Par Alain Lunzenfichter*. Alors que les Jeux olympiques de Tokyo (2020), Paris (2024) et Los Angeles (2028) attendent encore d’être organisés, ceux de 2032 paraissent être déjà entrés dans une phase définitive. En effet, la commission d’étude des futurs hôtes des Jeux du Comité international olympique (CIO), présidée par la Norvégienne Kristin Kloster Aasen, a étudié les propositions de plusieurs villes et régions, mais elle avoue avoir été très impressionnée par la candidature du Queensland, en Australie. Ce mercredi 4 février 2021, Thomas Bach, président du CIO, a indiqué que l’instance allait lancer un “dialogue ciblé” avec le comité de candidature australien.
Depuis la dernière élection, celle des italiens de Milan-Cortina d’Ampezzo pour les Jeux d’hiver de 2026, il n’est plus question de bataille entre plusieurs villes, et, par voie de conséquence, plus question de dépenses somptuaires dans le but de convaincre un à un la centaine de membre du CIO. Dans la foulée de l’Agenda 2020, une charte sensée réduite le développement exponentiel des Jeux, c’est désormais l’entité Olympique qui fait d’entrée le choix de la ville ou de la région qui lui paraît la mieux préparée à recevoir l’événement sportif planétaire.
Du coup, il n’est donc pas étonnant que la Commission exécutive du CIO ait décidé, 11 ans avant l’échéance, de discuter dès maintenant avec la région australienne. D’une part, on se souvient de l’édition 2000 des Jeux de Sydney qui furent un très grand succès. D’autre part, la région du Queensland a prouvé qu’elle a été un très bon organisateur des Jeux du Commonwealth. C’était à Gold Coast en 2018. Et puis, il y a un homme qui se cache derrière ce projet : l’Australien John Coates. Ce dernier a été à la barre des Jeux de 2000. Mais, il est surtout vice-président du CIO et le bras droit du président, l’Allemand Thomas Bach. Cela aide !
Cette entrée en négociation avec le Queensland laisse évidemment plusieurs candidats potentiels sur le carreau. C’est notamment le cas de Doha au Qatar. L’Emirat du Golfe Persique avait fait des Jeux Olympiques de 2032 son prochain objectif après les organisation sur son sol de la Coupe du Monde de la FIFA en décembre 2022 et des Jeux Asiatiques en 2030, qui lui ont été attribués fin 2020. Budapest, en Hongrie, candidat malheureux pour les J.O. de 2024, figurait aussi dans la liste des possibles candidats, tout comme la région de Rhin-Ruhr en Allemagne. C’était le cas également de Jakarta en Indonésie, New Delhi en Inde, Istanbul en Turquie et Saint-Pétersbourg en Russie. Chacune de ces villes explorait la possibilité de tenter l’aventure olympique, comme, encore, les chinoises Chengdu et Chongqing. Et c’était sans compter le projet hypothétique de cette candidature conjointe des capitales nord et sud-coréennes, Pyongyang et Séoul.
Si, au final, le Queensland, et les villes-hôtes de Brisbane, Cairns et Gold Coast, étaient retenus pour les Jeux de 2032 ce serait la troisième fois de l’histoire olympique que l’Australie recevrait le plus grand événement sportif mondial, après Melbourne (1956) et, donc, Sydney (2000). De quoi ravir John Coastes.
© SportBusiness.Club Février 2021
(*) Alain Lunzenfichter est un des créateurs de la revue Courir en 1977. Journaliste, il a été rédacteur en chef adjoint de L’Equipe. Ancien président de l’association mondiale des journalistes olympiques, il est gloire du sport français et membre de l’Académie des sports.