Le roundnet, un jeu d’enfants devenu la coqueluche de grands sportifs

Un filet rond (roundnet) rebondissant, une balle, deux équipes de deux joueurs et le jeu est lancé! Le roundnet, également appelé spikeball, est l’échauffement préféré de nombreux sportifs de haut niveau. Il est même devenu un sport à part entière. Dans une salle à Saint-Denis, près de Paris, entre quatre murs transparents, des médaillés olympiques s’amusent en tapant la balle d’une main pour la faire rebondir sur un petit filet circulaire bordé de jaune et posé à moins d’un mètre du sol. Le partie s’anime, les joueurs s’en donnent à cœur joie dans cette pratique particulièrement tonique.

Pauline Ranvier, vice-championne olympique française par équipes aux Jeux de Tokyo l’été dernier en fleuret, est accro au roundnet, sport d’extérieur qui tente de se faire une place en indoor avec l’Urban roundnet, dont le fief est basé à Saint-Denis (Seine Saint-Denis). « Il y a pas mal de tactique, il faut jouer entre la force et l’adresse, ça nous apporte beaucoup de choses, à nous les escrimeurs: les déplacements, on va chercher loin, on court donc c’est vraiment cool et on s’y est retrouvé. Même les filles qui, au début, n’aimaient pas trop ça, maintenant elles adorent !, » explique l’athlète qui , qui le pratique depuis quatre ans.

Inventé en 1989 par un fabricant de jouets comme jeu de plage, le roundnet a ensuite connu une traversée du désert avant d’être relancé pleinement en 2008 par un Américain, Chris Ruder. Mais ce n’est qu’en 2015 que le jeu se déploie après avoir été remarqué dans un épisode d’une émission de téléréalité américaine (Shark Tank). Les années suivantes, de nombreuses vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des sportifs de haut niveau s’entraîner à coup de roundnet, comme des basketteurs de la franchise NBA des Dallas Mavericks ou encore des joueurs du club de football anglais de Crystal Palace.

En France, les fleurettistes féminines ont donné de la visibilité à la pratique avec des posts de leurs entraînements lors des Jeux olympiques de 2020. « Le sport est arrivé en 2015-2016 en France, il y a un essor exponentiel depuis 2-3 ans. Finalement le Covid a pas mal aidé à la pratique de ce sport puisqu’il ne demande pas beaucoup d’installation et c’était une des pratiques qu’on pouvait faire en extérieur pendant le confinement. C’est un sport qui est mixte, accessible, très facile à appréhender. On joue un peu partout, » souligne auprès de l’AFP Jean-Romain Sintes, président et associé fondateur d’Urban roundnet.

« C’est un bon échauffement, parfois on peut rendre le jeu très dur, très fort, avec de la puissance et des balles très rapides, mais on peut aussi faire une balle courte, ce qui est très intéressant. Comme pour l’escrime, vous devez regarder votre adversaire, voir ce qu’il fait et comment il joue, » explique l’escrimeur hongkongais Cheung Ka Long. Le champion olympique 2020 de fleuret, venu à Paris pour une compétition en décembre et « coincé » depuis en raison de la quarantaine imposée dans son pays, profite de son long séjour en France pour pratiquer notamment le roundnet.

La pratique a passé un cap avec la création de la Fédération internationale de roundnet (IRF) – en extérieur – qui organisera ses premiers Mondiaux en septembre en Belgique. En France, la fédération nationale a vu le jour en 2020 sous l’impulsion de Louis Jouve, joueur aux côtés de son frère Thomas. « La première fois que vous jouez, c’est l’éclate! Tous les sportifs de haut niveau qui essaient s’amusent tout de suite et l’intègrent dans leur routine, » assure Louis Jouve. Selon lui, il y aurait 200 000 joueurs en France. « La première fois que j’ai joué en 2015, personne ne connaissait. Aujourd’hui 80% des gens en ont entendu parler. Ca va devenir un sport “mainstream”, » projette-t-il. (AFP)

Par Sabine Colpart

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