Après un tour du monde de folie, les bateaux du Vendée Globe reprennent la mer lors de la Transat Jacques-Vabre dans une ambiance quasi euphorique alors que la flotte a décollé avec douze nouveaux bateaux en construction et des partenaires plus que satisfaits. « Il y a une douzaine de bateaux en construction, je pense que la moitié d’entre eux ne savaient pas qu’ils allaient repartir sur un bateau neuf (pour 2024), ça s’est fait parce que le Vendée a été une super histoire. Nos sponsors qui sont nos financiers ont eu un énorme retour sur investissement qui fait que la machine s’est emballée, » explique le vainqueur du Vendée Globe 2020, Yannick Bestaven.
A peine le pied à terre, le Rochelais vendait le bateau de la victoire et annonçait avec son partenaire Maître Coq se lancer dans un monocoque neuf. « Le bateau s’est vendu très vite, il y a eu un mercato après le Vendée Globe sans commune mesure. On n’avait pas trop connu ça, les bateaux se sont vendus très vite, » poursuit le skipper, qui s’est imposé après 80 jours et 13 heures de mer à bord d’un bateau volant de première génération (mis à l’eau en 2015).
Neuf mois après son succès, Bestaven est de retour en course dans une année post-Vendée Globe d’ordinaire très creuse pour la classe imoca (les bateaux du Vendée Globe). Et il n’est pas le seul à rempiler aussi vite et surfer sur l’engouement né durant le périple. Ce sont 22 Imoca prêts à en découdre au départ du Havre ce week-end, contre 13 sur la Transat Jacques Vabre post Vendée Globe 2016.
Un catalyseur de projets
La mythique course autour du monde en solitaire a ouvert les appétits comme rarement et c’est déjà le rush pour chasser l’une des 40 places disponibles pour 2024 (contre 33 partants en 2020). « Maintenant, trois ans avant, si t’y es pas, t’es déjà en retard, voire même t’as plus aucune chance d’y être. On a vraiment changé de monde. Est-ce une bulle qui va finir par exploser, va-t-il y avoir des déçus au prochain Vendée ? » s’interroge Christopher Pratt, co-skipper de Jérémie Beyou (Charal) sur la Transat, et qui rêve de partir sur l’aventure en 2024. Mais il remarque que ce n’est pas aussi facile pour les nouveaux projets entrants aux ambitions sportives élevées. « L’effet Vendée a été incroyable mais il a été avant tout un catalyseur pour des projets qui existaient déjà et qui montent encore en puissance, » dit-il.
Ces nouveaux monocoques ne seront pas radicalement différents des huit bateaux neufs alignés lors du Vendée Globe 2020. « La vraie transition technologique est liée aux foils, la génération 2020 est la génération qui a fait le gros bond en avant des bateaux Imoca. Là on va beaucoup progresser sur les carènes (partie immergée de la coque, NDLR), dans le passage dans la mer. On s’est rendu compte que pour faire avancer vite ces bateaux-là, il fallait être sur le fil en permanence, mener le bateau à 100% tout le temps et si on relâche un peu l’attention, on est à 70%. C’est ça la difficulté du bateau aujourd’hui, » argue Ruyant.
« On a de plus en plus de réglages et d’outils. Avant, il y avait 40 cordes et maintenant il y en a 70. Avant on passait beaucoup de temps à la barre, aujourd’hui c’est de la performance au quotidien. On ne peut pas faire un truc pendant une minute parce qu’en une minute, le bateau peut s’arrêter, » renchérit Paul Meilhat, co-skipper de Charlie Dalin (Apivia), et en quête de sponsors depuis trois ans pour son projet Vendée Globe. En revanche, il faut noter que deux partenaires-titres de projets Vendée Globe se sont retirés de la course au large: Hugo Boss, qui a accompagné le Britannique Alex Thomson durant 20 ans, et l’Occitane-en-Provence. (AFP)
Par Sabine Colpart.
© SportBusiness.Club Novembre 2021