La troisième édition saoudienne du Dakar, présentée dimanche à Paris, s’enracine dans les frontières du royaume avec un parcours légèrement modifié, de nouveaux véhicules et un attrait grandissant pour la formule Dakar Classic. Du 1er au 14 janvier 2022, 1 065 participants vont s’affronter dans le sable de la péninsule arabique, à bord de 578 véhicules, sur les 8.375 km prévus au programme de ce 44e Dakar.
Parmi les nouveautés 2022, trois sont particulièrement notables: l’inclusion au Championnat du monde des rallyes-raid, la participation de prototypes hybrides et près de 130 concurrents « Classic » supplémentaires pour la deuxième année de réintroduction de ces bolides des années 80-90. L’épreuve devient donc cette année la première manche du Championnat du monde des rallyes-raid FIA et FIM, qui en compte cinq au total, avec Abou Dhabi, le Kazakhstan, l’Andalousie et le Maroc.
Le parcours complet a révélé un tracé semblable au précédent, un tour du pays dont le prologue partira de Jeddah, une ville portuaire du centre-ouest qui accueillera également l’arrivée après douze étapes, plus une de qualification. Mais l’aéroport et le podium seront les seules opportunités pour les concurrents de voir la mer Rouge: exit cette année la route littorale de 2021, remplacée par deux boucles autour de Riyad. Les pilotes fonceront directement dans l’aride vers Ha’il au cours d’une première étape de qualification.
Ils enchaîneront dès le deuxième jour sur une étape marathon (sans assistance sur le bivouac) déjà piégeuse, aux dires de Stéphane Peterhansel, surnommé « Monsieur Dakar » et détenteur du record de victoires dans l’épreuve (14 succès, dont six à moto): « Ca arrive très tôt, on sait que c’est compliqué et qu’on peut perdre beaucoup sur ces étapes ». Autre innovation: trois véhicules hybrides Audi prendront part à la bataille. Ces buggys, dont les batteries sont rechargées par un moteur thermique pendant la course, ont été confiés à des pilotes d’expérience, Peterhansel donc, l’Espagnol Carlos Sainz, triple vainqueur en 2010, 2018 et 2020, et le Suédois Mattias Ekstrom, « rookie » sur le Dakar, mais déjà titré avec Audi en rallycross.
D’autres grands connaisseurs des dunes comme le Sud-Africain Giniel de Villiers (2009), le Qatari Nasser Al-Attiyah (2011, 2015, 2019) ou encore l’Espagnol Nani Roma (2014), souhaitent remettre les mains sur le trophée en catégorie autos. Côté moto, l’absence de Marc Coma et le passage de Cyril Despres en auto ont laissé place à une lutte acharnée tous les ans depuis 2015: Toby Price (2016, 2019), Sam Sunderland (2017), Matthias Walkner (2018), Ricky Brabec (2020) et Kevin Benavides, tenant du titre, seront à nouveau sur la ligne de départ.
L’Argentin, passé chez KTM suite à son titre avec Honda l’an passé, est conscient du challenge qui l’attend: « Ca n’a pas été une décision très facile, mais j’aime beaucoup les défis, je remercie Honda et j’aimerais obtenir une nouvelle victoire avec une nouvelle équipe ». Soixante femmes porteront également le casque cette année, dont trois équipages entièrement féminins, dans une Arabie saoudite récemment entrée dans un vaste programme de réformes économiques et sociales qui comprend un assouplissement des interdictions pesant sur elles, dont celle de conduire, en vigueur jusqu’en 2019.
Les dirigeants saoudiens, critiqués pour les atteintes du royaume aux droits humains, utilisent depuis quelques années le sport comme levier diplomatique, afin de redorer l’image du pays sur la scène internationale. Outre le Dakar, le pays accueille d’autres épreuves de sport automobile: la Formule Electrique, l’Extreme E, avec des SUV électriques, en plein désert, et bientôt, le 5 décembre, un tout premier Grand Prix de Formule 1, à Jeddah (AFP)
Par Matthieu Clavel
© SportBusiness.Club Novembre 2021