2024 dans 10 mois. De quoi susciter une certaine curiosité, notamment sur la manière de noter les athlètes, les B-Girls et B-Boys. Junior Bosila Bany, dit aussi B-Boy Junior, sera juge lors de la compétition. Il en explique les règles, et ce qui a changé depuis l’entrée de la discipline dans un mouvement olympique très cadré et normé.
Comment devient-on juge en compétition ?
B-Boy Junior : « Je suis breaker professionnel depuis vingt ans et juge depuis presque quinze ans maintenant. Ce sont les organisateurs de l’événement qui décident de nous convier. Au début, c’est souvent grâce à la notoriété, les victoires en compétition. Puis cela perdure avec l’intégrité: il faut savoir mettre de côté ses relations avec les danseurs et faire preuve de cohérence dans des critères de jugement qui sont assez communs ».
Une battle dure moins de cinq minutes, qu’est-ce que l’on note lors des passages ?
B-Boy Junior : « Le break, c’est un peu le corps, l’esprit et la musique. Il y a d’abord l’aspect athlétique: on va juger la dynamique, la prouesse physique, la résistance et l’endurance. Puis la technique, la qualité d’exécution de tes mouvements. Et enfin le côté artistique, comment tu t’adaptes à la musique et si tu ne répètes pas les mêmes mouvements ».
Un danseur est aussi jugé par rapport à son adversaire ?
B-Boy Junior : « Oui, il s’agit bien de duels et non d’un concours général. Il y a un côté martial. C’est une conversation en un contre un, une joute dansante. Les juges vont forcément prendre en compte celui qui va avoir le dessus dans ce jeu de questions-réponses en quelques passages. Il faut montrer qu’on a plus de vocabulaire que son opposant ».
Y-a-t-il des figures imposées lors d’un passage ?
B-Boy Junior : « Non, il n’y en a aucune, mais on parle plus ou moins la même langue donc on réagit souvent aux mêmes performances. Après, chacun sa sensibilité. Certains juges vont plus retenir l’originalité, l’aspect dansant, d’autres l’aspect athlétique. Le panel de juges est toujours assez large, il y en a minimum trois, jusqu’à neuf ».
Le break en compétition a beaucoup changé en vingt ans ?
B-Boy Junior : « Avant, il y avait une vraie prime à l’originalité. Avec les réseaux sociaux, il y a eu une sorte de mondialisation de la danse et tout le monde peut voir ce qui se fait chez les voisins. J’ai l’impression que c’est devenu plus athlétique et moins artistique. Cela devient de plus en plus un sport individuel alors qu’auparavant on représentait une école, un “crew” ou un courant. Mais cela reste très impressionnant ».
Comment voyez-vous les chances françaises à quelques mois des JO ou la discipline fait ses grands débuts ?
B-Boy Junior : « Je pense fortement qu’on peut aller chercher une médaille. Bboy Dany est un bosseur, il a déjà prouvé que le travail payait (il s’est qualifié pour les JO en juin dernier, NDLR) et il va continuer à grandir encore. Je crois en lui. Chez les filles, les Bgirl Sissy, Sarah Bee et Carlota peuvent réaliser de grandes choses ». (Avec AFP)
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