Sorti en salle le 12 octobre dernier, le documentaire Free Solo est en course pour un Oscar, dont la cérémonie de la 91e édition se tiendra dimanche soir à Los Angeles, aux Etats-Unis. Le film suit l’alpiniste Alex Honnold dans sa quête d’un challenge unique, jamais réalisé et terriblement dangereux : l’ascension à mains nues et en solo d’une falaise de 1 000 mètres de haut, El Capitan, un monstre de roches situé dans le parc national Yosemite aux Etats-Unis.
Construit comme un thriller, ce documentaire dresse le portrait de ce grimpeur un peu fou pour le conscient des mortels, mais nullement inconscient. Le film explore l’approche physique et mentale de son défi hors-norme, sa préparation dans son camping car et l’ascension finale, haletante, dont le tournage a également été une prouesse technique et sportive.
Free Solo a été réalisé par Elisabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, photographe et alpiniste lui-même qui a suivi Alex Honnold sur la paroi avec son équipe de caméramen. Le documentaire sera diffusé dans le monde entier sur a chaîne National Geographic à partir du 3 mars aux Etats-Unis puis dans 172 pays en 43 langues. En France ce sera dimanche 24 mars à 20h40.
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Mise à jour, 25 février 2019. Free Solo décroche l’Oscar du documentaire lors de la 91e soirée des Oscars
3 questions à Elisabeth Chai Vasarhelyi
Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir faire ce film?
Elisabeth Chai Vasarhelyi : «Alex [Honnold] est fascinant. C’est un bon ami. Il était clair qu’un film comme celui-ci devait être réalisé. Avant de savoir qu’il envisageait de s’attaquer au El Capitan en solo, nous avions une autre idée que l’on souhaitait étudier. Alex est venu vivre à New-York avec moi et c’est là qu’il m’a confié qu’il travaillait sur El Capitan en free solo. Cela a un peu changé l’histoire. Ce qui m’a attiré, c’est le simple fait que quand il était enfant c’était plus facile pour lui de grimper seul et sans corde que de parler aux autres et leur demander s’ils voulaient grimper avec lui. Cette idée était quelque chose que je pouvais comprendre et j’ai senti que beaucoup de gens pouvaient le trouver sympathique.»
Quels ont été les plus gros défis auxquels vous avez été confrontés lors de la réalisation du film?
E. C.V.: «Clairement, le plus important a été le danger et toutes les questions éthiques autour : avions-nous réellement envie de faire ce film ? Et si oui, comment pouvions-nous faire avec toutes ces contraintes pour mettre en valeur Alex et la manière dont qu’il aimerait que cette ascension soit filmée ? Et puis, comment capter les émotions nécessaires pour faire un film qui va au-delà de l’escalade ? En tant que réalisatrice, je voyais très bien quand nous étions dans ces vrais moments d’émotion, mais ce sont parfois les plus difficiles à capter. En ce qui concerne la notion de risque, c’est Jimmy [Chin] qui en portait l’essentiel car c’est son univers. Son rôle était d’évaluer exactement le niveau de risque dans toutes les situations. Le mien était plutôt de me demander si nous respections l’état d’esprit de cette pratique dans laquelle vous devez être libre et en solo sur une montagne. Alex, lui, avait tellement étudié et préparé son ascension qu’il savait exactement ce qu’il devait faire. Je me suis demandé comment il faudra filmer tout cela en respectant tous ces moments cruciaux ? Comment filmer ses yeux avant qu’il ne s’attaque à la paroi car ce sont ces instant qui permettront au public de s’engager avec lui ? Enfin, et ce fut le plus difficile, comment faire un film dont le sens même de l’histoire entreprise est le danger ?»
Qu’avez-vous pensé quand vous avez vu El Capitan?
E. C.V.: «Que c’était absolument énorme. Le matin, Jimmy et moi sommes allés nous asseoir dans le pré juste devant et avons levé les yeux pour apercevoir les lumières des alpinistes déjà sur ce mur en pleine nuit. C’était incroyablement haut et grand. Et ce qui est si unique à Yosemite c’est que l’on peut y aller à pied».
Extrait du dossier de presse de Free Solo.