Au Festival d’Avignon, le sport est une thématique très présente cette année avec au moins six pièces et spectacles joués (voir plus bas), dont la Tragédie du dossard 512 de Yohann Métay. Ce comédien raconte comment il s’est préparé et a disputé l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, en vrai et avec beaucoup d’humour. Yohann Métay explique que le sport n’est finalement qu’une thématique comme une autre pour le théâtre.
Vous jouez votre spectacle La tragédie du dossard 512 au Festival d’Avignon dans le cadre du off. Est-ce que le sport a sa place dans cet événement voué à la culture ?
Yohann Metay : «L’axe narratif de mon spectacle est une épreuve sportive, mais c’est une aventure humaine que je raconte. La culture peut aborder tous les sujets, il a la place pour tout : le sport, l’inseste, l’apnée, les génocides arméniens… Le sport est une thématique comme une autre, c’est un univers alors que la culture n’est pas une thématique en soi mais un outil de découverte, un voyage artistique au sein de tous les univers humains. C’est comme si on avait dit à Luc Besson que le cinéma et l’apnée n’avait rien à voir».
Qui est le public le plus difficile à convaincre : celui du théâtre, pas forcément porté sur le sport, ou celui du sport, pas forcément habitué à aller voir un spectacle au théâtre ?
Y.M.: «A la lecture du pitch de mon spectacle, certains me disent : “moi je ne suis pas sportif, je ne vais pas aller voir une pièce sur la course à pied”. Ce à quoi je réponds que je ne suis pas cosmonaute et pourtant je suis allé voir Gravity. Une partie du public, plus habituée aux spectacles humoristiques, est plus ouverte à de nouvelles thématiques. En revanche, c’est plus compliqué avec cette population pseudo élito-culturaliste qui pense qu’au théâtre on ne peut parler que de Shakespeare ou d’inceste. Quant aux sportifs, quelques uns s’attendaient à voir une conférence exhaustive sur l’art de faire du trail et ont découvert un objet théâtral. Après, je ne sais pas s’ils sont retournés voir un spectacle. Peut-être».
Selon vous, le sport et la culture peuvent-ils faire bon ménage malgré des publics différents et que certains opposent ?
Y.M.: «Mais, c’est déjà le cas. Beaucoup de spectacles racontent des histoires sportives, et y a des films, des chansons… Le sport intègre aussi des objets culturels ou artistiques, comme, par exemple, les Jeux olympiques avec les cérémonies ou un certain stylisme. Et puis, dans le sport il y a une dramaturgie de l’instant qui nous emporte, finalement tous les éléments narratifs que l’on retrouve au théâtre».
Les spectacles inspirés du sport au Festival d’Avignon
La tragédie du dossard 512.
Mis en scène et interprété par Yohann Métay. L’histoire d’un jeune homme qui, à la suite d’un pari stupide s’est engagé sur la course la plus dure au monde : l’ultra-trail du Mont-Blanc. Une prouesse accomplie par l’interprète.
Tout est bon dans le triathlon.
Mis en scène et interprété par Philippe Laurent. Un quinqua tente de revivre ses exploits passés sur un triathlon qui repasse sans arrêt en vidéo. Il emmène toute la salle dans ses exploits.
Cent mètres papillon.
Mis en scène par Nelly Pulicani, interprété par Maxime Taffanel. L’histoire racontée d’un adolescent en quête de sensations qui rêve de devenir un grand champion. Maxime Taffanel est un ancien champion de natation.
Anquetil tout seul
Mis en scène par Roland Guenoun, interprèté par Matila Malliarakis, Clémentine Lebocey, Stéphane Olivié Bisson. Adaptation du livre de Paul Fournel. La vie du champion cycliste Jacques Anquetil racontée par un acteur installé sur un vélo.
Tu seras un homme Papa
Mis en scène par Thibault Amorfini, interprété par Gaël Leiblang. Un homme qui perd son enfant cherche le chemin de la résilience en s’inspirant du sport. L’auteur est un ancien journaliste sportif.
De Pékin à Lampedusa
Mis en scène par Gilbert Ponte, interprété par Malyka R.Johany. L’histoire de Samia Yuzuf Omar, éthiopienne, qui participe aux Jeux olympiques de Pékin pour la Somalie et rêve d’aller aux Jeux de Londres… mais elle périra en tentant de migrer pour fuir son pays.
Mise à jour. Jeudi 2 août 2018.
Mis en scène par Brigitte Jouffre, interprété par Jacques Chambon, Dominic Palandri, Lionel Buisson, Damien Laque. Une comédie qui suit le dernier match de Jean-Claude Ladoix arbitre incorruptible qui a décidé de raccrocher les crampons après de nombreuses années à se faire insulter sur les terrains.
Mis en scène par Hugues Reinert, interprété par lui-même et Kevin Le Quellec. Le récit de la journée du 21 novembre 1973 à l’Estadio Nacional de Santiago du Chili empli de 12.000 prisonniers du Général Pinochet et alors que doit s’y jouer un match entre l’équipe nationale et l’URSS. Une histoire tragique mêlant politique, football et musique des Rolling Stones.
