Une réforme lucrative “pour tous”, mais finalement pas aussi urgente à adopter. La FIFA, la fédération internationale de football, a pour la première fois chiffré lundi les retombées potentielle d’une Coupe du monde masculine organisée tous les deux ans. Mais l’instance n’a fixé aucune échéance à ce projet controversé. « Il ne s’agit pas de déterminer une date, mais de prendre les bonnes décisions pour le football (…), donc nous prendrons le temps qu’il faudra, » a expliqué Gianni Infantino, lors d’un point presse qui a suivi le Sommet mondial de la FIFA ce lundi 20 décembre 2021. Le président de la FIFA a même indiqué qu’il refusait de programmer un vote lors du prochain Congrès, le 31 mars 2022.
Et pourtant, l’affaire parait très alléchante. Des études de faisabilité réalisées par Nielsen et Open Economics présentées lors de ce colloque indiquent une très forte rentabilité possible sur le plan économique d’un cycle biennal de la Coupe du monde masculine. Le nouveau format “permettrait de dégager un revenu combiné de 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) dès le premier cycle de quatre ans”. Cela grâce à la billetterie, aux droits TV et au sponsoring.
Dans le même temps, ces revenus supplémentaires permettraient de faire passer le financement solidaire “de 6 millions de dollars (5,3 millions d’euros) par cycle à potentiellement 25 millions de dollars en moyenne (22,2 millions d’euros) par association membre de la FIFA”. Un fonds de solidarité de 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) serait établi avec des revenus à distribuer aux 211 associations membres. De quoi renforcer considérablement le rôle redistributif et le poids politique de la FIFA.
La controverse reste
L’instance sportive n’a cependant pas dévoilé la méthodologie de l’étude, alors que la capacité des diffuseurs à payer toujours plus est discutée par les économistes du sport, et ne chiffre pas non plus les retombées sur les championnats et les compétitions continentales. La FIFA s’est seulement engagée à trouver “une solution qui bénéficie à tous, sans pénaliser quiconque”. Or son projet est pour l’heure tout sauf consensuel et a ravivé les lignes de fracture entre football de club et de sélection, grands et petits pays.
Quel impact sur la santé des joueurs, l’économie des compétitions domestiques, les clubs contraints de libérer leurs internationaux, les supporteurs qui économisent argent et congés pour accompagner leur sélection, et même l’audience d’autres sports et des JO d’été ? Ces questions ne sont pas tranchées. D’autant que l’UEFA, de son coté, a estimé, avec sa propre étude, qu’un mondial biennal diminuerait les revenus des fédérations européennes, d’environ 2,5 à 3 milliards d’euros sur quatre ans. La FIFA promet de nouvelles consultations avec ses membres et les confédérations début 2022, “pour examiner ces études plus en détail.”
Titouan Laurent (avec AFP)
© SportBusiness.Club Décembre 2021