Avec sept semaines de compétition dans neuf villes et des supporters venus des antipodes, la Coupe du monde masculine de rugby est une aubaine pour la fin de saison touristique en France durant cet automne 2023 et une forme de répétition à moins d’un an des Jeux olympiques de Paris. Parmi les 600 000 visiteurs étrangers attendus selon Atout France, les Néo-Zélandais David et Anita Woodfield, 51 ans, voyagent depuis un an et demi en camping-car à travers l’Europe. « Le Mondial de rugby a été un prétexte pour faire ce voyage, expliquent-ils. Nous restons en France pendant six semaines et demie autour de la Coupe du monde de rugby, et l’ambiance est tout simplement merveilleuse ».
Le couple, qui a réservé ses billets il y a deux ans, assistera aussi au match Italie/Nouvelle-Zélande à Lyon (Rhône) le 29 septembre prochain. Rencontré également à la sortie du match d’ouverture, vendredi 8 septembre au Stade de France, Francisco E., qui ne souhaite pas donner son patronyme, est venu spécialement de Santa Fe en Argentine pour le Mondial. Accompagné de plusieurs personnes, dont son père, il a prévu de rester 10 jours.
« Nous avons réservé un forfait il y a deux ans pour 1.500 dollars par personne comprenant le vol, les hôtels et les tickets pour les matchs, » explique cet étudiant de l’Universidad Nacional del Litoral, qui sèche des cours pour assister aux matchs. « C’est la première fois que je viens en Europe et c’est comme un rêve, poursuit-il. Nous avons passé deux jours à Londres, maintenant Paris, puis Marseille pour le match Argentine-Angleterre ».
5% à 10% d’activité en plus
« La Coupe du monde joue le rôle d’accélérateur de la reprise touristique, » explique Olivier Ponti, de chez Forwardkeys, société d’analyses de données touristiques. « Pour les pays participant à la compétition, les réservations aériennes pour une arrivée entre le 4 septembre et le 29 octobre croissent de 19% par rapport aux niveaux de 2019, » indique-t-il. Selon lui, jusqu’ici ces marchés « restaient 15% en dessous des niveaux d’avant la pandémie ».
« On estime que sur l’univers des cafés, hôtels, restaurants, dans les villes concernées, la Coupe du monde de rugby pourrait représenter entre 5% et 10% d’activité en plus, » estime François Blouin, le directeur de la société d’études Food Service Vision. Lui, souligne “la culture de convivialité” du rugby. « Autour du rugby, il y a une consommation très forte de moments de convivialité, d’apéros, d’échanges, poursuit-il. « Si des pays de l’hémisphère nord comme l’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles, l’Ecosse vont jusqu’au bout (de la compétition), l’impact (économique) sera encore plus favorable. Une croissance de 86% des arrivées (de touristes aux aéroports) est attendue la veille du week-end des quarts de finale ».
Les Japonais choyés à Toulouse
L’agence d’attractivité internationale de la région Île-de-France, Choose Paris Region, estime que les 450 000 visiteurs attendus dans la région pendant la compétition devraient générer 1,5 milliard d’euros de retombées économiques. A Toulouse (Haute-Garonne), qui accueille l’équipe japonaise, l’accent a été mis sur les campagnes à destination de 13 000 supporters japonais prévus, avec des attentions particulières comme des menus de restaurants traduits en japonais.
Quelques supporters japonais ont même pu participer grâce à un accord avec l’ASUR XV (club de rugby d’un quartier toulousain) à une session d’entraînement, troisième mi-temps comprise avec dégustation de vins et de produits locaux. « Les hôteliers sont très contents du premier week-end, » et notamment des séjours « un peu plus longs » que les deux ou trois jours anticipés, explique Benoît Auvray, référent tourisme au comité d’organisation de la Coupe du monde à Toulouse.
La bonne surprise dans la capitale du rugby est également venue des supporters chiliens « qui ont répondu massivement » alors que leur équipe, pour sa première qualification, affrontait le Japon. Côté touristes, plus d’un tiers des Français (37%) interrogés par le site Booking ont l’intention de profiter du Mondial pour découvrir une ville hôte, le plus souvent le temps d’un week-end, selon un sondage de la plateforme réalisé avec Harris Interactive auprès d’un échantillon de 3 059 personnes représentatif de la population adulte en France. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Septembre 2023