Les Jeux olympiques et paralympiques ce sont aussi 10 millions de spectateurs à transporter d’un site de compétition à un lieu de célébration. Prendre en charge autant de voyageurs que lors d’un jour ouvré en Ile-de-France se présente comme un défi aux transports publics franciliens pendant l’événement durant l’été 2024, même si seulement quelques sites, à Paris et en Seine-Saint-Denis, sont concernés.
Dimanche 12 mars 2023, Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports de la région parisienne, a dévoilé son plan pour assurer une circulation la plus fluide possible entre le 26 juillet et le 8 septembre 2024. Objectif : éviter à tous prix le fiasco de la finale de la Ligue des champions en mai 2022 au Stade de France. Un épouvantail. Ce plan « n’a rien d’anodin car il n’y a pas qu’un seul site à desservir, mais 25 qui fonctionnent en même temps, » a posé le directeur général d’IDFM, Laurent Probst, lors d’une rencontre avec la presse.
L’équivalent de 50 matchs quotidiens
Très concrètement, les Jeux olympiques, qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024, seront divisés en 750 “sessions”, avec un total de sept millions de spectateurs attendus. En moyenne, cela représente 50 sessions par jour et « pour chacune, il y a un plan de transport. C’est comme si on avait 50 matches par jour pendant deux semaines, » a expliqué Laurent Probst.
Pour les Jeux paralympiques, qui se dérouleront juste après, du 28 août au 8 septembre, environ 3 millions de spectateurs seront concernés. Il y aura cette fois-ci en moyenne 18 sessions par jour mais « avec la particularité que la deuxième semaine sera aussi celle de rentrée scolaire ».
Les Jeux olympiques rassembleront jusqu’à 500 000 spectateurs par jour, avec des pics prévus le 28 juillet, jour d’ouverture avec la cérémonie, et le 2 août. Ce sera sans compter les épreuves ouvertes comme les épreuves cycliste sur route ou le marathon, pour lesquelles sont attendues des centaines de milliers de spectateurs le long des parcours de compétitions.
Une répartition des flux
A Saint-Denis (Seine Saint-Denis), autour du Stade de France, qui accueillera le rugby à 7 et l’athlétisme sont prévus des pics à 1 000 personnes par minute ! « Et ce sera pendant plusieurs heures, ce qui est assez inédit à gérer, » selon Laurent Probst. A Versailles (Yvelines), pour acheminer les 40 000 spectateurs à l’Etoile royale pour le cross-country équestre, des navettes de bus seront organisées depuis les gares à raison de deux rotations toutes les minutes. Ce sera « une organisation militaire, » a insisté Laurent Probst.
Même si le nombre de trains sera augmenté de 15%, l’enjeu principal réside dans la répartition des voyageurs entre les lignes existantes. « Nous sommes sur un objectif de 100% de personnes qui viennent au Stade de France en transports en commun, » a rappelé Laurence Debrincat, directrice études et Jeux olympiques à IDFM. C’est 60% en moyenne habituellement.
Le Comité d’organisation de Paris 2024, qui a enterré le projet de transport gratuit pour les détenteurs d’un billet, va donc recommander aux spectateurs détenteurs de billets un itinéraire à privilégier pour “les encourager à aller chercher” d’autres lignes que celles empruntées en temps normal, le Stade de France étant par exemple desservi par le RER mais aussi le métro.
Le défi de la cérémonie d’ouverture
« Pour vous rendre sur un site, oubliez comment vous y allez d’habitude et allez-y comme on vous dit de le faire, » a expliqué Laurence Debrincat. IDFM travaille aussi à une application dédiée au transport pendant les Jeux et sur ses 5 000 agents postés dans les gares pour orienter les voyageurs et spectateurs.
Le défi logistique le plus relevé de la compétition sera la cérémonie d’ouverture. Celle-ci doit accueillir jusqu’à 600 000 spectateurs sur les bords de Seine pour assister au défilé des athlètes sur une centaine de bateaux. Elle aura lieu le 26 juillet, « un vendredi de chassé-croisé donc avec des départs de voyageurs en direction des gares en plus des spectateurs à acheminer à la cérémonie, a indiqué Laurent Probst. Pour gérer tout ça, il nous faudra moins de 500 000 spectateurs, sinon on n’y arrivera pas ». Le dirigeant d’IDFM a aussi précisé que la réévaluation de la jauge était “en cours d’étude” par les organisateurs.
Vu l’accessibilité limitée des transports parisiens, IDFM a prévu des navettes spécifiques pour les personnes en fauteuil roulant. Les départs se feront depuis les six grandes gares parisiennes plus la gare Rosa Parks, dans le nord de Paris. Il faudra réserver sa place et elles seront autorisées à emprunter les 185 kilomètres de voies olympiques, notamment celles matérialisées sur l’Autoroute A1, au Nord de Paris, ou sur les boulevards périphériques parisiens. Pour l’instant, 150 de ces navettes sont prévues « mais on attend de voir les réservations pour savoir si on en prend plus, » a indiqué Laurent Probst. (Avec AFP)
© SportBusiness.Club Mars 2023