Droits TV de la Ligue 1: le milliard ? Vraiment ?

Trois ans après le fiasco Mediapro, diffuseur sino-espagnol défaillant et éphémère de la Ligue 1, et après l’arrivée d’Amazon, le football professionnel français remet ce mardi 12 septembre 2023 ses droits TV en jeu, avec une question: touchera-t-elle le milliard annuel tant désiré ? C’est une période cruciale qui s’ouvre pour le foot français, encore traumatisé par la Bérézina vécue avec Mediapro, qui en 2018 avait fait rêver la Ligue 1 en achetant ses droits à prix fort avant de la laisser en lambeaux en 2020.

Remise sur pied avec les deux acteurs actuels, le nouveau Amazon et l’historique chaîne française Canal+, l’instance joue gros avec ce nouveau cycle, qui s’ouvrira lors de la saison 2024/2025. Nouveauté, la Ligue de football professionnel (LFP) a désormais la possibilité de vendre ses droits pour cinq ans, contre quatre auparavant.

Qui se positionnera? Le géant Amazon, qui propose sur son offre Prime Video sept matches et les dix plus belles rencontres de l’année ? Canal+, l’acteur historique qui en diffuse deux, mais est en conflit avec la LFP ? Des anciens, comme Bein Sports ? Ou des nouveaux, comme Apple ou DAZN, la plateforme de streaming sportif déjà présente dans d’autres championnats ?

« Les droits n’ont pas de valeur en soi, le facteur essentiel reste la concurrence entre les opérateurs, » explique le spécialiste français des droits TV du sport Pierre Maës, auteur de “La ruine du foot français” (FYP, 2022). « Or, en regardant l’environnement mondial, ces acteurs qui font des offres comme des cowboys se font de plus en plus rares, ils sont moins nombreux et plus raisonnables, » estime-t-il. Quid des ambitions élevées de Vincent Labrune, président de la LFP, qui “vise aux alentours du milliard d’euros” annuel ? « C’est un peu plus une méthode Coué qu’une approche rigoureuse du contexte, ce milliard est assez illusoire, » balaye Pierre Maes.

Un scénario possible de l’échec

Ce montant, le milliard d’euros de droits annuels, rappelle 2018, quand, à l’époque, un acteur surprise, Mediapro, avait raflé les lots principaux pour 800 millions. Le total s’élevait à 1,153 milliard d’euros annuel. Mais Mediapro, défaillant, quittera en 2020 la scène française. La saison suivante, ses droits vacants sont récupérés par Amazon pour 250 millions d’euros annuels et le foot français devra se “contenter” finalement de 624 millions, dont 332 de Canal+ pour deux matches hebdomadaires.

Depuis, la Ligue est en conflit avec Canal+. La chaîne française, qui avait racheté en 2018 deux matches par journées à Bein Sports, avait jugé ce lot surévalué et avait cherché à s’en débarrasser par de multiples procédures judiciaires. Sans succès. Outre Amazon et Canal+, la chaîne qatarie Bein Sports reste un potentiel candidat, après avoir diffusé des matches entre 2012 et 2020.

DAZN, plateforme de streaming qui possède des droits domestiques du football en Italie, Allemagne ou encore en Espagne, compte elle s’implanter en France. Le groupe a récemment conclu un accord avec Canal+. Reste un scénario, “très probable” selon Pierre Maës: l’échec de cet appel d’offres ! L’expert évoque l’exemple de l’Italie, où la procédure a été infructueuse, “faute d’offre suffisante” pour la Serie A. La Ligue s’est retrouvée à négocier de gré à gré avec les candidats intéressés. En France la réponse sera connue en octobre prochain. (Avec AFP)

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