Les Jeux olympiques sont l’objectif sportif ultime des athlètes. Ca l’est aussi pour les pirates du net. Cet été, à Tokyo, 4,4 milliards “d’événements de sécurité” ont été enregistrés par Atos, la société française partenaire mondial du mouvement olympique et en charge de la sécurisation de l’infrastructure informatique de l’événement. « C’est 815 événements de sécurité par seconde », a révélé Daniel Le Coguic, Senior Vice President, secteur Public et Défense d’Atos, lors d’un débat organisé par Le Cercle, une communauté de décideurs de la cybersécurité. « Aux Jeux de Rio en 2016, le nombre d’attaques a été de 510 millions, » a t-il ajouté
Avec plus de 4 milliards de téléspectateurs dans le monde, les Jeux olympiques attisent la convoitise des malintentionnés de la planète entière, quelque que soit leurs ambitions et objectifs. Bertrand le Gorgeu, Coordinateur sectoriel grands événements sportifs à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a identifié trois types de menaces. « L’étatique est la plus dangereuse car elle implique des groupes extra motivés et rassemble des moyens importants, a-t-il détaillé. Cette menace varie selon l’évolution des contextes géopolitiques ».
Viennent ensuite les cybercriminels. « Ils sont en constante augmentation : entre 2019 et 2020 les attaques de rançongiciels ont été multipliées par quatre, a indiqué Bertrand le Gorgeu. Le troisième type de menaces vient des activistes. On a vu certaines de leurs manifestions à Rio, notamment, avec les Anonymous. Il faut les prendre en compte car les outils servant à attaquer se démocratisent ». Des craintes identifiées, mais qui pourraient dans trois ans prendre encore d’autres formes : « Je n’ai pas de boule de Crystal, » a regretté l’expert.
Un équipe de France de la cybersécurité
Pour Paris 2024, ces spécialistes assurent que l’une des solutions est de travailler ensemble, entre services de l’Etat, organisateurs des Jeux et même partenaires commerciaux. Ils se sont déjà baptisés “Equipe de France” de lutte contre le piratage informatique « Cela est nécessaire pour faire face à des attaques toujours plus importantes en nombre et toujours différentes », a affirmé le Préfet Ziad Khoury, coordinateur national pour la sécurité des Jeux olympiques au ministère de l’Intérieur. « Notre objectif est de mettre en place une stratégie globale en matière de cybersécurité, a-t-il poursuivi. Un plan national sera bientôt présenté ».
Mais la menace peut aussi venir de l’intérieur. La gestion du “cloud” des Jeux olympiques par le chinois Alibaba, partenaire mondial du Comité international olympique, fait grincer des dents. Dès les Jeux de Pékin 2022, toutes les informations de l’événement, des performances sportives aux numéros de téléphone de tous les accrédités, en passant par d’autres données qualifiées de “critiques” transiteront par les services du géant chinois. Ce devrait être le cas à Paris en 2024. « La question est soulevée, c’est un sujet compliqué » a répondu Ziad Khoury, représentant de l’Etat. A coté de la piraterie numérique il existe aussi la diplomatie numérique.
© SportBusiness.Club Septembre 2021