France 2023. L’enjeu sécuritaire avant Paris 2024

Les autorités françaises ont affiché leur “confiance” et promis de sortir le grand jeu pour assurer la sécurité du Mondial de rugby, un défi pour lequel la moindre faute sera scrutée moins d’un an avant les JO de Paris. Le chaos autour de la finale de la Ligue des champions au Stade de France en mai 2022 focalise l’attention sur ce terrain aux portes de Paris, où le Mondial de rugby débutera vendredi 8 septembre 2023 par une affiche de rêve, France/Nouvelle-Zélande.

Mais la sécurité constitue aussi un enjeu de taille dans les nombreuses grande villes du pays (Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille…) où des rencontres sont prévues. Quelque 2,5 millions de spectateurs, dont 600.000 étrangers, sont attendus pour un évènement qui durera près de deux mois. Lors d’une conférence de presse commune mercredi 6 septembre, les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et des Sports Amélie Oudéa-Castéra ont fait part de leur “confiance” dans “la réussite organisationnelle”, assurant avoir « tiré les leçons » du fiasco du maintien de l’ordre lors de la finale Liverpool FC/Real Madrid de mai 2022.

Les billets sont tous dématérialisés et, “au lieu de nous concentrer sur le hooliganisme”, a dit Gérald Darmanin, “nous avons quintuplé le nombre de forces de police dans la lutte contre la délinquance”, qualifiée de “danger principal”. Si le gouvernement est vigilant face à la menace terroriste, Gérald Darmanin a affirmé qu’il n’y avait “pas de menace particulière pour la Coupe du monde de rugby et encore moins pour le match d’ouverture”.

“Sur les questions de sécurité, sur d’autres sujets, c’est dans une certaine mesure un test, un essai qui doit être réussi”, avait déjà expliqué il y a plusieurs semaines Michel Cadot, délégué interministériel aux JO et aux grands évènements sportifs. Autorisées par la loi olympique de 2023, les caméras dites « intelligentes », qui permettent de signaler des « mouvements de foule » suspects, « des départs de feux » ou « la présence d’une personne dans une zone interdite », ne sont pas encore prêtes à être utilisées.

En revanche, l’Etat a depuis plusieurs mois renforcé le nombre de caméras de videosurveillance en Seine-Saint-Denis, le département défavorisé où se trouve le Stade de France, en mettant un million d’euros sur la table. Quant aux drones de la police, autorisés depuis le printemps, ils volent régulièrement au-dessus de la région parisienne lors de matches, de concerts ou après des faits divers. Côté effectifs, entre « 5.500 et 7.000 forces de sécurité intérieure » seront mobilisées, ont rappelé les deux ministres.

Concernant la sécurité privée, contrairement aux JO qui peinent à trouver des troupes, le Mondial a besoin de quatre fois moins de vigiles: 5.000 à 6.000 soit l’équivalent d' »une journée de Ligue 1 de football », selon Jacques Rivoal, président du comité d’organisation du Mondial.

Le centre de renseignement olympique, créé pour les JO, sera aussi utilisé. Sans oublier la menace cyber, alors que « la surface d’exposition » du Mondial et des JO « à des attaques informatiques demeure très importante », comme le rappelle l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations (Anssi) dans un document publié le 30 août. Un centre national de commandement stratégique (CNCS), mis en place spécialement pour le Mondial et les JO et opérationnel depuis quelques jours, a été inauguré officiellement mercredi par les deux ministres.

« Fluidité, sécurité et efficacité » car « les yeux du monde vont être tournés vers nous », a résumé à Bordeaux le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine (sud-ouest), Etienne Guyot, en détaillant le dispositif: trois commissariats mobiles, au stade et à la gare notamment, et 900 policiers et gendarmes les jours de match. En invités vedettes pour le week-end du 9-10 septembre, lors d’Irlande/Roumanie et Galles/Fidji, quatre policiers irlandais faciliteront les échanges.

Des volontaires aiguilleront les spectateurs à la gare et à l’aéroport de la ville. En plus des supporters, Bordeaux verra aussi passer le roi Charles, en visite en France. A Paris, une fan zone située au coeur de la ville, place de la Concorde, avec 40.000 personnes attendues au plus fort, permettra de tester côté flux et transports le lieu de compétition des sports urbains olympiques à l’été 2024. A Nantes (ouest), le village rugby se tiendra sur l’Ile de Nantes.

Ces derniers mois, les enceintes sportives ont parfois été le théâtre de happening écolos. En mai, deux militants du groupe écologiste “Just Stop Oil” avaient brièvement interrompu la finale du championnat d’Angleterre de rugby en s’introduisant sur le terrain à Twickenham. Sur la Méditerranée, la ville de Marseille, elle, se prépare à la fois à recevoir la Coupe du monde mais aussi le pape François. «On attend pas moins de 50.000 à 60.000 personnes a minima par match, et le week-end des 22 et 23 septembre, ce chiffre sera triplé puisqu’il y aura la visite papale, » explique Yannick Ohanessian, adjoint au maire en charge de la sécurité.

Par Déborah Claude – Agence France Presse

© SportBusiness.Club Septembre 2023