Réalisé par Samuel Jouy, Sparring (en salle mercredi 31 janvier 2018) explore l’univers du noble art au travers d’un boxeur quadra, Steve Landry, interprété par Mathieu Kassovitz, sur le déclin : sa carrière se résume à beaucoup plus de combats perdus que gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une dernière offre, plutôt lucrative, mais terriblement risquée et dangereuse : devenir sparring-partner d’un grand champion. Ce rôle est tenu par Souleymane M’Baye qui joue le personnage de Tarek M’Barek. Ancien champion d’Europe EBU et du monde WBA des super légers, le boxeur francilien, licencié au club d’Achères, possède un solide palmarès : 47 combats et seulement 4 défaites. Samuel Jouy l’a découvert lors d’un repérage de son film à Deauville, où a été tourné Sparring : il boxait au Casino de la ville.
Amateur de boxe thaï, Mathieu Kassovitz s’est entraîné près de six mois pour apprendre la boxe anglaise. Les scènes de combats n’étaient pas préparées et certains tournages duraient près de deux minutes avec des coups donnés pour de vrai. La seule inquiétude pour l’acteur était de se protéger le nez. Mathieu Kassovitz a réalisé un vrai combat en juin 2017 qui s’était conclu sur un match nul.
3 questions au réalisateur à Samuel Jouy*
C’est votre première réalisation, pourquoi avoir choisi de faire un film sur la boxe ?
Samuel Jouy : «Sparring n’est pas un film sur l’univers de la boxe. C’est un film sur l’univers d’un boxeur. Ce n’est pas le ring qui m’intéressait le plus, mais ses à-côtés. L’entraînement, l’avant match, l’après match. La solitude du boxeur, son inconscient, ses états d’âme, sa vie de famille, comment il se lève chaque matin et surtout, pourquoi ? Mais le vrai point de départ de l’écriture de Sparring, c’est la naissance de mon premier enfant. A cette période, ma carrière d’acteur était au point mort et je passais mes journées à la salle de boxe pour m’épuiser. Une question m’obsédait : qu’est-ce que je vais bien pouvoir transmettre en tant que père si ma vie professionnelle est un échec ? L’écriture de Sparring est née de toutes ces conjonctions».
Steve, le personnage qu’interprète Mathieu Kassovitz est un boxeur professionnel qui a un palmarès de 33 défaites pour seulement 13 victoires.
Samuel Jouy : «Je ne vois pas Steve comme un loser même si son palmarès pourrait le laisser penser. C’est un ouvrier du ring, un anonyme parmi les anonymes. Ce genre de boxeur de l’ombre représente l’immense majorité des boxeurs professionnels. En Angleterre on les appelle les journeymen. Ce sont des boxeurs inconnus qui comptent la plupart du temps 80 % de défaites dans leur palmarès mais sans lesquels il n’y aurait pas de boxe professionnelle. Ils sont pour moi l’âme de la boxe. On les appelle parfois trois jours avant un combat pour remplacer un combattant qui s’est blessé, ou bien ils servent de combat test pour les jeunes stars en devenir du noble art. Même si ce genre de boxeurs fait tout pour gagner, à la base les dés sont pipés pour eux et ils sont souvent condamnés à perdre. Sparring est un film qui rend hommage à tous ces boxeurs qu’on ne voit jamais».
Il y a eu énormément de films sur la boxe mais Sparring aborde ce thème sous un angle inédit.
Samuel Jouy : «Je voulais faire un film épique sur un boxeur et un homme ordinaire. Un boxeur qui n’a jamais connu la gloire, et qui jamais ne la connaîtra. Je voulais exprimer des sentiments forts en utilisant des moyens sobres. L’équilibre n’a pas été facile à trouver».
* Extraits du dossier de presse de Sparring