Football. Jim Ratcliffe (Ineos) acquiert 25% de Manchester United 🔓

Clubs. La famille Glazer a enfin vendu, après un an d’atermoiements, une partie de Manchester United au milliardaire britannique Jim Ratcliffe, fondateur du groupe pĂ©trochimique Ineos, dĂ©sireux de redonner son lustre d’antan au gĂ©ant anglais, au palmarès dĂ©fraĂ®chi), a annoncĂ© dimanche 24 dĂ©cembre 2023 le club de football anglais. Les propriĂ©taires amĂ©ricains restent aux commandes, certes, mais la cession de 25% des parts Ă  l’industriel de 71 ans reprĂ©sente un premier dĂ©sengagement significatif depuis leur arrivĂ©e en 2005. Avant, peut-ĂŞtre, un retrait plus important?

Le patron d’Ineos, dĂ©jĂ  propriĂ©taire de l’OGC Nice entre autres, a dĂ©boursĂ© 1,25 milliard de livres (environ 1,44 milliard d’euros) pour entrer dans le capital, est-il prĂ©cisĂ©. L’accord prĂ©voit qu’Ineos aura “la responsabilitĂ© de la gestion” des affaires liĂ©es au football. Ratcliffe avait dĂ©clarĂ© rĂ©cemment qu’il voulait voir Manchester United, actuellement en difficultĂ© sportive, “retrouver la place qui est la sienne”.

Le club est huitième de la Premier League anglaise à 12 points du leader Arsenal après sa défaite le week-end dernier à West Ham (2-0), sa huitième en 18 journées. En Ligue des champions, “MU” a été éliminé au premier tour, à la dernière place du groupe A.

Ce n’est pas l’Ă©pilogue dont rĂŞvait le nouvel actionnaire minoritaire, dĂ©sireux de racheter le club intĂ©gralement, ni les supporters des Red Devils, fâchĂ©s par près de deux dĂ©cennies d’une gouvernance dĂ©criĂ©e et synonyme, dans leur esprit, de dĂ©clin sportif. Ces derniers reprochent aux Glazer d’avoir endettĂ© le club au moment de son rachat et de n’avoir pas suffisamment investi pour permettre Ă  l’institution mancunienne de rester compĂ©titive.

Des travaux Ă  Old Trafford

Ils avaient donc accueilli avec soulagement et optimisme l’annonce, en novembre 2022, d’une rĂ©flexion concernant “toutes les alternatives stratĂ©giques, y compris un nouvel investissement dans le club, une vente ou d’autres transactions impliquant la sociĂ©té”. L’annĂ©e Ă©coulĂ©e a Ă©tĂ© animĂ©e par les offres successives de Jim Ratcliffe, une des plus grosses fortunes de Grande-Bretagne, et du cheikh Jassim Ben Hamad Al Thani, prĂ©sident de la Qatar Islamic Bank (QIB).

L’accord prĂ©voit un investissement de 300 millions de dollars (272 millions d’euros) pour la rĂ©novation du cĂ©lèbre stade d’Old Trafford. Ratcliffe avait aussi promis d’amĂ©liorer le centre d’entraĂ®nement de Carrington et d’attirer des joueurs capables de replacer les Red Devils au centre de l’Europe. La poussière a en effet commencĂ© Ă  recouvrir l’armoire Ă  trophĂ©es de Manchester United, un des plus titrĂ©s du royaume, mais dont le dernier sacre en championnat remonte Ă  dix ans (2013) et la dernière de ses trois Ligues des champions, Ă  quinze ans (2008).

L’ancien club de Bobby Charlton, David Beckham et Cristiano Ronaldo vit dĂ©sormais sportivement dans l’ombre du voisin Manchester City (dĂ©tenu par la famille rĂ©gnante des Émirats arabes unis), mais il conserve malgrĂ© tout une attractivitĂ© certaine Ă  travers le monde. Fin octobre, il avait annoncĂ© un chiffre d’affaires Ă  648,4 millions de livres (744 millions d’euros) pour la saison passĂ©e, lors de laquelle il avait remportĂ© la Coupe de la Ligue et terminĂ© Ă  la quatrième place du championnat.

Football, cyclisme, voile…

D’après la presse, les propriĂ©taires rĂ©clamaient un chèque de 6 milliards de livres (6,9 milliards d’euros) pour la cession totale d’un club acquis par feu Malcolm Glazer, le père, en 2005 pour 790 millions de livres (environ 910 millions d’euros). La somme demandĂ©e et les tergiversations ont eu raison de la patience du cheikh Jassim. Et Jim Ratcliffe, supporter dĂ©clarĂ© des Red Devils qui a grandi, enfant, dans un logement social près de Manchester, est restĂ© seul en lice dans la dernière ligne droite.

L’entrepreneur anobli par la reine Elizabeth II, en 2018, a fondĂ© vingt ans plus tĂ´t la compagnie Ineos, devenu un gĂ©ant industriel employant plus de 26 000 personnes dans 29 pays, au prix de rachats multiples d’entreprises et de rĂ©ductions des coĂ»ts Ă  tout-va. NĂ©gociateur fĂ©roce, notamment avec les syndicats, il a dĂ©fendu le “Brexit” en le jugeant favorable au Royaume-Uni, “une nation très crĂ©ative et travailleuse“. « On n’a pas besoin que des gens en Europe nous disent comment gĂ©rer notre pays, » avait-il dit.

Ce parti pris politique serait moins dĂ» Ă  un patriotisme assumĂ© qu’Ă  sa volontĂ© de contourner les normes environnementales europĂ©ennes, selon des ONG qui pointent les ravages causĂ©s par son entreprise pĂ©trochimique (pollution de l’air et de l’eau, dĂ©chets plastiques, etc). Ineos, dont il possède 60% des parts, a multipliĂ© les investissements dans le monde du sport, que ce soit dans le football (Lausanne, Nice), le cyclisme (Ineos Grenadier), la Formule 1 (participation chez Mercedes) ou encore la voile (Ineos Britannia), le dĂ©fi britannique pour la Coupe de l’America. La branche Ineos Sport est dirigĂ©e par le Français Jean-Claude Blanc. (Avec AFP)

© SportBusiness.Club Décembre 2023